D’où lui est venue cette idée ? Nancy Mbaye explique tout d’abord avoir grandi “dans le social”. Elevée par ses grands-parents maternels à Dakar, et non par ses parents. « J’ai vécu comme une enfant très gâtée. Mon grand-père était douanier et ma grand-mère avait le cœur sur sa main. Elle partageait beaucoup, tout le temps. Continuer à le faire, c’est aussi une façon de réparer une souffrance en moi, de se battre pour survivre.”
Adolescente, elle rêve de devenir hôtesse de l’air, mais garde les pieds sur terre. À 13 ans, elle croise une femme incarcérée pendant des vacances chez son oncle, qui était directeur de prison. “Les prisonniers de bonne conduite venaient à la maison pour nettoyer. J’ai demandé à une dame comment elle faisait pendant ses règles, et elle ne m’a pas répondu. J’ai toujours en mémoire son regard, chargé de larmes”.
Après le lycée Blaise Diagne, elle fait un DTS de secrétariat, mais file en Italie en 2008, à 25 ans, où elle suit un amoureux. Elle consacre à sa cause, des protections pour les détenues au Sénégal, la majeure partie de son premier salaire, gagné grâce à de petits boulots en bord de mer. Son oncle, peu avant sa retraite, lui demande d’arrêter de lui envoyer de l’argent. Il ne pourra plus s’occuper d’acheter ces produits, et lui conseille de monter une structure.
Depuis, elle rayonne, au fil de rencontres pour elles déterminantes. En Guinée-Bissau, elle collabore avec une ancienne Première dame, l’épouse de Malam Becaye Sagna, pour améliorer les conditions de vie dans un orphelinat. Depuis 2014, elle a contribué à l’installation de la lumière, au paiement du loyer et à l’achat de nourriture. « Ces dons, je les fais avec le cœur », dit-elle. À Bruxelles, elle envoie aussi des colis de nourriture à la prison de Forest, pendant le mois de ramadan. « Même au restaurant, j’ai l’écoute de mes clients, que je considère comme mes amis. Je reçois des informations et j’aide des familles qui ne sont pas forcément sénégalaises, mais aussi belges, françaises, italiennes… »
Nancy Mbaye a toujours voulu faire la différence de manière positive, sans faire de bruit. Ce pilier de la communauté sénégalaise à Bruxelles dispose d’un label de production pour organiser des évènements, aide à vendre les billets de concert des artistes sénégalais et fait du catering. Elle a remué ciel et terre pour qu’Omar Pène, en concert le 26 mars dernier à Bruxelles, soit accueilli par une salle comble et enthousiaste. « Je préfère œuvrer dans l’ombre, mais j’espère inspirer des jeunes. Je suis croyante. Quand on travaille pour Dieu, ce n’est pas la peine de mettre des baffles ! »
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