Gelures ou hypothermies, mais aussi aggravation de maladies chroniques (cardiaques et respiratoires en particulier) ou, indirectement, intoxications au monoxyde de carbone à cause d’appareils de chauffage mal utilisés ou mal entretenus…
Le froid, qui commence à s’installer, peut provoquer bien des dégâts sur notre santé. En cas de chute brutale des températures, voici nos conseils (argumentés) pour résister.
1. Bien se couvrir
– Mettre un vêtement très épais n’est pas toujours la bonne solution: l’air sec et immobile est l’un des meilleurs isolants thermiques qui soient. Pour résister au froid, rien de mieux que s’en «envelopper», soit en optant pour une tenue spécialement conçue pour piéger l’air (comme les vêtements de ski, ou de randonnée), soit en superposant plusieurs couches de vêtements légers et pas trop serrés.
La couche au contact de la peau doit pouvoir évacuer la transpiration; la couche intermédiaire a pour fonction d’emprisonner de l’air chaud autour de votre corps; la couche extérieure doit protéger du vent, et de l’eau (mais laisser s’évacuer la transpiration).
– Certaines parties du corps sont à protéger tout particulièrement: tête, cou et mains, ainsi que le nez ou la bouche (pour respirer un air moins froid). Notre organisme préfère sacrifier les doigts pour protéger nos organes internes! Exposé au froid, il va donc privilégier ces derniers, et les extrémités seront moins irriguées par la circulation sanguine.
La vasoconstriction cutanée est aussi une tactique de protection de l’organisme: moins irriguée, votre peau est plus isolante. La tête reste, elle, très irriguée (il faut protéger le cerveau), la couvrir évite donc qu’une partie de la chaleur produite par le corps s’échappe.
– Attention à vos chaussures: vos pieds doivent être au chaud, et vous devez prendre garde au risque de glissade sur un sol gelé.
– Le jogging, voire les efforts physiques habituels (manipulation d’objets lourds…) sont à pratiquer avec précaution, voire à éviter chez les personnes fragiles. Résister au froid demande déjà des efforts plus importants à votre organisme: le cœur bat plus vite, la pression sanguine est plus importante, la fréquence respiratoire augmente.
2. Trop manger ne sert à rien
– Le froid n’est pas une excuse pour vous précipiter sur les raclettes, biscuits au chocolat et autres douceurs! Sauf activité physique intense ou exposition au froid particulièrement prolongée, votre organisme n’a pas besoin de calories supplémentaires pour maintenir sa température interne, ni d’aliments plus gras. Une nourriture équilibrée (et chaude) suffira à assurer les besoins énergétiques.
3. À boire!
– Ne pas oublier de boire: l’air froid a tendance à dessécher les muqueuses, il faut donc veiller à bien s’hydrater. Les boissons chaudes peuvent être agréables et réconfortantes, mais elles ne réchauffent pas plus qu’un simple verre d’eau. En revanche, évitez l’alcool: il représente un piège car sous l’effet de l’alcool, les vaisseaux sanguins à la surface de la peau se dilatent et le sang afflue, ce qui nous donne une fausse sensation de chaleur… au détriment du reste du corps.
4. Continuer d’aérer son logement
– Prévoyez, en cas de coupure d’électricité ou de gel des canalisations, de l’eau et des aliments ne nécessitant pas de cuisson.
– Chauffer correctement votre domicile, mais sans excès. Ne bouchez pas les aérations, continuez une fois par jour à aérer votre logement, et assurez-vous que votre installation est en bon état de marche pour éviter les risques d’intoxication au monoxyde de carbone . De même, n’utilisez pas un chauffage d’appoint en mauvais état ou prévu pour un usage extérieur.
5. Prendre soin des plus vulnérables
Les très jeunes enfants et les personnes âgées sont particulièrement vulnérables aux effets du froid. Chez eux, les mécanismes de régulation thermique fonctionnent moins bien et ils sont moins actifs, donc se refroidissent plus vite. Attention aux bébés: même si vous les avez très bien couverts, souvenez-vous que pendant que vous marchez, eux restent immobiles dans leur poussette. Par ailleurs, les enfants ne savent pas dire quand ils ont froid, a fortiori s’ils s’amusent.
Les malades chroniques (pathologies cardio-vasculaires ou respiratoires, hypothyroïdie, maladies neuropsychiatriques) sont particulièrement vulnérables: pour lutter contre le froid l’organisme mobilise précisément les mécanismes fragilisés par leur pathologie.
6. Gare à certains médicaments
Certains médicaments peuvent altérer les mécanismes de lutte contre le froid (alerte de l’ ANSM dès 2009): les neuroleptiques, barbituriques et benzodiazépines perturbent le fonctionnement de l’hypothalamus, qui pilote la thermorégulation centrale; certains anti-hypertenseurs et les vasodilatateurs perturbent la régulation périphérique. D’autres produits peuvent voir leur fonctionnement modifié par les effets du froid, avec notamment une absorption modifiée.
7. Savoir écouter son corps
– Les frissons sont une «seconde ligne de défense» de l’organisme face au froid, les fibres musculaires superficielles se contractant pour accroître la production de chaleur. Leur apparition signale donc que l’organisme peine à réguler la température interne. Quand les frissons apparaissent, il est temps de rentrer!
– L’hypothermie démarre lorsque la température corporelle descend en dessous de 35°C. L’organisme ne peut alors plus fonctionner convenablement. Les signes avant-coureurs sont: frissons et grelottements, somnolence, fatigue, maladresse générale (pertes d’équilibre, difficulté à manipuler des objets ou à parler). En dessous de 32°C, on parle d’hypothermie modérée: apparaissent une inconscience progressive et des hallucinations. Sous 28°C, c’est l’hypothermie grave.
– Les engelures sont des lésions localisées provoquées par un gel de la peau, le plus souvent au niveau des extrémités exposées au froid (mains, pieds, visage). Cela commence par des rougeurs et sensations de brûlure, puis vient une sensation d’engourdissement suivie d’une décoloration de la peau ou des taches blanchâtres. Une engelure doit être traitée immédiatement, pour éviter qu’elle ne se transforme en gelure plus profonde.
– Lorsqu’il est extrême et subi de manière prolongée, le froid diminue nos performances et notre vigilance. Si vous menez une activité comportant un risque d’accident (bricolage, conduite…), et êtes exposé au froid de manière prolongée, méfiez-vous: votre force musculaire, votre dextérité (déjà réduite par le port de gants et de vêtements épais), votre attention et votre temps de réaction peuvent être altérés.
lefigaro
5 commentaires
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