Sias, Prodak, Aprodac, Aprosen, Ama Sénégal, Entente Cadak-Car, Ucg sont autant de noms qui se sont succédé dans la gestion des déchets solides. En attendant le lancement officiel et les premiers pas de la Sonaged S.a, Madany Sy, Secrétaire général du Syndicat national des travailleurs du nettoiement, liste les doléances et attentes des travailleurs.
La Société nationale de gestion des déchets solides (Sonaged) succède à l’Unité de coordination de la gestion des déchets solides (Ucg). Mass Thiam et Talla Cissé ont respectivement été nommés Directeur général et président du Conseil d’administration de la société. Le Secrétaire général du Syndicat national des travailleurs du nettoiement (Sntn), Madany Sy, lui, reste attentif aux prochains pas de la nouvelle société et surtout à la sauvegarde des intérêts des professionnels du nettoiement. «Il y a eu un éternel recommencement, un flou institutionnel et ce sont toujours les travailleurs qui ont eu à payer les pots cassés. Nous ne faisons pas de fixation sur le nom. Sonaged ou Ucg, ce qui compte pour nous, c’est que les intérêts des travailleurs soient préservés. Nous attendons de voir. Nous n’accepterons aucune forfaiture ou politisation», annonce-t-il.
Le plus important pour lui, c’est la santé des techniciens de surface. «La prise en charge médicale est négligée. On ne peut pas concevoir que des travailleurs qui sont en contact permanent avec les odeurs pestilentielles et les déchets, ne puissent pas se soigner ou se faire suivre médicalement», avance Madany Sy, qui est par ailleurs le président du Conseil d’administration de la Mutuelle de santé des travailleurs du nettoiement. Il demande donc la généralisation de la prise en charge des employés.
«La mutuelle ne prend en charge que les agents permanents, qui sont au nombre de 1446. C’est au total 5194 ayants-droit si on inclut les familles de ces derniers.
Il nous faut un accompagnement de l’Etat ou de l’Ucg pour une meilleure prise en charge de l’ensemble des agents du nettoiement», souligne-t-il, tout en précisant que le défaut de couverture médicale était dû à l’absence d’un statut juridique permettant à l’Ucg de prendre en charge l’ensemble des travailleurs.
En outre, le syndicaliste, bien qu’ayant relevé et salué une hausse des émoluments des agents, considère que compte tenu de la cherté de la vie, le pouvoir d’achat de ces derniers doit être augmenté. «L’argent des ordures doit davantage profiter aux ayants-droit. Sur un budget de presque 17 milliards, moins de 3 milliards vont vers les travailleurs qui se saignent et occupent rationnellement le terrain», rappelle M. Sy. Ces agents du terrain dont les équipements individuels de protection peuvent encore être renforcés, doivent en outre avoir un statut et jouir de la possibilité d’avoir un plan de carrière.
C’est du moins le souhait du représentant des travailleurs à l’endroit surtout des jeunes qui sont venus grossir les rangs de l’Ucg avec le programme Xëyu ndaw ñi. «Ces jeunes, qui ont entre 18 et 35 ans pour l’essentiel, qui sont parfois diplômés et qui se sont décomplexés, sont les précurseurs d’un phénomène social nouveau et doivent avoir un plan de carrière et la possibilité de s’épanouir dans le secteur», ajoute Madany Sy à ses requêtes. Ses requêtes, le Secrétaire général du Syndicat national des travailleurs du nettoiement les égrène avec un brin d’espoir. Un espoir qui repose essentiellement sur la personne de Mass Thiam, reconduit à la tête de la nouvelle société nationale en charge des ordures. «Tout le monde a vu qu’il a, à travers les innovations qu’il a apportées, changé considérablement le cadre de vie. Il a également su apaiser un secteur en ébullition. Il n’y a presque plus de grève à l’Ucg. Avec Mass Thiam, tout est possible. Tous les travailleurs le disent», justifie-t-il.
Parmi les doléances et attentes de Madany Sy, figure également un appui de la tutelle pour qu’une Cité des travailleurs du nettoiement voie enfin le jour. «Depuis 2012, nous avons une coopérative d’habitat. Les adhérents cotisent 13 500 F mais nous peinons à avoir des terres. Il est heureux de constater que notre ministre de tutelle (Ndlr : Abdoulaye Saydou Sow, ministre de l’Urbanisme, du logement et de l’hygiène publique) gère les 100 000 logements. Nous pensons mériter cette Cité parce que nous sommes des citoyens modèles et tout le monde reconnaît la valeur des techniciens de surface. Il suffit d’une journée sans ramassage pour que 3400 tonnes d’ordures envahissent Dakar», explique-t-il.
Comme preuve ultime de l’importance des travailleurs du nettoiement, le syndicaliste évoque le spectre du Covid-19. «C’est nous qui prenions les ordures des malades, des hôpitaux et des ménages. Pourtant, nous sommes rarement cités comme remparts et du Fonds force Covid-19, nous réclamons toujours notre part», rappelle Madany Sy.
Des attentes, le représentant des travailleurs du nettoiement en nourrit aussi vis-à-vis des populations sénégalaises. Pour lui, si Kigali est vantée comme la ville la plus propre alors que les Rwandais étaient venus s’inspirer du modèle sénégalais dans les années 92 avec l’avènement du Set-setal, l’élément décisif est à chercher dans la culture citoyenne et la fibre environnementale. «Le travail abattu sur le terrain et les efforts financiers consentis doivent être accompagnés d’un changement des comportements. Pour un Sénégal propre, tout le monde doit mettre la main à la pâte», conclut-il.
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