Le changement climatique pourrait nous réserver d’autres surprises. Une vaste étude a trouvé une association entre une maladie diarrhéique répandue et des conditions météorologiques liées au changement climatique. Des recherches futures viendront en préciser les raisons.
« Nous savons que le changement climatique n’a pas seulement un impact sur l’environnement, mais qu’il peut aussi avoir des conséquences négatives sur notre santé en favorisant la propagation des maladies infectieuses », rappelle le Dr Giovanni Lo Iacono, maître de conférences en biostatistique et épidémiologie à l’université du Surrey (Angleterre), qui a participé à une nouvelle étude sur les effets du changement climatique sur la santé.
Des maladies pathogènes aggravées par le changement climatique
Si de nombreux organismes ne survivront pas avec le rythme du changement climatique, d’autres agents pathogènes, bien au contraire, s’adapteront et prospéreront pour notre plus grand malheur.
C’est le cas de Campylobacter qui provoque une maladie diarrhéique courante : la campylobactériose. Une étude récente a révélé que 277 maladies pathogènes humaines peuvent être aggravées par le changement climatique. En outre, 58 % des maladies infectieuses auxquelles l’humanité est confrontée dans le monde ont été à un moment donné aggravées par au moins un aléa climatique (par exemple Zika, la dengue, la pneumonie ou encore le paludisme).
« Depuis Hippocrate, il existe un large consensus sur le fait que le temps et le climat influencent la propagation des maladies, poursuit le maître de conférences.
Il est toutefois difficile de comprendre pourquoi et quels sont les facteurs environnementaux spécifiques qui favorisent la propagation des maladies, et cette question n’est pas entièrement élucidée. » Son étude publiée dans la revue PLOS Computational Biology a cherché à déterminer si les conditions météorologiques présentaient un réel impact sur l’incidence de la campylobactériose.
Cette maladie bactérienne est le plus souvent transmise par de la volaille insuffisamment cuite, d’autres viandes et produits carnés, ainsi que par du lait, de l’eau et de la glace contaminés.
Chaque augmentation de 5 °C présente une incidence sur la maladie
Les chercheurs ont utilisé les données d’environ un million de cas de campylobactériose en Angleterre et au Pays de Galles sur vingt ans. Ils ont également développé un nouveau modèle mathématique leur permettant de comparer ces données avec les paramètres météorologiques de la période en question (provenant de laboratoires de diagnostic).
Résultat : l’augmentation des températures, de l’humidité et de la longueur du jour est associée à la propagation de la maladie infectieuse. Plus précisément, son incidence augmente d’un cas par million d’habitants pour chaque augmentation de 5 °C (en température), mais uniquement entre 8 et 15 °C.
On observe une association limitée en dehors de cette fourchette.
Des recherches futures sont justifiées pour en comprendre les raisons. « Il se peut que le temps chaud augmente la survie et la propagation des bactéries pathogènes ou que le comportement des gens et leur façon de socialiser pendant ces périodes en soient la cause », expliquent les auteurs de la présente étude.
Quoiqu’il en soit, ces données environnementales participent à mieux comprendre comment se propagent les maladies infectieuses.
« Cette connaissance est inestimable car elle peut nous aider à identifier les zones vulnérables à des épidémies potentielles et à veiller à ce qu’elles disposent des ressources nécessaires pour traiter les personnes touchées et freiner la propagation de la maladie dans d’autres zones. »
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