L’élevage constitue une part essentielle de l’économie du Sénégal, représentant environ un tiers des ménages. Afin d’améliorer la productivité de ses filières stratégiques, notamment dans les secteurs de la viande et du lait, le gouvernement sénégalais intensifie ses efforts dans l’amélioration génétique du bétail.
Le 7 février 2025, le ministère sénégalais de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage (MASAE) a signé des accords clés avec le Groupement pour l’amélioration génétique de l’élevage pastoral et extensif au Sénégal (GEPES) et la société Oumou For Land.
L’objectif principal est de soutenir la modernisation du secteur en améliorant la génétique des races locales de bétail et d’augmenter la productivité, notamment dans la commune de Keur Momar Sarr, où des investissements majeurs sont en cours.
Un investissement de 3 milliards FCFA pour moderniser le secteur
Le partenariat entre le gouvernement sénégalais et Oumou For Land prévoit un investissement de plus de 3 milliards FCFA (environ 4,8 millions USD) pour soutenir cette initiative.
Bien que les détails complets de l’accord restent à préciser, il est clair que cet investissement vise à améliorer la génétique des races locales de bétail, notamment pour les secteurs du lait et de la viande. Ce projet fait partie d’une série d’initiatives prises par le gouvernement pour renforcer la compétitivité et la durabilité du secteur de l’élevage.
Une stratégie d’amélioration génétique lancée depuis 2017
Cette action s’inscrit dans un cadre plus large d’initiatives prises depuis 2017, lorsqu’un partenariat a été mis en place avec l’Association nationale pour l’intensification de la production laitière (ANIPL) pour importer des races bovines à haut potentiel pour la production de lait et de viande.
En 2024, grâce à un financement gouvernemental couvrant 50% du coût, 2500 génisses de races Normande, Montbéliarde, Brune des Alpes, Holstein et Jersiaise ont été importées pour booster la production laitière dans le pays.
En novembre 2024, le ministère a également signé une convention avec GEPES pour l’importation de 1000 têtes de bovins de race Guzerá, réputée pour son potentiel en viande, en provenance du Brésil.
Le programme national de développement intégré de l’élevage (PNDIES)
En mai 2024, le Programme national de développement intégré de l’élevage (PNDIES) a été lancé avec un financement de 51 milliards FCFA, soutenu par la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque islamique de développement (BID).
Ce programme vise à augmenter de manière durable la productivité animale en mettant en place un programme de croisement de bovins laitiers, tout en offrant des formations aux éleveurs pour produire un bétail croisé plus productif. Cette initiative permettra également de réduire la dépendance du Sénégal aux importations de produits laitiers.
Vers l’autosuffisance en produits animaux
Selon le Département américain de l’agriculture (USDA), la production laitière du Sénégal a enregistré une augmentation de 15,2% entre 2017 et 2021, atteignant près de 280,6 millions de litres.
Toutefois, malgré ces progrès, le pays reste encore dépendant des importations pour couvrir environ la moitié de ses besoins en produits laitiers.
En 2024, la facture d’importation des produits laitiers a atteint 65,7 milliards FCFA, en augmentation de 20% par rapport à l’année précédente.
Dans la filière viande, les importations stagnent à 28 000 tonnes en 2024, mais la facture d’achat a augmenté de 21%, atteignant 21,1 milliards FCFA.
La viande bovine demeure la deuxième source de protéines animales au Sénégal après le poulet, avec une production locale d’environ 320 619 tonnes en 2022, dont 29,5% provient des élevages bovins.
Le Sénégal est déterminé à atteindre l’autosuffisance en produits animaux grâce à une stratégie ambitieuse d’amélioration génétique du bétail.
Les investissements dans l’importation de races à haut potentiel, l’extension des programmes de croisement et le soutien aux éleveurs locaux devraient permettre au pays de réduire sa dépendance aux importations et de renforcer la résilience de son secteur de l’élevage.
VivAfrik