Les professionnels de la santé maternelle sont unanimes : l’excision est une contrainte majeure pour la planification familiale. De nombreuses femmes à Vélingara souffrent dans leur chair et ne parviennent pas à rester en bonne santé à cause de cette pratique héritée des ancêtres. Face à ce constat alarmant, de nombreuses Organisations Non Gouvernementales (ONG), telles que (I)ntact, Veest et 2A2F, organisent régulièrement des ateliers de sensibilisation pour informer la population de Vélingara des conséquences néfastes de l’excision.
Boubacar Baldé, ancien président d’Usu et coordonnateur de l’ONG Veest, déclare : « L’excision existe bel et bien dans le département de Vélingara, où l’on trouve des chefs religieux très conservateurs, notamment à Médina Gounass. Il ne s’agit donc pas d’ester en justice les exciseuses, mais de mettre en place une synergie d’efforts pour convaincre les parents et exciseuses d’abandonner cette pratique, pour le bien de tous, surtout des jeunes filles. »
« Cette pratique est plus fréquente dans les communes de Wassadou, Pakour et Paroumba, qui sont encore en processus de libération.
Dans certaines localités comme Médina Gounass, on croit fermement qu’une fille non excisée est impure, et qu’elle ne doit donc ni préparer les repas ni distribuer de l’eau. Toutefois, parmi les 14 communes, 9, telles que Saré Coly Sallé, Bonconto, Linkéring, Sinthiang Koundara et Némataba, ont été libérées de cette pratique. Pour la commune de Vélingara et Médina Gounass, le processus a été lancé », ajoute-t-il.
La méthode utilisée par les ONG porte parfois ses fruits.
L’approche salutaire se distingue par sa bienveillance. « La sanction n’est pas la solution, nous privilégions le porte-à-porte, les focus groupes et le processus de sensibilisation à proximité. Nous diffusons des films sur la pratique et invitons les sages-femmes et les sages du village à discuter des séquelles de l’excision.
Au final, les exciseuses réalisent qu’elles ont fauté et font une déclaration de foi, jurant devant tout le monde et Dieu qu’elles cesseront ce métier », conclut Boubacar Baldé.
Dans un carré de terre perdu, à une trentaine de kilomètres de Médina Gounass, un homme avait refusé de toucher sa jeune épouse, prétextant qu’elle n’était pas excisée et donc impure.
Pour éviter d’aggraver les tensions familiales, la mère de la fille avait décidé de rompre le mariage et avait juré, devant tous les saints, que sa fille ne vivrait jamais le calvaire qu’elle-même avait enduré en tant que femme excisée.
Diénabou Boiro, une exciseuse connue et reconnue de Vélingara, dans la commune de Kandia, témoigne : « J’ai pratiqué l’excision pendant 6 ans. Grâce à la sensibilisation des ONG, j’ai compris que cette pratique était une source de maux et de souffrances pour les femmes. L’excision est néfaste, elle rend la femme vulnérable, sa vie est un véritable enfer. J’ai donc abandonné cette pratique sans regrets. »
Entre les nuages pourpres et flamboyants du soleil couchant, l’image reste gravée dans les esprits.
Sous le choc, Fatoumata Mballo, une femme de peu de mots, oscille entre désespoir et espoir. « Je suis victime de fistules vaginales, et le médecin m’a clairement dit que c’était à cause de l’excision. J’ai souffert étant enfant et je continue de souffrir.
Certes, ma santé s’est améliorée grâce aux soins médicaux, mais la douleur persiste toujours.
L’excision ne m’a apporté que pleurs et souffrances. » Comme des milliers de femmes excisées à Vélingara, qui, par peur des préjugés et des réalités socio-culturelles, cachent un mal-être quotidien, sans fin…
lesoleil