Dans le cadre de leur unification, les organisations syndicales du Bâtiment et des travaux publics de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes) et du Conseil national du patronat (Cnp) réfléchissent sur les grands défis du développement de leurs branches professionnelles, mais également pour formuler des propositions aux nouvelles autorités pour le développement du Partenariat public-privé (Ppp) dans le domaine des Btp.
Réunis hier dans le cadre d’une table ronde, ces chefs d’entreprise sont largement revenus sur les difficultés auxquelles leur secteur est confronté, avant de dégager un certain nombre de recommandations.
«Pendant ces dernières décennies, l’entreprise sénégalaise, et surtout l’entreprise Btp, a été laissée en rade par les politiques publiques qui l’ont mise dans une situation de naufrage.
Il est aujourd’hui heureux de constater et de saluer la prise de conscience de nos gouvernants qui ont inscrit dans la Nouvelle stratégie de développement (Nsd), en priorité absolue, le développement du secteur privé national.
Après ce pas décisif, il reste à mettre en place les passerelles viables de concertation pour insuffler plus de dynamisme et d’efficacité au Ppp et pour une meilleure mise en œuvre de cet engagement que des régimes antérieures ont eu à promettre», a suggéré Abdel Kader Ndiaye, président du Syndicat national des entreprises du bâtiment et des travaux publics (Snbtp).
La réforme de la Commande publique figure parmi les préoccupations de ces professionnels.
Cela, à cause des nombreuses failles décelées par les audits de ces dernières années. M. Ndiaye souligne aussi «les abus manifestes constatés sur les procédures de passation classées sous le régime de Secret défense et qui ont ouvert la voie à une pléthore de «marchés gré à gré déguisés», près de 5136 milliards de francs Cfa, pendant que les entreprises des Btp broient du noir ; le déséquilibre constaté dans le portefeuille de la Commande publique».
Sur ce point, il relève que «70% de la Commande publique en valeur échappent au secteur privé national, presque l’équivalent du budget national de fonctionnement. Sans compter les nombreux cas de surfacturation enregistrés ; les divers marchés fictifs signalés, etc.».
Abondant dans le même sens, le président de la Cnes relève une aberration dans le pays.
«Le Sénégal a été l’un des pays qui, après les indépendances, ont bénéficié d’un nombre énorme d’ingénieurs dans tous les domaines. Si 64 ans après, on nous amène des entreprises étrangères pour nous construire des villas, alors que nous avons Sicap Liberté 1, Liberté 2, Liberté 3…, les Hlm, il y a une aberration qui se passe dans notre pays.»
Pour lui, cette situation doit être corrigée. Car, soutient-il, «les ressources humaines et techniques existent. Les ressources financières peuvent peut-être faire défaut. Mais cela s’explique par le phénomène que l’essentiel du financement économique de notre pays échappe au secteur privé national».
lequotidien