De l’OFNAC à la Cour des comptes, la culture du déni et de la contestation face aux instances de contrôle s’affirme comme une caractéristique fondamentale de l’Alliance pour la République
Entre l’alliance pour la république (aPr) et les corps de contrôle, cela n’a jamais été le grand amour. en attestent les dernières révélations de la Cour des comptes qui pointent du doigt la gestion du régime apériste entre 2019 et mars 2024. Furieux contre l’image dépeinte par la juridiction financière, le boss de l’ancien régime, Macky Sall, a sévèrement répliqué contre les allégations de maquillage des finances publiques sous son règne.
Une fois n’est pas coutume! L’ancien président du Sénégal, Macky Sall, n’a pas raté la Cour des Comptes qui, dans son rapport d’audit sur les finances publiques entre 2019 et mars 2024, relève de nombreuses anomalies et autres incongruités. Pis, elle note que la dette et le déficit budgétaire s’avèrent bien plus élevés que ceux des documents officiels. Des allégations qui n’ont pas plu au Président de l’APR, Macky Sall qui affirme que tout cela est ridicule.
Pis, il soutient que ses différents gouvernements ne sont en rien impliqués concernant les accusations de la juridiction financière et que celle-ci mélange tout.
Cette réplique du boss de l’APR aux auditeurs de la Cour des comptes est révélatrice des rapports houleux toujours entretenus entre les responsables de l’ancien régime et la Cour des comptes. Et de façon plus globale avec les institutions de contrôle! Les apéristes ont toujours diabolisé les organes de contrôle à chaque fois que ceuxlà épinglaient un des leurs.
On se rappelle l’épisode Moustapha Diop contre la Cour des comptes.
Celle-ci dénonçait dans une conférence de presse en février 2020 le comportement du ministre Moustapha Diop qui, lors de l’élaboration du rapport de 2015, avait tout simplement refusé que le Fonds national de promotion de l’entrepreneuriat féminin (FNPE) sous tutelle de son département ministériel soit contrôlé. Ministre de l’Industrie à l’époque, Moustapha Diop aurait alors traité les magistrats qui étaient venus pour effectuer le contrôle d’agents de corrompus.**
Un phénomène similaire a été noté entre l’Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC) et de hauts responsables du régime sortant.
Durant son mandat de trois ans à la tête de l’OFNAC, Nafi Ngom Keita a subi différents quolibets, attaques de la part de hauts responsables du pouvoir au premier rang desquels le chef de l’Etat qui l’a nommée.
Des informations parues dans la presse à l’époque indiquaient que l’ancien Président Macky Sall n’avait pas apprécié la sortie de Nafi Ngom Keïta quand celle-ci dénonçait au cours d’une rencontre le retard dans le démarrage de l’OFNAC. Pire, son directeur de cabinet Oumar Youm ne l’avait pas aussi raté en considérant qu’elle avait violé “une obligation de réserve”.
Les bisbilles entre Cheikh Oumar hanne et la presidente de l’OFNAC
Et la publication du rapport 2014-2015 de l’OFNAC en 2016 avait créé aussi beaucoup de bruits dans les rangs apéristes. Parce que le document avait chargé Cheikh Oumar Hanne, Directeur général du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) à l’époque. Il accusait le responsable de l’Apr d’alors et maire de Ndioum “de fractionnement des commandes dans les marchés, l’octroi de subventions irrégulières, des pratiques de détournements de deniers publics et de faux et usage de faux”.
Outre des poursuites judiciaires, l’Ofnac réclamait dans son rapport que Cheikh Oumar Hanne soit relevé de ses fonctions de directeur du Coud et que toutes les mesures soient prises pour qu’il ne lui soit plus confié la responsabilité de diriger un organe public. Furieux contre Nafi Ngom Keita, Monsieur Hanne avait déversé plus tard toute sa colère sur la dame en la traitant de maître chanteur.**
« Mme Nafi Ngom Keïta veut faire de moi un symbole national de la mal gouvernance.
Je ne peux l’être car il n’y a pas de mal gouvernance sous le régime du président Macky Sall. (…) Ils ne peuvent pas me faire chanter, il faut que la justice s’en mêle et ils répondront de leurs actes de chantage posés depuis 2016», s’était-il défendu avant d’annoncer une plainte contre la présidente de l’OFNAC d’alors, Nafi Ngom Keita.
Il faut relever en définitive que cette dernière avait payé son caractère bien trempé en se montrant indulgente face aux responsables du régime Sall épinglés dans les rapports.
Elle sera ainsi démise de ses fonctions par le président de la République, Macky Sall. Loin de s’avouer vaincue et considérant qu’il y avait un abus de pouvoir, elle avait attaqué en vain à la Cour suprême le décret présidentiel du 25 juillet 2016 mettant fin à son poste de présidente de l’OFNAC.
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