Les Africains font la promotion de la langue française au détriment de leurs langues nationales. C’est le sentiment du journaliste Mademba Ndiaye qui pense qu’elles doivent être davantage promues dans les médias africains.
En marge de la clôture des 50èmes Assises de l’Union de la presse francophone ce jeudi, le journaliste Mademba Ndiaye constate que les médias africains investissent plus dans la promotion de la langue française que les Français eux-mêmes. Alors qu’ils doivent promouvoir davantage les langues nationales. «Je constate qu’on est le 11 janvier (Ndlr : jeudi dernier), il y a 41 ans, le Président Abdou Diouf ouvrait les Assises de la langue française.
J’en tire une conclusion qu’il y a une relation très pathologique avec le français.
Et que nous autres, nous en faisons plus pour le français que les Français eux-mêmes», a-t-il dit. Il explique : «L’utiliser est une chose importante, mais aussi pensons à nos langues nationales. Comme nous sommes au pays de Cheikh Anta Diop, de Pathé Diagne, Ousmane Sembène, le travail que nous faisons pour la promotion du français en tant que langue n’est pas fait pour la promotion des langues nationales. Si on le faisait, on aurait pu aussi avoir les assises des journalistes swahili puular, etc. Ce serait très bien.»
Toutefois, l’ancien chargé de la communication au bureau de la Banque mondiale de Dakar est ravi de la tenue de ces rencontres de l’Upf dans la capitale sénégalaise.
«Je suis content de voir des journalistes de différents pays se réunir à Dakar. C’est toujours bien d’avoir ces assises dans ce sens et de faire un benchmark de nos modèles de journalistes par rapport à ce qui se passe dans d’autres pays», s’est-il réjoui. Autre point soulevé par le journaliste, c’est la publication d’une information.
Pour lui, cette question mérite réflexion.
«Est-ce que cette information est digne d’être publiée, c’est une réflexion qu’on doit toujours faire. Quand on a toujours une information, on a ce problème : est-ce qu’on publie ou pas ? Mon astuce me dit qu’aucune vérité n’est bonne à dire de mauvaise manière. Et que la manière dont on propose les choses peut parfois heurter les gens, même si l’information est vraie», poursuit-il.
Dans le même sillage, le journaliste s’est aussi exprimé sur la diffusion de certaines vidéos, qui peuvent heurter le public.
En Afrique, les journalistes font dans l’exhibitionnisme, contrairement en Europe. «Quand on regarde la façon dont les gens travaillent, on peut saisir que l’une des différences, c’est la façon de gérer les cadavres.
Les journalistes africains ont trop tendance à montrer les cadavres de leurs compatriotes quand ils sont morts, alors qu’au Nord en général, ils ne le font pas», rappelle-t-il.
Avant de se demander s’il faut avoir un journalisme africain et un journalisme non africain. En tout cas, d’après lui, «il y a des principes invariables dans le journalisme qu’on ne va pas réinventer».
lequotidien