Une centrale à charbon de 125 Mw érigée sur un terrain de 29 hectares, un port minéralier et vraquier où il est prévu le stockage d’1 446 800 tonnes de charbon, 3 090 000 tonnes de phosphate, 600 000 tonnes de soufre, et encore une sidérurgie dans une zone économique spéciale de 100 hectares. C’est un vrai rouleau compresseur qui est en train de se déployer sur Bargny. Qu’en sera-t-il de la collectivité à la mise en service de ses projets ? Le Réseau des associations pour la protection de l’environnement et de la nature (Rapen), appuyé par des partenaires, a diligenté une étude sur les impacts cumulatifs des projets industriels dans la commune.
La restitution des travaux s’est déroulée mercredi au Cnfa de Rufisque. Le Rapen se bat depuis des années pour la préservation du cadre de vie. «Il faut placer l’étude dans son contexte marqué par le fait que Bargny est envahie de toutes parts par des projets industriels avec une forte empreinte écologique. A cela s’ajoutent des phénomènes climatiques tels que l’érosion côtière qui comprime l’espace de vie des communautés de Bargny», a précisé Thaddée Adiouma Seck, membre de l’Ong Natural justice, entité partenaire dans l’étude.
«C’est à ce cocktail explosif que nous assistons et qui est plus ou moins alarmant et qui fait l’objet aujourd’hui de discussions», a-t-il poursuivi en marge de la rencontre. «Les trois projets qui viennent de s’installer dans la zone ont tous pratiquement les mêmes types d’émission sur l’air (…) La dégradation de la qualité de l’air sera exacerbée si des mesures d’atténuation adéquates ne sont mises en œuvre», lit-on dans les conclusions de l’étude. «D’abord, il y a leurs activités elles-mêmes qui sont génératrices directement de pollution : utilisation de charbon par la centrale de stockage en vrac et manutention de charbon, gypse, clinker (…)
A cela vont s’ajouter des centaines de camions par jour pour le transport de tous ces matériaux, ainsi que le trafic maritime. On estime à 200 camions par jour rien que pour l’usine de sidérurgie. Les ressources de la zone sont menacées avec l’installation des trois nouveaux projets, auxquels s’ajoutent la Sococim industries et le trafic routier», poursuivent le Rapen et ses partenaires dans leurs conclusions. Ils ont aussi pointé, entre autres, les impacts sur la pêche et ses activités connexes, sur la santé, sur le foncier. «Bargny est un cas d’école.
Le développement oui, mais à quel prix ?», s’est interrogée Fatou Samba, membre du Rapen, voyant d’un mauvais œil cette concentration de projets polluants dans la commune. «C’est la catastrophe, et il faut que des solutions puissent être trouvées parce qu’en l’état, c’est la survie des populations qui est en jeu», a-t-elle dit. Une seule issue, croit savoir le membre de Natural justice. «Tout dépend de l’approche que vont prendre les autorités étatiques», a-t-il insisté, assurant de la nécessité pour celles-ci de prendre les bonnes décisions pour que la vie à Bargny puisse être possible.
lequotidien
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