La page des élections législatives est sur le point d’être complètement tournée. Après le scrutin du 31 juillet 2022 et les contentieux post-électoraux, les sénégalais ont une idée de la composition de la prochaine législature. L’une des particularités de cette nouvelle Assemblée, est qu’aucune des coalitions en compétition n’a de majorité absolue. Au sortir de ces joutes électorales, le Président Macky Sall est lâché par ses principaux soutiens. Ce qui met en péril son projet de troisième mandat.
L’horizon 2024 s’obscurcit de jour en jour pour le chef de l’Etat. Les personnes qui lui prêtent l’idée de faire un troisième mandat peuvent respirer. Les résultats des législatives prouvent le contraire. Macky Sall n’aura pas les mains libres pour faire passer ce projet suicidaire à l’Assemblée nationale. L’inter coalition Yewwi Askan Wi et Wallu Sénégal est devenue un véritable obstacle devant lui et ses projets fantaisistes. Les députés de l’opposition ne laisseront jamais Macky outrepasser la Constitution, qui a déjà réglé le problème des mandats au Sénégal.
Même si Macky Sall est toujours dans le flou concernant cette question, des faucons du Palais sont prêts à pousser le Président vers un suicide politique. Malheureusement pour eux, ce rêve ne se réalisera sûrement pas. Ce parce que le locataire du Palais semble avoir perdu le soutien de son plus grand protecteur. En effet, la France nage désormais dans le sens opposé au patron de Benno Bokk Yakaar. L’annonce des premiers résultats des législatives, était le début de l’opération lâchage.
Et c’est le Président Emmanuel Macron qui ouvre le bal. Le chef d’Etat français a révélé s’être entretenu au téléphone avec son homologue sénégalais. Un coup de fil très commenté sur les réseaux sociaux. Mais le fait marquant du Tweet du chef de l’Elysée est que ce dernier a préféré féliciter le peuple sénégalais au lieu de Macky. « Félicitations au peuple sénégalais et à la démocratie sénégalaise pour l’esprit de calme et de responsabilité dans lequel se sont déroulées les élections législatives », a-t-il écrit.
Après Macron, c’est Jeune Afrique qui laisse tomber Macky Sall. Dans un article paru le 6 août et intitulé « Super Macky en panne ? », le journal semble assimiler le troisième mandat comme un projet presque tombé à l’eau. Mais ce qui attire l’attention dans cet article de nos confrères c’est l’image utilisée (voire capture 1). Elle est vilaine et offensante. Le chef de l’Etat est caricaturé comme un super-héros à bout de souffle. De quoi se poser la question à savoir si Jeune Afrique ne chercherait pas à faire bonne figure auprès de l’opposition avant 2024 ?
Jeune Afrique n’est pas le seul média français à s’être retourné contre Macky Sall. Même « Le Monde » s’est lancé dans cette nouvelle entreprise. Ce journal, pour sa part, conseille à Macron de convaincre Macky de renoncer au troisième mandat pour ne pas mettre en danger les intérêts de la France dans ce pays stratégique pour Paris…
« L’intérêt de l’Elysée est aujourd’hui de convaincre M. Sall de sortir par le haut en 2024 et d’ouvrir le jeu politique à des talents dont le Sénégal ne peut pas manquer. Dans le cas contraire, des protestations, où les intérêts français seront inévitablement visés, ne manqueront pas d’accompagner le maintien du sortant », écrit Le Monde dans son édito du 5 août. (Voire capture 2)
Au regard de la manière dont Macky Sall est en train d’être traité par une partie de la presse française, on serait tenté de croire que la France ne veut plus de Macky Sall. Ce pays connu pour sa manière de s’ingérer dans la politique des Etats africains, sécurise ses arrières à moins de deux ans avant la fin du dernier mandat de Macky. Désormais, il n’y a plus de doute sur l’avenir politique de l’actuel locataire du Palais. Il ne reste plus qu’à voir qui prendra les commandes au sein de Benno pour la présidentielle.
Xibaaru