Bien que les gens n’en parlent pas beaucoup, les changements climatiques sont une préoccupation majeure avec des conséquences comme la vulnérabilité de nombreuses zones. Les impacts provoquent des départs des populations à cause de la destruction des habitats, des écosystèmes, des infrastructures.
Par Justin GOMIS – Les questions du foncier et de l’érosion côtière se posent avec acuité au Sénégal. «Depuis les 50 dernières années, on a de nombreux déplacements de village dans les régions côtières, Palmarin, Cap-Skirring, Diembéring. Jusqu’à Toul baba Dièye, une histoire récente avec la rupture de la brèche de Saint-Louis», a rappelé Cheikh Lô.
Cette situation, la commune de Yène l’a aussi vécue à cause de l’avancée de la mer, qui va provoquer les prochaines années des dégâts terribles vu la persistance des changements climatiques. «Nous sommes en train de perdre toute notre assiette foncière à cause de l’avancée de la mer», alerte Ibra Diagne, le premier adjoint au maire de la commune de Yène.
Selon lui, l’érosion côtière a provoqué le déplacement de beaucoup de personnes à cause des impacts négatifs des changements climatiques sur elles, les habitations et surtout leurs activités professionnelles. «Une activité génératrice de revenus parce que nous sommes des pêcheurs.
Et en tant que pêcheurs, nous vivons aussi à côté de la mer», a-t-il expliqué.
Cheikh Lô, Directeur général du Centre de suivi écologique (Cse), assure que cette situation liée aux changements climatiques impacte aussi la productivité des terres. «Ce sont des terres qui se dégradent, c’est de l’eau qui s’évapore. Toutes ces pertes du capital naturel ont un impact sur les conflits et la pression sur le foncier», a-t-il dit.
Mais pour trouver une solution à ces effets liés aux changements climatiques, un atelier de réflexion a été organisé ce jeudi par le Centre de suivi écologique. Il a réuni plusieurs acteurs autour de la double question des changements climatiques et du foncier.
L’objectif de ce projet de l’Union africaine financé par la Coopération allemande à hauteur de 105 000 euros (près de 69 millions F Cfa) pour toutes les activités relatives à la recherche et la relation avec l’Agence nationale des statistiques, est d’informer et d’influencer les décisions politiques, de faire des propositions réglementaires allant dans le sens d’améliorer le cadre institutionnel et juridique du foncier, et de protéger les investissements consentis sur les côtes sénégalaises pour atténuer les risques liés aux changements climatiques.
«Nous venons proposer une approche de veille et de conseil sur ces questions foncières pour prévenir les difficultés et la complexité de la gestion foncière au Sénégal, en amenant une perspective scientifique qui va répondre à des questions qui vont nous interpeller dans un futur très proche», précise Cheikh Lô.
«Chacun cherche à avoir les meilleures terres productives sans avoir un peu la réflexion profonde pour les transformations des systèmes de gouvernance foncière», alors «qu’il est très difficile de pouvoir mettre en place des projets d’adaptation structurée sur les questions foncières en relation avec les changements climatiques», souligne le directeur du Cse.
Pour lui, «des solutions idoines seront proposées pour permettre à l’Etat d’aller vers des réformes, mais surtout essayer d’adapter cette réalité au cadre règlementé qui existe aujourd’hui».
Il faut savoir que la validation méthodologique doit aboutir sur deux rapports d’orientation dans le cadre du Projet de renforcement de capacités de conseil pour la gouvernance foncière en Afrique (Slga). C’est un projet de l’Union africaine, financé par Bmz et mis en œuvre par la Giz et le Centre de suivi écologique (Cse).
La question principale sera de connaitre les stratégies publiques à mettre en place pour une sécurité foncière des populations impactées par les changements climatiques comme l’érosion côtière.
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