Les concessionnaires du nettoiement sont sur le qui-vive. Ils cumulent huit mois d’arriérés de paiement, soit 28 milliards de francs Cfa que l’Etat tarde à solder. «L’Etat nous doit beaucoup d’argent. Jamais ses arriérés de paiement auprès des concessionnaires de nettoiement n’ont atteint une telle somme. Depuis 2021 jusqu’à présent, il n’arrive pas à solder cette dette», a déclaré Ndongo Fall. Son collègue, Bara Sall, directeur de la Société de transport et de commerce (Stc), par ailleurs coordonnateur des concessionnaires, embouche la même trompette. «Depuis la suppression de la Sias jusqu’à présent, nous intervenons. Il est arrivé un temps où l’Etat du Sénégal a confié la gestion des ordures à des sociétés étrangères en leur donnant des marchés à coup de milliards et nous paie des miettes. Il nous doit des arriérés estimés à des dizaines de milliards», a-t-il soutenu.
Et c’est pour rentrer dans leurs fonds qu’ils ont tenu hier un point de presse, en lançant un cri du cœur à l’endroit des autorités.
D’après Ndongo Fall, les concessionnaires ont écrit à qui de droit dans ce sens.
Ils ont dans un premier temps adressé une correspondance à Mass Thiam, Directeur général du Projet de promotion de la gestion intégrée et de l’économie des déchets solides (Promoged), puis au ministre du Budget et enfin au président de la République, avec qui ils ont signé un protocole d’accord qui, malheureusement, n’a jamais été suivi d’un respect des engagements pris. Alors que, rappelle Ndongo Fall, le président de la République avait promis de leur donner quelque chose tous les deux mois jusqu’à l’épuisement de cette ardoise au courant de l’année 2021. Mais cet engagement n’était qu’un vœu pieux. Car, en plus des deux mois impayés de l’année écoulée, seuls les 3/4 des concessionnaires ont perçu la dernière facture. Et depuis le 4 août, ils tardent à entrer dans leurs fonds.
En dehors de ces retards de paiement, les concessionnaires ont déploré aussi la manière dont ils sont payés.
«Ils nous paient par tranche de 20%. Nous nous perdons souvent dans notre comptabilité. S’ils nous payaient par facture, cela faciliterait les calculs.
Quand Mass Thiam verse l’argent au Trésor pour les paiements, au lieu que le Trésor nous paie au même moment, il nous met en rapport avec des fournisseurs qui nous donnent des pneus, du pétrole et du gaz, des pièces de rechange», a-t-il expliqué, tout en précisant que cela les met en mal avec ces fournisseurs.
Abondant dans le même sens, Boubacar Diallo, administrateur de l’Ecosystème et membre du Collectif des concessionnaires du nettoiement, de souligner que tous ceux qui se trouvent autour de cette table sont des chefs d’entreprise, des régulateurs sociaux, qui sont très inquiets pour l’avenir de leur société.
Même si par ailleurs, ils ont reconnu les efforts consentis par l’Etat pour l’année 2022, ils n’ont pas manqué de relever que la dette n’a jamais atteint un tel montant.
«Dans le passé, il nous devait des dettes de 5 ou 6 milliards», a-t-il informé. Mais, s’ils continuent à travailler, c’est grâce au soutien des bonnes volontés comme les concessionnaires qui financent la collecte et le transport des ordures. C’est la raison pour laquelle ils demandent au chef de l’Etat de leur accorder une audience, afin de lui exposer tous les problèmes auxquels ils sont confrontés.
lequotidien