Selon l’économiste Mor Gassama, enseignant-chercheur, la réalité est que ce budget dit social est motivé par une envie du chef de l’Etat de se faire réélire et de rattraper certains manquements.
Pour l’exercice 2023, le président de la République a décidé de faire un budget social qui règlerait les problèmes auxquels les Sénégalais sont confrontés, en particulier la vie chère. Mais pour l’économiste Mor Gassama, enseignant-chercheur, la réalité est que ce budget dit social est motivé par une envie du chef de l’Etat de se faire réélire et de rattraper certains manquements. C’est ce qui explique, selon lui, la décision de l’Etat de poursuivre certaines subventions ou encore de maintenir les programmes de filets sociaux.
L’Etat, depuis l’arrivée de Macky Sall à la tête du pays, a toujours donné des appellations à ses budgets nationaux. C’est ainsi que, par le passé, on a eu des budgets programmes ou des budgets d’investissements. Pour l’année 2023, le projet de loi de finances s’élève à 6 400 milliards de francs CFA contre 5 150 milliards de francs CFA en 2022, soit une hausse de 1 250 milliards de francs CFA. Un budget dit « de solutions » selon le président de la République, qui pense qu’avec ce montant, il va régler plusieurs problèmes, notamment liés à la vie chère.
Pour Mor Gassama, enseignant-chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le gouvernement a décidé de déclarer 2023 une année sociale et d’affecter les 45 % de ce budget dans le social. « On ne peut pas le refuser à un gouvernement en période pré-électorale vu que le président de la République est certainement animé par le souci de réélection. De ce point de vue, 2023 est une année exceptionnelle où il doit impérativement fournir des efforts exceptionnels pour essayer un tant soit peu de rattraper certains manquements’’, explique Mor Gassama. L’économiste estime que la volonté est certes manifeste, mais précise que l’environnement international n’est pas favorable à ce genre de libéralités.
Selon lui, cet environnement ne plaide pas en faveur des souhaits du gouvernement. ‘’Cela signifie en d’autres termes que la tâche ne sera pas facile. Il y a plusieurs éléments qui échappent au contrôle du gouvernement malheureusement. Par exemple, notre forte dépendance à l’extérieur nous expose facilement aux chocs extérieurs’’, souligne l’enseignant-chercheur. Gassama soutient qu’en situation de crise, il faut privilégier souvent les mesures conjoncturelles pour faire face à la situation et s’en sortir au plus vite. D’après lui, cela ne signifie nullement qu’on doit négliger les mesures structurelles destinées à trouver des solutions durables. Dans l’entendement de notre interlocuteur, un budget de solutions laisse entendre la résolution des problèmes liés aux inondations.
Subventions et filets sociaux
Or, déplore l’économiste, dans ce budget 2023, il n’est pas prévu d’apporter des solutions à ce phénomène qui cause pourtant d’énormes difficultés aux populations, notamment celles de banlieue. ‘’C’est clair qu’il n’aura pas comme ambition de régler ce problème. Il pourrait participer à améliorer la situation, mais tout dépendra de la volonté des autorités gouvernementales. Je pense que la situation des inondations est beaucoup trop complexe et mérite une solution radicale pour soulager efficacement et durablement la souffrance des populations.
Concernant le choix de l’Etat de continuer à subventionner le prix du carburant et de rester dans la dynamique de ses différents programmes de filets sociaux, l’économiste soutient que les deux aspects ne sont pas mutuellement exclusifs. « En subventionnant, l’Etat cherche à permettre aux agents économiques de conserver leur pouvoir d’achat. A ce niveau, un bon ciblage serait plus efficace », recommande Gassama.
Pour cette année, le budget a encore connu une augmentation s’inscrivant dans la lignée de la tendance haussière observée depuis plusieurs quelques années. Il s’élève exactement 6 400 milliards de francs CFA. De la même façon, les dotations budgétaires de certaines institutions de la République comme le Conseil économique, social et environnemental (CESE), l’Assemblée nationale ou encore le Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) ont pris l’escalier. Dans le sens de la montée, bien sûr !
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