Pris entre le marteau des institutions de Bretton Woods, peu portées sur certaines politiques sociales au moyen de subventions étatiques et l’enclume des demandes et pressions sociales émanant des couches les plus vulnérables et allant toujours crescendo, l’État tient bon le gouvernail, tout en lorgnant les rétroviseurs. En attestent les efforts herculéens qu’il a déployés pour prévenir la flambée des prix des produits pétroliers, qui impacte le secteur des industries extractives.
Au Sénégal, contrairement à ce qui se passe dans la quasi-totalité des pays de la sous-région, les produits des industries extractives, surtout ceux destinés directement à la consommation des Sénégalais, n’ont pas connu de hausse généralisée.
Une fois n’est pas coutume, serait-on tenté de dire ! En effet, rien que sur la période allant de 2016 à 2021, le blocage des prix à la pompe et de l’électricité – nonobstant la flambée des prix internationaux du pétrole – au moyen de subventions, a coûté très cher à l’État, et, c’est peu dire. Tous ces efforts ont été consentis dans un contexte où les institutions de Bretton Woods sont très peu emballées par les subventions étatiques.
Ainsi, cette politique d’inclusion sociale du Président Macky Sall, pour préserver le pouvoir d’achat des Sénégalais, a nécessité six cent soixante milliards sept cent quatre-vingt-douze millions trois cent vingt-sept mille cent onze (671 792 327 111) de francs Cfa.
Cette manne est allée dans deux voies. D’une part, quatre cent quarante-neuf milliards sept cent un millions huit cent soixante-dix-huit mille neuf cent quatre-vingt et un (449 701 878 981) de francs Cfa ont servi aux compensations tarifaires.
D’autre part, les pertes commerciales ont été endiguées au moyen d’une deuxième enveloppe de deux cent vingt-deux milliards quatre-vingt-dix millions quatre cent quarante-huit mille cent trente (222 090 448 130) de francs Cfa.
Trois cents milliards de francs Cfa
Rien que pour 2022, l’Etat a déjà décaissé deux fois cent cinquante (150) milliards de francs Cfa… qui ne couvrent que la période de janvier à septembre.
Quid des résultats positifs de ces gros efforts? Hormis l’essence super, qui est passé de sept cent soixante-quinze (775) à huit cent quatre-vingt-dix (890) francs Cfa, soit une hausse de quatorze virgule quatre-vingt-quatre pour cent (14,84%), il n’y a aucune flambée des prix des carburants.
Le prix du gasoil destiné aux particuliers et aux transports en commun, n’a pas varié. Et n’eut été les subventions étatiques, la vérité des prix aurait été très amère pour les particuliers. En effet, le litre d’essence serait à mille cent quatre-vingt-deux (1 182) francs Cfa, au lieu de huit cent quatre-vingt-dix (890) francs Cfa, soit une subvention de deux cent quatre-vingt-douze (292) francs Cfa le litre. Et le gasoil, à mille soixante-huit (1 068) francs Cfa au lieu de six cent cinquante-cinq (655) francs Cfa appliqués, soit une subvention de quatre cent treize (413) francs Cfa le litre.
Partout ailleurs dans la sous-région, ça flambe
Venons-en maintenant au gasoil qui a connu une hausse de vingt pourcent (20%) de son prix. C’est celui consommé par les entreprises minières et les cimenteries. La cause vient du fait que l’État a supprimé le régime fiscal et douanier dérogatoire dont bénéficiaient ces dernières; du coup, le prix de ce gasoil est passé de six cent cinquante-cinq (655) à sept cent quatre-vingt-six (786) francs Cfa.
Pour aider les distributeurs pétroliers et d’électricité confrontés à des pertes commerciales, notamment la Sénélec, au moyen d’une compensation tarifaire, l’État avait mobilisé, à ce jour, trois cents (300) milliards de francs Cfa.
Il a mis cent cinquante (150) milliards de francs Cfa dans la Loi de finances initiale, qui ont été épuisés entre janvier et mai. Pour éviter de faire supporter aux consommateurs une hausse des prix de l’électricité et des carburants, le même montant a été rajouté, en mai dernier, dans la Loi de finance rectificative (Lfr). Une deuxième tranche de cent cinquante (150) milliards de francs Cfa, qui ne vont pas suffire pour boucler l’année 2022; les prévisions situent son épuisement à fin septembre.
Alors, se pose la question de savoir : que va faire l’État entre octobre et décembre prochains pour éviter une fin d’année qui se conjuguerait en termes de hausse des prix des carburants.
La réponse à cette question est toute trouvée, mais, elle ne renvoie ni à une autre rallonge ni une énième Lfr ! La parade viendra des sommes engrangée avec la hausse opérée sur le prix du litre de l’essence super, qui, rappelons-le, est passé de sept cent soixante-quinze (775) à huit cent quatre-vingt-dix (890) francs Cfa.
Maintenant, c’est en comparant le tableau sénégalais à ceux loin d’être reluisants des pays de la sous-région, qu’on se rend compte à quel point la prévoyance des autorités a permis de mettre les consommateurs à l’abri des conséquences d’une crise internationale. En effet, la hausse ininterrompue des prix du pétrole depuis l’année dernière frôle le choc pétrolier, avec le prix du baril de pétrole Brent à 137 dollars américains, à un moment donné, pas loin du record absolu de 147,5 dollars de juillet 2008.
Plus précisément, dès le début du mois de janvier dernier, partout en Afrique de l’Ouest, les prix ont flambé. C’est le cas, au Mali : super (15%), gasoil (28%), en Côte d’Ivoire: super (13%), au Togo : super (18%), gasoil (16%), pétrole lampant (38%), au Bénin : gasoil (11%), pétrole lampant (28%), gaz butane (09%), en Guinée Bissau : super (02%), gasoil (14%).
Yakham Codou Ndendé Mbaye
leral