Le Sénégal va perdre 8 % de son produit intérieur brut (PIB) en 2030, à cause des effets du changement climatique sur le secteur financier et bancaire, a déclaré jeudi le fondateur et directeur général de l’Institut supérieur de finance (ISF), Papa Diallo, se basant sur une étude réalisée dans ce secteur.
‘’Selon des études, les effets climatiques en 2030 vont coûter à l’État du Sénégal 8 % de son PIB. Au niveau mondial, ça va coûter à peu près 5 % du PIB mondial. À l’horizon 2050, c’est presque 20 % du PIB mondial qui sera perdu’’, a-t-il dit lors d’une conférence de presse en prélude à un colloque international sur l’impact du changement climatique sur les secteurs bancaire et financier.
Il estime que les banques et autres acteurs du secteur doivent prendre les mesures idoines pour ne pas arriver à cette situation.
Il s’agira de voir ‘’comment faire pour avoir un système financier plus modéré avec un visage plus humain à travers la finance sociale, la finance solidaire, la finance environnementale qui ramènent la personne au cœur du développement économique et financier’’, a indiqué Papa Diallo.
Il signale que les banques centrales américaine et européenne n’ont pas anticipé les risques climatiques dans le secteur bancaire et financier. Selon lui, c’est la raison pour laquelle les taux d’inflation sont en train de monter.
Il y a une réflexion en cours pour ‘’arriver à converger vers des normes de durabilité qui permettent aux systèmes financiers d’être stables mais aussi qui vont avoir des impacts sur le comportement des États en matière de pilotage de la politique économique’’ qui englobe ‘’la politique budgétaire et la politique monétaire’’, a fait savoir M. Diallo.
Le directeur général de l’ISF estime que pour le moment, on assiste à un pilotage à vue sur cette question.
C’est pour cette raison qu’‘’il y a la Banque des règlements internationaux, dans le cadre des normes de Bâle qui définissent des normes de gestion financière des banques (…) Sinon la banque centrale pourrait intervenir et même jusqu’ à retirer l’agrément’’, a t-il expliqué.
Si les Africains ne s’associent pas à cette réflexion pour définir de nouvelles normes, les autres banques vont leur imposer les nouvelles conditions, a prévenu le directeur général de l’Institut supérieur de finance.
‘’Dès à présent, il est important que l’Afrique commence à réfléchir pour participer à cette nouvelle guerre, la mise en place des normes liées aux changements climatiques. Ce n’est pas nous qui polluons, (…) et aujourd’hui, on risque de payer les peaux cassées’’, a avancé M. Diallo.
Il est d’avis que le changement climatique va élargir la cartographie des risques si les banques n’intègrent pas ces nouveaux risques pour une meilleure gestion financière du secteur bancaire.
Le directeur général de l’ISF rappelle que, ‘’depuis presque une trentaine d’années, la finance internationale est devenue très instable et le secteur financier est très exposé aux risques qui sont devenus de plus en plus récurrents, très violents sur le plan société, économique et financier’’.
Il prédit une ‘’reconfiguration totale’’ de ces outils pour les adapter aux nouvelles normes de durabilité liées aux changements climatiques.
‘’Avant cette crise environnementale, il y avait des normes qui étaient définies par l’ensemble du système bancaire au niveau international, ce qu’on appelle les normes de Bâle (Bale 1 en 1988, Bâle 2 en 2000 et Bâle 3 en 2007-2008)’’, a-t-il rappelé.
Ces mesures ‘’qui permettaient de mieux gérer les banques de manière saine et d’assurer la stabilité du système financier’’ n’ont pas intégré les risques climatiques, a déploré Papa Diallo.
aps