La recherche agricole doit être financée de manière souveraine par l’Etat, pour ne pas tomber entre les mains de partenaires peu soucieux des priorités du pays, ont dit, lundi, à Thiès (ouest), des responsables de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA) et de l’Ecole nationale supérieure d’agriculture (ENSA).
Des chercheurs de l’ISRA ont abordé la question du financement de la recherche, en marge d’une réunion sur la budgétisation des activités scientifiques dudit organisme public de recherche.
‘’L’essentiel de nos activités de recherche se fait sur la base de projets compétitifs’’, a souligné Aliou Faye, le directeur du Centre d’étude régional pour l’amélioration de l’adaptation à la sécheresse (CERAAS), un démembrement de l’ISRA.
‘’Si le projet de recherche est accepté, le partenaire le finance. C’est très bien, cela nous permet de dérouler [nos activités de recherche]’’, a expliqué M. Faye.
Il souhaite que les chercheurs ne dépendent plus du bon vouloir des partenaires financiers. ‘’Nous pensons que le gouvernement devrait soutenir davantage l’ISRA, a dit Aliou Faye. Quand un bailleur de fonds finance ta recherche, il dit ce qu’il veut que tu étudies, et cela peut ne pas être une priorité pour le pays.’’
Il arrive que les sujets de recherche des partenaires financiers correspondent à ce qui ‘’tient à cœur’’ les chercheurs et aux priorités du pays, reconnaît le directeur du CERAAS.
Mais, soutient Aliou Faye, il revient à l’Etat d’identifier les ‘’questions critiques’’ sur lesquelles il veut fonder la recherche agricole et de trouver les moyens financiers permettant aux organismes de recherche de s’en charger.
La prise en charge du financement de la recherche par des institutions partenaires comporte l’inconvénient de ‘’laisser en rade des [sujets] qui pourraient être extrêmement importants pour le développement du pays’’, selon M. Faye.
‘’Nous sollicitons vraiment l’aide du gouvernement’’, a-t-il insisté.
‘’C’est le [même] plaidoyer que je fais’’, a dit le professeur Ibrahima Diédhiou, directeur de l’ENSA.
Certains sujets de recherche sont ‘’très stratégiques pour le pays’’ et doivent, par conséquent, être financièrement pris en charge par l’Etat, selon M. Diédhiou.
‘’Il faut que (…) l’Etat accompagne l’ISRA en termes de ressources’’, pour que l’institut de recherche ne soit pas obligé de ‘’compter sur les fonds compétitifs’’ provenant en dehors des ressources publiques, recommande le directeur de l’Ecole nationale supérieure d’agriculture.
Faute de fonds suffisants à leur disposition, des chercheurs de l’ISRA continuent de soumettre des candidatures à des appels à projets lancés par des partenaires financiers, a-t-il rappelé.
Selon Madiama Cissé, le budget annuel de l’Institut sénégalais de recherches agricoles, ‘’conventions et contributions de l’Etat’’ réunies, s’élève à ‘’8, voire 9 milliards de francs CFA’’.
L’Etat sénégalais prend en charge le budget de fonctionnement et les salaires de l’institut de recherche, le financement de la recherche proprement dite étant ‘’essentiellement’’ assuré par d’autres entités, selon M. Cissé.
aps