La situation de La Poste va de mal en pis. Et les difficultés sont d’ordre structurelles et conjoncturelles qui la soumettent à l’exigence impérieuse d’engager de profondes réformes notamment la réadaptation pour se garantir sa viabilité, faute de quoi, elle finira pour mourir de sa belle mort. Le courrier, sa fonction de prédilection n’a d’ailleurs cessé d’enregistrer une chute drastique de son volume. Et ce, depuis l’avènement des technologies numériques et sans doute de la rude concurrence d’opérateurs privés. Les transferts de fonds, les comptes courant et d’épargne qui constituent la principale source de revenus de La Poste ne sont nullement épargnés par les effets de la forte concurrence. Face à cette situation, La Poste n’a cessé depuis lors d’accumuler des contre-performances qui aujourd’hui menacent sérieusement environ 4 300 travailleurs qui, en juillet 2021 avaient battu le macadam pour décrier la gouvernance du groupe. Lors de cette marche de protestation, les postiers avaient pointé le doigt accusateur au chef de l’Etat Macky Sall d’avoir pris des milliards de la poste pour les bourses familiales sans en retour, les rembourser, renseigne SudQuotidien.
Et pourtant, en avril 2014, étant informé de la difficile situation financière de la boite, le chef de l’Etat lui-même avait «instruit» la mise en place d’un sous-comité interministériel de restructuration de La Poste. Mais depuis, rien de congrès n’est sorti dudit comité pour poser le garrot et ainsi sauver la boite.
Les instructions du chef de l’Etat foulées au pieds
Pendant ce temps, la situation se dégrade jour après jour. Le plan de relance préconisé par le chef de l’Etat relatif à l’accélération de la réforme institutionnelle et qui consisterait à transformer Postefinances en une banque postale pour diversifier les activités et relancer les services postaux est rangée aux oubliettes. Pendant ce temps, Les déficits se cumulent d’année en année. Comparativement, la France, elle, a pu contrer la chute du volume du courrier, a diversifié son activité dans les services de proximité, notamment l’assurance et la banque, avec la Banque Postale. La France a su développer le transport des colis pour profiter de l’essor du commerce électronique allant même jusqu’à faire de la Caisse des dépôts l’actionnaire majoritaire, aux côtés de l’État.
Pour le cas du Sénégal, une mesurette relative à la diversification des produits comme l’assurance et la banque a été prise. Il s’agit de la compense qui date de 2018. Cette compense n’est plus en décade mais se fait tous les jours par Postefinances. D’ailleurs, il semble bien que la signature de cet accord serait à l’origine de cette tension de trésorerie au niveau du groupe avec le blocage des versements effectués par les gros clients dans le réseau rendant ainsi secs les bureaux postaux de l’intérieur. A noter que lors du conseil des ministres du 06 mai 2020, le président Sall avait demandé, au ministre de l’Economie numérique ainsi que celui des Finances et du Budget d’accélérer le Plan de transformation de La Poste. En interne, un document de relance élaboré n’est toujours pas validé. Quant au niveau supérieur pas un seul sou dans le cadre du plan de relance n’a jusqu’ici été injecté pour asseoir une compétitivité viable et durable bâti autour de quatre axes à savoir le développement de l’offre de services, de la transformation numérique de La Poste, de la rationalisation des effectifs et du développement des compétences du personnel, et enfin la réforme du cadre institutionnel et de la gestion administrative.
Le clientélisme politique plombe la boite
Le management stratégique est relégué au second plan au profit du clientélisme politique. Toutefois, il faut noter que cette pratique destructrice des politiques ne date d’aujourd’hui. Quasiment du président Abdou Diouf à Macky Sall, en passant par Abdoulaye Wade, les entreprises publiques, parapubliques, les agences et autres directions ont tout simplement servi d’instruments de recasement d’hommes politiques et/ou de vaches à lait. S’il s’avère que ces choix politiques ne sont nullement interdits, il apparait cependant judicieux, rentable et efficient de prioriser le développement et la viabilité de ces poumons de l’économie nationale garants d’une économie inclusive et durable devant permettre à l’Etat d’éviter les tensions sociales qui décroissent l’Etat. Lors de la dernière grande mobilisation des postiers, en juillet 2021, ils avaient littéralement dénoncé la politisation de leur outil de travail, caractérisé par des recrutements abusifs ne répondant ni aux profils encore moins aux besoins de l’entreprise. Par la même occasion, ils avaient en outre réclamé un audit et le paiement intégral de la dette que l’Etat leur doit.
leral
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