L’Airbus A330-900 Néo baptisé «Casamance» par le chef de l’Etat, Macky Sall, a été transféré de la compagnie maltaise Hi Fly qui l’exploitait, pour le compte d’Air Sénégal, à sa compatriote maltaise Airhub Airlines. Un transfert qui suscite beaucoup d’interrogations encore sans réponses.
Selon le journal l’Observateur paru ce jeudi 11 août, c’est une information qui vient mettre en doute deux certitudes. La première est contenue dans le discours tenu par le chef de l’Etat lors de la cérémonie de réception le 31 janvier 2019 de l’Airbus A330-900 Néo baptisé «Casamance». Ce jour- là, vêtu de sa fierté de «Père de la Nation», le président de la République indiquait que c’est une première que «le Sénégal se dote de la pleine propriété d’un avion neuf de cette dimension, à la pointe de la technologie et de l’innovation du chef de l’Etat».
La seconde, elle, a toujours lié, selon les responsables d’alors de la compagnie nationale, l’exploitation de l’avion par Hi Fly Malta à l’absence de deux documents: l’autorisation d’opérateur de pays tiers de l’UE d’Air Sénégal et un permis de transporteur aérien étranger américain. Lâchée par le site Ch-aviation.com, une des bibles de l’aéronautique, l’information sur le new-deal entre Hi Fly Malta et Airhub Airlines qui vient de renforcer sa flotte avec l’Avion A330 Néo «Casamance», est venue tout chambouler: Les convictions et les idées. Selon l’article paru ce week-end: «Airhub Airlines (AH, Malta Int’l) a ajouté à sa flotte son premier A330-900 à la mi-juin 2022, reprenant un contrat de location CMI avec Air Sénégal (HC, Dakar Blaise Diagne Intl) de son compatriote maltais ACMI/ spécialiste de l’affrètement Hi Fly Malte (HFM, Malte Intl).» Un nouvel arrange- ment entre compagnies basées à Malte qui survient trois ans après l’acquisition de l’avion, alors qu’au sein de Air Sénégal, on a toujours soutenu avoir obtenu les deux documents qui avaient poussé la compagnie nationale à confier l’exploitation de «Casamance» à Hi fly Malte.
Interrogations pourquoi le Sénégal continue de sous-traiter les opérations de l’A330 Néo ?
Dans quelles conditions s’est passé ce new deal, ce nouveau contrat d’exploitation?
Interpellé par L’Observateur, hier mercredi, sur cette affaire, le nouveau patron d’Air Sénégal n’a pas voulu se prononcer. El Hadji Alioune Badara Fall, nommé le 12 juillet 2022, en remplacement de Ibrahima Kane, a préféré faire appel au patriotisme autour de Air Sénégal, demandant à L’Observateur de se référer à son informateur présumé. Face à notre instance, il s’est dit «plus préoccupé par l’avenir d’Air Sénégal qu’à ces choses purement techniques qui n’ont pas beaucoup d’importance».
Sauf que pour une opération d’affrètement entre compagnies aériennes, il y a beaucoup de choses qui entrent en jeu. Selon le type de contrat (ce à quoi la Direction de Air Sénégal n’a pas voulu répondre) le périmètre de la location comprend, explique-t-on, l’avion, l’équipage, la maintenance et les assurances, qui sont fournis par l’opérateur affrété (loueur ou fréteur). Les autres éléments du vol (carburant, assistance aéroportuaire, droits de trafic, taxes de survol…) restent à la charge de la compagnie cliente (locataire ou affréteur). Mais dans cette nouvelle configuration contractuelle et face à l’omerta de la Direction générale de Air Sénégal, la question qui se pose est: qui est le fréteur ou l’affréteur? Surtout que, indique ch-aviation.com, l’avion «Casamance», maintenant géré par Airhub Airlines pour Hi Fly, a volé pour la première fois avec le nouvel opérateur (Airhub) le 17 juin dernier, de l’Aéroport international Blaise Diagne à Marseille (France). Il a depuis été déployé principalement sur les services transatlantiques vers New York et Baltimore.
Macky Sall et la réception de l’Airbus A330
L’Airbus A330-900 Néo baptisé « Casamance » a été réceptionné le 31 janvier 2019 sur le tarmac de l’Aéroport international Blaise Diagne par le président de la Ré- publique, Macky Sall. Pour lui, c’est une première que le Sénégal se dote de la pleine propriété d’un avion neuf de cette dimension, à la pointe de la technologie et de l’innovation.
Macky Sall : «L’acquisition de ce nouvel appareil vient renforcer la flotte de notre compagnie nationale. Notre pavillon national est désormais outillé pour engager l’exploitation de son réseau international. Ce faisant, nous confortant de la vocation de notre pays, de par son positionnement géographique, d’être un hub aérien à la croisée de voies intercontinentales, cette vocation correspond à une vision ambitieuse et rationnelle de ce que doit être le Sénégal émergent. Un Sénégal audacieux ; un Sénégal qui progresse; un Sénégal qui travaille avec un aéroport moderne répondant aux standards internationaux. En matière de trafic, il est logique de travailler à positionner le Sénégal comme un hub aérien qui nous ouvre au reste du monde. Le transport aérien est exigeant avec une marge de manœuvre qui ne laisse que peu de places à l’erreur et aucune à l’improvisation.»
Seulement 3 ans après, le flou entoure encore son exploitation. C’est quoi un contrat de location Acmi ? Une location Acmi – ircraft, Crew, Maintenance and Insurance, ou Wet leasing (location avec services) est une opération d’affrètement entre compagnies aériennes, où le périmètre de la location comprend l’avion, l’équipage, la maintenance et les assurances, qui sont fournis par l’opérateur affrété (loueur ou fréteur). Les autres éléments du vol (carburant, assistance aéroportuaire, droits de trafic, taxes de survol…) restent à la charge de la compagnie cliente (locataire ou affréteur).
Pour la compagnie cliente, l’affrètement Acmi est un moyen de couvrir des besoins anticipés et de gagner en flexibilité, mais également de trouver une solution de remplacement dans l’urgence. Ainsi, la compagnie qui affrète l’avion peut anticiper sur une surcharge programmée de son programme de vols pour couvrir les pics saisonniers, ou faciliter le lancement de nouvelles liaisons. Elle peut égale- ment faire face sans préavis à un événement imprévu (panne d’avion, AOG, avion immobilisé, tension du programme du personnel navigant) nécessitant un remplacement en externe, et éviter d’annuler ou retarder lourdement ses vols et laisser ses passagers sans solution de transport. Pour la compagnie aérienne bail- leur, qui met à disposition l’avion, c’est l’opportunité de faire voler un avion qui n’a pas d’activité programmée sur son réseau propre pendant un creux d’activité, ou de faire du «Wet leasing» une activité à part entière, certaines compagnies aériennes étant dédiées à cette activité de location Acmi.
laviesenegalaise
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