En France, 8 millions et demie de personnes seraient touchées par la « maladie du foie gras » et 90% d’entre elles n’auraient pas été diagnostiquées. Les personnes diabétiques seraient d’autant plus touchées, et sujettes à des formes plus sévères de cette maladie.

J’avais l’impression d’être un déchet ». Yvette Boesch est diabétique. Son médecin lui décèle une NASH en 2002 et les premiers symptômes graves apparaissent 16 ans plus tard. Écoulement de liquide dans l’abdomen (ascite), désorientation, perte de contrôle des sphincters, incapacité à s’exprimer… elle est contrainte d’arrêter de travailler. La NASH, pour « stéatohépatite non alcoolique », est une maladie chronique du foie qui évolue très lentement. Dans certains cas, elle peut dégénérer en une cirrhose (une inflammation chronique qui entraine la destruction des cellules du foie), même si les personnes ne boivent pas d’alcool. Pour Mme Boesch, les symptômes ont complètement disparu grâce à une greffe du foie, en 2020.

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Méconnue du grand public comme des médecins généralistes, la NASH fait l’objet d’une conférence annuelle à Paris. « Il faut sensibiliser pour que le dépistage des personnes à risque se fasse systématiquement », met en garde le professeur Lawrence Serfaty, chef du service hépatologie de l’hôpital Hautepierre de Strasbourg et Président du 7e Paris NASH Meeting. Mais quels sont les facteurs à risque de la maladie du « foie gras » ? Plus de 50 ans, surpoids, cholestérol, diabète… Leur association fait grimper le risque de développer cette stéhatohépatite à plus de 90%.

1 diabétique sur 2 aurait une NASH
Aujourd’hui, environ 4 millions de Français sont diabétiques et 50% d’entre eux seraient atteints de la maladie du « foie gras ». Pour les diabétiques de type 2, cette proportion s’élève à 8/10. Beaucoup ne sont cependant pas diagnostiqués. « Le foie n’est pas dans le radar des diabétologues. Pourtant ils regardent les conséquences sur beaucoup d’autres organes comme les yeux ou les reins », explique le Professeur Laurent Castera, du service hépatologie de l’Hôpital Beaujon. L’enjeu réside donc d’abord dans la sensibilisation et le dépistage.

Comment ça se passe ? Plusieurs examens sont possibles : prise de sang, échographie ou FibroScan (mesure de l’élasticité hépatique) qui reste le meilleur outil de détection de la NASH, outre la biopsie du foie. On recherche, entre autres, des déformations au niveau du tissu cellulaire du foie (fibrose). Elles seraient liées à la prolifération abondante de « myofibroblastes », des cellules réparatrices de tissu. L’étude de 350 patients diabétiques, nommée « Quidnash », a révélé 30% de fibroses avancées, et 10% de cirrhoses. « La maladie est probablement plus sévère chez les diabétiques que les non-diabétiques », précise également le Professeur Laurent Castera.

Sur une cohorte de 200.000 Français, baptisée « Constance », 79% des personnes atteintes d’obésité souffraient d’une maladie du foie. Les chercheurs se sont également interrogés sur l’influence du poids de naissance sur l’incidence de la NASH. « La courbe est en U. Les personnes dont le poids de naissance était supérieur à 3,9 kg ou inférieur à 2,3kg voient leur risque de développer cette maladie augmenter de 1,5 », souligne Lawrence Serfaty. Les personnes nées prématurément y sont particulièrement sujettes.

Traitements en cours de validation
Parfois, la simple reprise d’une hygiène de vie saine, avec activité sportive et alimentation équilibrée, peut réduire considérablement les effets de la maladie. A l’heure actuelle, aucun traitement médicamenteux n’existe, mais cinq molécules présentent des résultats prometteurs. En moyenne, pour 42% des personnes traitées par l’une de ces molécules, on perçoit une nette amélioration du fonctionnement des cellules hépatiques.

Sur quoi agissent ces nouveaux traitements ? L’acide obéticholique vise à améliorer les résultats de biopsie du foie en inhibant la production de lipides appelée « lipogénèse », tout comme le médicament expérimental Aramchol, mais dont les résultats sont moins significatifs. Le Lanifibranor, lui, influe sur des récepteurs qui permettent aux cellules de se développer. Il limite ainsi la fibrose, la lipogénèse et le taux de cholestérol notamment.

Le Resmetirom agirait en plus sur l’activité des mitochondries (organites présents dans nos cellules et indispensables à leur bon fonctionnement), endommagée chez les patients atteints de la NASH. Le dernier, le Sémaglutide a déjà été approuvé pour le traitement du diabète de type 2 et de l’obésité. Il stimule notamment la production d’insuline, hormone régulatrice de la glycémie, qui permet de diminuer le taux de sucres dans le sang.

La greffe de foie reste particulièrement efficace pour traiter cette maladie, mais tout le monde n’y est pas éligible. Des chercheurs étudient donc de nouveaux modèles de cultures cellulaires de mini-organes qui miment l’architecture et la fonction de l’organe voulu. La création d’un foie dit « organoïde » se fait à partir de cellules humaines prélevées. Une des perspectives ? La greffe d’une personne à partir de ses propres cellules permettrait d’éviter les rejets. Dans quelques semaines, un essai clinique ira même plus loin puisqu’un volontaire va tenter de faire pousser un deuxième foie dans son corps.

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