Il y a exactement un mois, se tenaient les élections législatives qui ont consacré la déroute politique de Benno bokk yaakaar dont le staff dirigeant semble comme frappé de sidération. Pourtant, le déclin du camp de la majorité présidentielle était déjà perceptible lors des élections de janvier dernier, mais les communicants de Benno bokk yaakaar, aveuglés par la gouvernance tyrannique -à la limite de la schizophrénie- de leur mentor, l’avaient mis sur le compte des divisions internes dans leur camp.
Il faut reconnaître que la période préélectorale avait été caractérisée par une démesure frisant la démence, avec un fait unique dans les annales de l’histoire électorale mondiale, à savoir l’invalidation de la «semi-liste» de titulaires de Yewwi et celle des candidats suppléants de Benno, comme pour faire bonne mesure.
N’oublions pas, -pour agrémenter le contexte loufoque-, l’élimination, pour divers prétextes fallacieux, de 17 autres listes concurrentes à celle de Benno, l’arrestation arbitraire de députés en session dont on n’aura pas pris la peine de lever l’immunité parlementaire, de maires et de citoyens vaquant tranquillement à leurs occupations. Il y a aussi eu, comble de la stupidité, le siège des maisons de leaders politiques de l’opposition.
C’est dire que l’amplification du désaveu populaire de ce pouvoir «néronesque», lors des Législatives de fin juillet, a été un électrochoc salutaire qui a balayé les derniers doutes sur le déclin programmé de la coalition présidentielle, malgré l’utilisation d’armes politiques non conventionnelles.
Comble de désespoir, le chef de l’Etat et ses thuriféraires peinent à changer de paradigme, malgré la nouvelle donne politique que constitue le désamour flagrant entre eux et les populations !
Alors que dans une démocratie digne de ce nom, on aurait eu droit à une allocution solennelle du chef de la majorité, reconnaissant, sinon une défaite politique indéniable, tout au moins un recul électoral substantiel, on a vu les cadres politiques de Benno se glorifier d’être premiers de la classe.
Ce faisant, ils commettaient une double faute : ils occultaient leur perte de majorité, aussi bien en termes de sièges que par rapport au vote populaire, tout en se privant de la possibilité de se réconcilier avec les Sénégalais, qui semblent leur avoir définitivement tourné leur dos.
En attendant, le pays continue de subir les caprices d’un Président «autiste» qui, faute d’avoir pu déchiffrer le message pourtant clair des électeurs sénégalais, met la vie publique à l’arrêt, en faisant une sorte de grève de zèle. De fait, il refuse de nommer un Premier ministre, alors que la loi rétablissant ce poste a été votée depuis décembre dernier, maintient à leurs fonctions, des ministres ayant perdu, depuis plusieurs mois, toute légitimité politique et retarde l’installation de la nouvelle législature pour des raisons purement politiciennes et partisanes. Ce qui ne l’empêche guère de parcourir le monde par monts et par vaux, aux frais du contribuable, bien entendu !
Quid de l’opposition ?
Il est navrant de constater, encore une fois, que ce sont des querelles de leadership ou des rivalités autour de la présidence de l’Assemblée nationale qui sont mises en avant, en lieu et place des discussions programmatiques.
Or, le simple fait que ce soit une liste de suppléants qui ait remporté cette élection législative, (en prenant en compte les fraudes en zone rurale -surtout au Fouta- et les quiproquos au sein de l’Inter-coalition Yewwi-Wallu dans certains départements), devrait inciter les leaders de l’opposition à plus de modestie. D’ailleurs, le même phénomène avait pu être observé lors des élections locales, au cours desquelles d’illustres inconnus ont pu gagner plusieurs collectivités territoriales dont l’une des plus grandes de la capitale contre des politiciens bien établis, de gros poissons pris -il est vrai- dans les filets de la transhumance.
Cela traduit certes, avant tout, le ras-le-bol des populations contre les difficultés de la vie, l’injustice ambiante, l’excès d’autorité du régime autocratique de Benno, en même temps qu’une ferme volonté de promouvoir des hommes politiques appartenant aux nouvelles générations.
C’est ce qui fait que l’Inter-coalition Yewwi-Wallu et l’ensemble des forces d’opposition ont l’impérieux devoir de transformer le vote de défiance populaire contre Macky Sall et ses velléités de candidature illégale aux prochaines présidentielles en un vote d’adhésion, si ce n’est à un programme alternatif en 2024, tout au moins à une feuille de route commune, pour un laps de temps déterminé.
A plus long terme, il y aura une nécessité de clarification politique, préalable incontournable pour la délimitation entre forces patriotiques et celles soumises aux désidératas des puissances étrangères.
Mais à l’étape actuelle, il faut mettre sur pied une nouvelle Coalition de la Raison (retrouvée), qui pourra inclure certains hommes politiques lucides de l’actuelle majorité en voie de déliquescence et qui pourront faire valoir leurs légitimes ambitions dans la course à la magistrature suprême, qui s’annonce.
Des ententes d’Etats-majors politiques sur la base du plus petit commun dénominateur sont possibles, car la résolution de certaines exigences démocratiques, ayant atteint leur seuil de maturité, devient une condition sine qua non de stabilité de tout futur régime dans notre pays.
Parmi celles-ci, figurent la réforme du processus électoral, avec la suppression du parrainage citoyen sous sa forme actuelle, le réaménagement de la loi sur la parité, qui devra être moins mécanique, et l’adoption du bulletin unique, en se servant des leçons tirées des contre-exemples des régimes issus de nos deux premières alternances. Il y a également urgence à prendre certaines mesures comme la réévaluation, par des experts indépendants, de toutes les procédures judiciaires intentées contre des hommes politiques (Barthélemy Dias, Karim Wade, Khalifa Sall, Ousmane Sonko…). De nouveaux consensus devront être recherchés sur le Conseil supérieur de la magistrature et le Conseil constitutionnel, pour rendre notre Justice réellement indépendante.
Concernant la liberté de presse, il faudra aller vers la suppression du monopole de la coalition au pouvoir sur les médias publics et promouvoir la pluralité médiatique, par la répartition équitable des marchés de la publicité et autres droits de retransmission d’évènements sportifs. Le poste de président du Cnra devra faire l’objet d’appel à candidature.
Pour ce qui est de la lutte contre la corruption et l’impunité, il faudra régler la question du leadership de l’Armp et diligenter le traitement des dossiers judiciaires, bloqués soit au niveau de la présidence ou au niveau du bureau du Procureur dont ceux de l’Ofnac.
Ce ne sont là que quelques exemples du grand catalogue des Assises nationales et de la Cnri dont le Peuple sénégalais devrait s’approprier dans son entièreté, dès que les conditions politiques s’y prêteront.
lequotidien
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