Le risque pour que le réchauffement climatique anthropique mette un terme à l’humanité reste faible. Mais il existe. D’autant que nos émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter. Alors des scientifiques appellent à explorer plus avant les mécanismes qui pourraient mener à une « fin de partie climatique ». Pour galvaniser les actions de lutte contre le réchauffement.

Qu’adviendra-t-il de notre monde si les températures devaient grimper de +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle ? Et si elles s’élevaient finalement de +2 °C ? Depuis quelques mois, quelques années, de nombreux travaux de recherches se sont penchés sur la question. Parce que ces valeurs de réchauffement climatique anthropique correspondent aux objectifs fixés par l’Accord de Paris sur le climat. Mais que se passerait-il si nous ne parvenions pas à limiter suffisamment nos émissions de gaz à effet de serre ? Si les températures finissaient par augmenter de +3 °C ? Ou même plus ? Si nous devions vraiment affronter le pire des scénarios ?

Des chercheurs de l’université de Cambridge (Royaume-Uni) appellent aujourd’hui à très sérieusement se poser la question. Pour commencer à se préparer à la possibilité d’une atteinte sévère à l’humanité, d’une « fin de partie climatique ». Même si les probabilités pour que cela arrive restent pour l’heure encore relativement faibles.

Selon les chercheurs, « le réchauffement climatique anthropique pourrait devenir catastrophique. Il y a même de nombreuses raisons de le croire. » Et pas seulement si les températures venaient vraiment à grimper plus que de raison. Aussi dans le cas — possiblement plus probable — où ce réchauffement devait finir par provoquer des cascades d’événements. En d’autres mots, si d’un risque « simple », nous nous retrouvions à affronter un risque « composé ». « Comme c’est généralement le cas dans le monde réel. »

Avoir conscience du risque réel pour passer à l’action
Ainsi, le risque avec le réchauffement climatique, ce n’est pas seulement la hausse des températures et les effets directement associés et plutôt bien étudiés par les scientifiques. C’est aussi le risque de crises financières, de conflits armés ou de pandémies associés, par exemple. Et à en croire les chercheurs de l’université de Cambridge, tout cela reste « dangereusement sous-exploré ».

Pour faire un exemple, les chercheurs exposent que, dans le pire des scénarios, quelque 2 milliards de personnes pourraient être amenées à vivre sous une température moyenne de plus de 29 °C d’ici 2070. C’est déjà le cas pour 30 millions de personnes aujourd’hui. Mais demain, ces températures extrêmes pourraient atteindre — et déstabiliser — des régions politiquement plus fragiles, notamment. Deux puissances nucléaires. Sept laboratoires dans lesquels sont confinés des pathogènes potentiellement dangereux. Avec les conséquences que l’on imagine.

De manière plus générale, les chercheurs appellent à travailler sur les liens entre le réchauffement climatique et ceux qu’ils qualifient de « quatre cavaliers » de la « fin de partie climatique » : la famine et la malnutrition, les conditions météorologiques extrêmes, les conflits et les maladies à transmission vectorielle. Sans oublier pour autant les « menaces collatérales » comme la croissance des inégalités et de la désinformation ou l’effondrement de la démocratie.

« Plus nous en apprenons sur le fonctionnement de notre Planète, plus il y a lieu de s’inquiéter, déclare à ce sujet Johan Rockström, directeur du Potsdam Institute for Climate Impact Research (Allemagne). Notre planète est à la fois sophistiquée et fragile. Pour éviter le désastre, nous devons en être pleinement conscients ». Ainsi ce que les chercheurs espèrent c’est que, à l’image de l’effet qu’ont eu les travaux sur l’hiver nucléaire pour le désarmement, des études sur les pires scénarios climatiques force l’action publique à enfin de se mettre sérieusement à l’œuvre.

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