Dans plusieurs localités à travers le pays les sénégalais ont sacrifié à la tradition en choisissant ce dimanche les représentants du peuple à l’hémicycle.
Les citoyens sénégalais ont accompli ce dimanche leur devoir civique en choisissant leurs députés dans un scrutin que l’opposition a voulu mettre à profit pour imposer une cohabitation au président Macky Sall, qui espèrait, lui, conserver une large majorité.
Des joutes à un seul tour feront figure de test grandeur nature à 19 mois de la présidentielle, après les locales qui se sont déroulées en mars et qui ont été remportées par l’opposition dans plusieurs grandes villes du pays.
Ces législatives visent à renouveler pour cinq ans les 165 sièges du parlement unicaméral largement contrôlé par la coalition Benno Bokk Yakaar.
Macky Sall avait promis de nommer un Premier ministre, poste qu’il avait supprimé puis rétabli en décembre 2021 au sein de la formation victorieuse des élections.
Sur les 7 millions de Sénégalais qui devaient se rendre aux urnes même pas la moitié a voté ce dimanche selon une source proche du ministère de l’Intérieur qui a évalué le taux de participation à environ 35% en fin d’après midi.
Et les premiers résultats provisoires partiels tombés dans la soirée sont favorables au camp de Ousmane Sonko mais les chiffres globaux provisoires seront donnés au plus tard vendredi par la Commission nationale de recensement des votes.
Dans plusieurs quartiers de Dakar comme à Scat Urbam, au centre ville, à Guédiawaye ou dans la périphérie comme à Rufisque, à Thiaroye et à Mbao, beaucoup moins d’électeurs qu’à l’accoutumée attendaient pour voter dans la matinée.
La situation était aussi la même ailleurs comme au centre du pays à Diourbel, à Linguère ainsi qu’au sud où très peu de votants sont sortis à Ziguinchor et dans le reste de la Casamance.
Selon une dame rencontrée à sa sortie de l’isoloir, ces élections législatives au Sénégal, sont un important test pour le pouvoir. « Ces joutes seront sans doute d’une importance capitale pour les tenants du pouvoir. Il s’agira pour eux de se mesurer pour savoir ce qu’ils représentent dans ce pays en perspective de la présidentielle de 2024 ».
Dans la même foulée, un homme la soixantaine révolue espère lui: « que la quatorzième législature sera constutuée de députés du pouvoir et d’une forte représentation de l’opposition pour des débats contradictoires. C’est ce qui fait avancer la démocratie dans un pays », a-t-il dit.
A signaler que lors de ce scrutin de dimanche, quelques 22.000 observateurs et une quarantaine d’experts de la CEDEAO ont été déployés sur toute l’étendue du territoire national par la commission nationale électorale autonome (Cena), en charge de la supervision du élections.
Les députés sont élus selon un mode qui combine scrutin proportionnel avec des listes nationales pour 53 parlementaires, et scrutin majoritaire dans les départements pour 97 autres. La diaspora dispose de 15 députés.
Huit coalitions sont donc en lice pour ces législatives dont celles de la majorité et Yewwi Askan Wi, la principale coalition de l’opposition, formée autour de l’opposant principal Ousmane Sonko, arrivée troisième de la présidentielle de 2019.
Celle-ci s’est alliée à la coalition Wallu Sénégal dirigée par l’ancien président Abdoulaye Wade arrivé vendredi à Dakar pour reprendre les choses en main et rassembler la famille libérale.
A 96 ans, l’ancien chef de l’Etat de 2000 à 2012 s’est frayé un chemin à travers une foule de militants pour se rendre aux urnes dans son bureau de vote au point E en début d’après-midi.
A noter que la moins bien placée dans une zone s’engage à soutenir l’autre pour imposer une cohabitation à l’hémicycle.
Le scrutin s’est déroulé dans un contexte de hausse des prix, notamment à cause des conséquences de la guerre en Ukraine, arguments utilisés par l’opposition contre le pouvoir qui met en avant les subventions des produits pétroliers et des denrées alimentaires ainsi que son programme de construction d’infrastructures.
« Est-ce que la priorité des Sénégalais c’est de construire de beaux stades, de nouvelles autoroutes alors que les gens ne mangent pas à leur faim ? », a déclaré Ousmane Sonko après avoir voté à Ziguinchor. Préoccupé par le taux de participation, il a appelé les électeurs à voter en nombre « pour équilibrer les pouvoirs ».
L’opposition cherche aussi à contraindre Macky Sall à renoncer à toute velléité de candidature en 2024. Le président Sall, élu en 2012 pour sept ans et réélu en 2019 pour cinq ans, maintient toujours le flou sur ses intentions à 19 mois de la présidentielle.
« Si Macky Sall perd les législatives, il ne parlera plus de 3ème mandat », a conclu l’opposant Sonko.
« Au-delà de nos choix individuels, il y a tout ce que nous partageons et que nous devons préserver en tant que nation unie et solidaire. C’est la paix, la stabilité, la sécurité, l’intégrité territoriale de notre pays et la cohésion nationale », a de son côté déclaré le patron de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar, Macky Sall, qui a voté dans la matinée à Fatick, à 150 km au sud-est de Dakar.
Pour rappel, la pré-campagne avait été marquée par de violentes manifestations qui avaient fait au moins trois morts en raison de l’invalidation par le Conseil constitutionnel des titulaires de la liste nationale de la coalition dirigée par Ousmane Sonko, contraints de renoncer à participer aux élections.
xibaaru