Un retard cumulé de 30 mois désormais pour le projet Grand Tortue. La société BP détient 61% du projet quand le Sénégal et la Mauritanie se partageront 10% des revenus gaziers.
La première phase de travaux a connu une explosion des coûts, environ 60% des investissements initiaux de 3,6 milliards de dollars US, avec la résiliation du contrat de McDermott et son remplacement par l’hollandais Allseas pour la tuyauterie de liaison, nous sommes aujourd’hui à presque 4 milliards de dollars US soit 3 000 milliards de F CFA alors que nous attendons toujours les premières cargaisons de GNL sur les méthaniers.
L’opérateur BP ne pouvant plus attendre les entreprises et sociétés sénégalaises sous – capitalisées et sans la capacitation technique adéquate s’était résolue en violation à nos lois sur le contenu local de confier les prestations clé onshore et offshore à Petrofac.
Toutes les deux BP comme Petrofac sont des sociétés britanniques, l’opérateur de services gaziers Petrofac est un grand mécène des principaux partis politiques britanniques et se trouve très souvent au cœur de scandales de corruption et pots de vin. Son sulfureux PDG et fondateur a été forcé de démissionner pour des soucis d’éthique et de probité.
Le contrat que BP a paraphé avec Petrofac englobe une gamme étendue de services.
Parmi ces services, on trouve la gestion et la supervision des opérations à la fois sur terre (onshore) et en mer (offshore), la fourniture de personnel qualifié, ainsi que la maintenance des équipements donc presque 2/3 du périmètre de biens et services des prestations homologuées au titre du contenu local que seules des entreprises sénégalaises ou enregistrées locales devaient fournir.
Aujourd’hui c’est l’action à la bourse de Londres de Petrofac qui est chahutée, en effet l’opérateur des services – clé sur le champ gazier Grand Tortue est presque en cessation de paiements auprès des banques qui lui prêtent de l’argent pour son cash flow quotidien, et pire son action de bourse est sous pression.
Depuis 2022, Petrofac est impliqué dans la fourniture de services opérationnels pour le navire de production, de stockage et de déchargement flottant, ainsi que pour la plate-forme de gaz naturel liquéfié.
De plus, l’entreprise a élaboré des procédures opérationnelles en 2021. C’est donc le cœur de production sous pavillon Petrofac qui sera affecté par les difficultés financières de la société-mère qui est aussi présente dans une dizaine de champs petrogaziers à travers le monde.
Depuis cinq jours le cours de la société d’infrastructure énergétique a baissé de 29% à 23,71 pence, fourchette de 12 mois à 14,58 pence – en fourchette – il y’a juste cinq jours. Presque une dégringolade.
La lourde dette de Petrofac et sa capacité à refinancer ou rééchelonner cette dette ne convainc plus les marchés financiers.
Avec la crise de liquidité que traverse le partenaire stratégique de BP et l’audit des coûts que le Sénégal et Mauritanie vont entamer sur les investissements initiaux supportés par l’opérateur BP, il est presque acquis que le premier gaz ne sera extrait de GTA qu’au premier trimestre de 2025 au mieux………………………… InchAllah.
Moustapha DIAKHATE
Ex Conseiller Spécial Primature
Expert et Consultant en Infrastructure
Auditeur en Politique Energetique
Actu-Economie