Des rues submergées par les eaux, des véhicules à moitié engloutis, des enfants circulant sur des embarcations de fortune, c’est le triste décor auquel étaient confrontés les habitants de Ngor Almadies, suite à la pluie qui s’est abattue sur la capitale hier. Inauguré en grandes pompes le 13 juillet dernier, juste après le démarrage de la campagne électorale pour les législatives, l’autopont de Keur Massar, reluisant il y a quelques jours, est devenu ruisselant, difficilement praticable.
À la cité des enseignants Aynoumadi 1 Cochapec à Keur Massar, des riverains sont sortis pour exprimer leur courroux. Réunis aux abords de l’infrastructure nouvellement mise en service, ils déplorent le fait qu’en plus de stagner sur la route, les eaux circulent du pont et entrent abondamment dans le quartier.
«Nous avions pourtant alerté depuis très longtemps par rapport à la construction de ce pont. On est en train de vivre aujourd’hui une malédiction. En plus des dégâts matériels causés avec la destruction des maisons, voici ce que nous récoltons après une première pluie. C’est déjà les inondations et c’est justement l’autopont qui n’a pas suffisamment été bien fait pour accueillir les eaux ruisselantes».
Le Président Macky Sall, en réponse aux inondations, avait décidé d’ériger Keur Massar en département. Votre journal parlait de «départementalisation théâtrale» à l’époque ; force est de reconnaître que cette mesure n’a en rien réglé le problème.
À Thiaroye sur mer, Cambérène, à Guédiawaye ou encore aux Parcelles assainies, la situation n’était guère meilleure. Tout comme sur la route de l’aéroport ou un pan de la chaussée jouxtant l’échangeur de l’émergence, à hauteur de la Patte d’Oie, s’est tout simplement effondré. Notamment du fait des excavations pour les travaux du Brt qui ont été mal remblayées.
La Vdn, à hauteur du cimetière Saint Lazare, s’est transformée en un ruisseau. À la Médina, faute d’un réseau d’assainissement digne de ce nom, les eaux stagnantes ont établi leurs quartiers. En l’état actuel des choses, la gestion du Plan décennal de lutte contre les inondations semble osciller entre amateurisme et mauvaise foi des autorités.
766 milliards dans le vent ?
Cette série d’inondations vient, ne serait-ce qu’un tant soit peu, contrecarrer les plans de la coalition Benno bokk yakaar qui bat campagne pour obtenir une majorité parlementaire. La mouvance présidentielle se réjouissait avant-hier du bilan « somptueux » de Macky Sall, mais l’on peut se poser des questions sur la destination des milliards engloutis par une lutte inefficiente contre les inondations.
C’est le lieu de se pencher sur le Plan décennal de lutte contre les inondations (2012-2022) établi par l’État du Sénégal avec un budget évalué à plus de 766 milliards Cfa. Il est plus que nécessaire de procéder à un audit sérieux pour édifier les Sénégalais sur la destination réelle des montants engloutis par ce Plan décennal de lutte contre les inondations.
En septembre dernier, il a chargé l’Inspection générale d’Etat de fouiller la gestion dudit Plan décennal. Alors que les inondations restent une épine dans les pieds du gouvernement et des populations, il serait bon de savoir s’il y a eu des détournements de deniers publics ou autres détournements d’objectif. L’on s’accorde à dire, à Dakar et dans les autres régions du Sénégal, que la réalisation d’ouvrages de drainage d’eaux pluviales n’avance qu’au compte-goutte.
Tribune
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