Lors d’un atelier tenu, mardi 18 février, à la Galerie Le Manège de Dakar de l’Institut français, des experts ont sensibilisé les créateurs d’arts visuels sur les enjeux cruciaux de la propriété intellectuelle et de la gestion des droits d’auteur. Cette séance a également mis en lumière l’importance, pour les artistes, de s’inscrire à la Société sénégalaise des droits d’auteur et des droits voisins (Sodav) pour assurer la protection et une juste rémunération de leurs œuvres.
Les images envahissent nos écrans, se propagent à la vitesse de la lumière, particulièrement sur les réseaux sociaux. Et souvent, elles échappent à ceux qui les ont créées. Jean-Baptiste Joire, photographe français indépendant basé au Sénégal depuis dix ans, en fait l’expérience chaque jour. « Les images circulent sans qu’on sache toujours comment réagir », a-t-il confié.
À l’image de cet adepte des arts visuels, beaucoup d’artistes, notamment sénégalais, ignorent encore les droits sur leurs productions.
Lors d’un atelier de formation sur la propriété intellectuelle appliquée aux arts visuels, tenu mardi 18 février, à la Galerie Le Manège de Dakar de l’Institut français, l’enjeu est clair : sensibiliser les créateurs sur l’importance de protéger leurs œuvres. « On ne se rend pas compte à quel point il est crucial d’avoir un ancrage légal pour se protéger », a poursuivi M. Joire.
« Les artistes, souvent absorbés par leur processus créatif, négligent fréquemment les aspects économiques et juridiques liés à leur travail ».
C’est ce qu’a souligné Ken Aïcha Sy, directrice de la Galerie Le Manège, au cours de l’atelier.
Pour la galeriste, les artistes sont tellement concentrés sur leur création qu’ils ignorent souvent qu’ils évoluent dans un marché. Or, dit-elle, un artiste ne peut pas vouloir mieux vivre en ignorant les lois qui régissent sa profession, car ces dernières impactent directement l’économie de ses œuvres. Réseaux sociaux et stratégie marketing.
« On ne peut pas être un artiste, être par exemple à la Biennale de Dakar et ne pas avoir conscience de ses droits et des questions sur la propriété intellectuelle.
Même les artistes expérimentés semblent parfois ignorer ces enjeux cruciaux », a-t-elle souligné. La question des réseaux sociaux et de la diffusion des œuvres en ligne est régulièrement revenue dans les discussions sur la gestion des droits des artistes.
Ken Aïcha Sy conseille vivement aux créateurs : « Il faut avoir une stratégie de marketing ou de communication sur son propre travail. Contrairement à ce que beaucoup pensent, mettre son travail sur Internet ne garantit pas toujours une meilleure visibilité ou une meilleure vente ». Cette séance consiste alors à montrer que, au-delà de la sécurité juridique, l’inscription à la Société sénégalaise des droits d’auteur et des droits voisins (Sodav) permet aussi de garantir une juste rémunération.
Une démarche simple, mais primordiale pour défendre ses droits et valoriser son travail dans un monde numérique qui n’attend qu’une occasion pour s’emparer des créations.
La gestion des droits d’auteur
Pour Mohamed Ndiaye, chef du département de la perception à la Sodav, la gestion des droits des artistes visuels reste un enjeu complexe. Cette structure, qui agit en tant qu’intermédiaire entre les créateurs et les utilisateurs de leurs œuvres, joue un rôle fondamental. « Lorsque les créateurs confient leurs œuvres à la Sodav, cette dernière devient leur mandataire, accordant des autorisations et collectant les droits d’auteur pour les redistribuer », a-t-il précisé.
Dans son intervention, il a également rappelé que la législation concernant les droits d’auteur est uniforme et couvre toutes les formes d’expression artistique.
À l’en croire, du fait qu’on se base sur le droit de reproduction ou de communication publique pour protéger les musiciens, on pourrait se baser sur ces mêmes dispositions pour protéger les auteurs d’arts visuels.Cependant, le véritable défi réside dans l’identification des créateurs. « Pour que la Sodav puisse percevoir et redistribuer les revenus dus aux artistes d’arts visuels, il faut qu’elle parvienne à identifier les créateurs et leurs œuvres », a souligné M. Ndiaye.
Selon lui, ce manque d’identification complique la gestion des droits et la redistribution des revenus.
Poursuivant, il a insisté sur l’importance de l’inscription à la Sodav, qui permet aux artistes de prendre conscience de leurs droits et de savoir quand et comment percevoir les revenus générés par leurs œuvres. « Si un artiste est inscrit à la Sodav et connaît ses droits, il saura également quand il a des revenus et comment ces derniers peuvent lui être transmis », a-t-il confié.
L’atelier a vu la participation de l’avocat, collectionneur et critique d’art Sylvain Sankalé, également membre de la commission des arts visuels de la Sodav.
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