Chaque 15 janvier, la Journée internationale de dénombrement des oiseaux d’eau (JDIOE) est célébrée à l’échelle mondiale. Cet événement a pour objectif de réaliser un bilan de la santé des écosystèmes humides en surveillant les populations d’oiseaux aquatiques, particulièrement ceux en hivernage.
Cette initiative prend une dimension particulière au Sénégal, avec la participation du Parc national des oiseaux du Djoudj, un site Ramsar reconnu depuis 1977 et la présence d’Ibrahima Gueye, le directeur des Parcs nationaux.
Un dénombrement mondial au service de la conservation des zones humides
Le dénombrement des oiseaux d’eau, réalisé simultanément dans plus de 150 pays, est un exercice scientifique d’envergure destiné à surveiller les effectifs des oiseaux migrateurs et non migrateurs. Selon Ibrahima Gueye, ces oiseaux migrateurs traversent des continents et des océans, ce qui en fait des indicateurs précieux de la santé des zones humides qu’ils fréquentent.
« Ces habitats, souvent fragiles et vulnérables, nous renseignent sur leur état de conservation, la dégradation qu’ils subissent, et les défis à relever comme la pollution ou la transformation des milieux naturels », a expliqué M. Gueye. Ce dénombrement est également un moyen d’identifier des pressions environnementales comme la perte d’habitats naturels et le changement climatique.
Le Parc national du Djoudj : un site stratégique pour la surveillance des oiseaux d’eau
Le Parc national des oiseaux du Djoudj, classé troisième réserve ornithologique mondiale, joue un rôle clé dans cette initiative mondiale. Il accueille chaque année des milliers d’oiseaux migrateurs qui viennent se nourrir et se reproduire dans ses zones humides. En 2025, une attention particulière a été portée sur le Dendrocygne fauve (Dendrocygna bicolor), une espèce en déclin malgré la santé relativement bonne de l’écosystème.
Les oiseaux d’eau comme bio-indicateurs des zones humides
Au-delà de leur beauté et de leur diversité, les oiseaux d’eau sont de véritables bio-indicateurs. Leur présence ou leur absence nous permet de mieux comprendre la qualité des zones humides, en termes de fonctionnalité, de biodiversité et de résilience face aux pressions humaines et climatiques.
Selon Ibrahima Gueye, cette surveillance a des implications importantes pour la gestion des écosystèmes humides et leur préservation à long terme.
« Les zones humides jouent un rôle crucial en offrant des services écosystémiques vitaux tels que la filtration naturelle de l’eau, le stockage de l’eau, la fourniture de ressources halieutiques et même la régulation du climat. Leur disparition, comme celle des marécages à Dakar, contribue directement aux inondations urbaines et à d’autres risques environnementaux », a-t-il ajouté.
Les défis actuels et la réponse des autorités
Malgré les efforts de protection, plusieurs problèmes persistent. L’invasion de plantes exotiques envahissantes et la baisse de certaines populations d’oiseaux, comme le Dendrocygne fauve, représentent des préoccupations majeures.
Pour y faire face, des recherches sont menées pour identifier les causes de ce déclin, et des solutions adaptées sont mises en place.
« Nous collaborons avec des chercheurs pour comprendre les facteurs de ce déclin et pour élaborer des stratégies de conservation adaptées. Par ailleurs, des campagnes de sensibilisation sont menées, avec la distribution de fiches éducatives à destination du grand public et des communautés locales », a expliqué M. Gueye.
Un appel à l’action pour la protection des zones humides
Au-delà de la simple collecte de données, cette journée du 15 janvier constitue un véritable appel à l’action. La préservation et la restauration des zones humides, tant au Sénégal qu’à l’échelle mondiale, restent une priorité dans la lutte contre les effets du changement climatique et pour la protection de la biodiversité.
VivAfrik