Lors de la phase de poule, Aliou Cissé a surpris tout le monde dans le bon sens du terme avec une nouvelle approche tactique qui a bien fonctionné. Durant trois matchs, ses choix ont été pour la plupart fructueux et il a même été nommé meilleur sélectionneur du premier tour. Mais face à la Côte d’Ivoire dès le second tour, Cissé a mis de côté une facette qui a fait son succès lors des 3 précédents matchs.
Lundi soir, les Lions de la Téranga ont très bien entamé leur match, en ouvrant le score dès la 4e minute de jeu. Une ouverture du score précoce qui a poussé Cissé à revoir ses plans. Abdou Diallo, qui devait être récupérateur au milieu lorsque les Ivoiriens avaient le ballon, a été cantonné à un rôle de défenseur central. Au lieu d’occuper ce poste hybride comme lors du match face à la Gambie, Cissé a décidé de jouer avec 3 défenseurs centraux pour ne prendre aucun risque.
Les deux erreurs de Aliou Cissé face à la Côte d’Ivoire
Jusque-là, tout va bien parce que procéder en contre peut être une bonne stratégie, quoique le Sénégal avait les armes pour jouer. Mais pour procéder en contre-attaque tout en gardant une bonne assise défensive, on peut sacrifier son attaquant de pointe et garder ses flèches sur les côtés, ou un des ailiers pour avoir de la verticalité dans l’axe, mais jamais un milieu de terrain. Et c’est là que l’erreur de Cissé a été fatale. Avec un Sadio Mané très haut avec Habib Diallo et Ismaila Sarr, les deux milieux (Pape Matar Sarr et Lamine Camara) étaient livrés à eux-mêmes. Pendant quasiment toute la partie, les deux joueurs ont multiplié les courses pour compenser leur infériorité numérique face à Sangaré, Fofana et Seri. Et avec leurs courses offensives pour participer aux contres, ils ont fait une grosse débauche d’énergie. En fin de match, ils étaient fatigués.
Le sélectionneur national a fait 2 erreurs. La première a été d’avoir laissé le milieu de terrain en infériorité numérique face aux Ivoiriens. La deuxième erreur a été de ne pas avoir rectifié sa première erreur.
Pour rectifier cette erreur, Cissé aurait tout simplement pu faire monter Abdou Diallo d’un cran pour libérer et aider Pape Sarr et Camara dans l’entrejeu, où toutes les attaques de la Côte d’Ivoire passaient. L’autre solution aurait été de sacrifier un ailier, garder sa défense à 5 et renforcer le milieu de terrain, tout en sachant que les pistons peuvent aider dans l’aile et que Sadio aussi va dézoner. Une 3e solution aurait été de dire à Habib Diallo de faire un marquage individuel strict sur le milieu le plus bas de la Côte d’Ivoire, Jean-Michel Seri. Mais ce dernier a été libre de tout mouvement durant les 120 minutes et c’est de lui que le jeu ivoirien commençait. Le priver de ballons aurait été stratégique pour empêcher la Côte d’Ivoire de jouer et aurait permis à Pape Sarr et Lamine Camara de s’occuper uniquement de Sangaré et Fofana. Hélas, Cissé avait déjà fait son choix : laisser la Côte d’Ivoire jouer et compter sur sa défense pour repousser les attaques.
A la sortie de Habib Diallo, Aliou Cissé aurait également pu mettre un joueur capable d’aider le milieu de terrain, à l’image de Iliman Ndiaye. Un joueur qui pourrait non seulement jouer un poste de faux neuf, mais aussi celui de relayeur pour bloquer le jeu de Seri. Ndiaye semblait avoir le bon profil, mais il est entré à la place de Ismaila Sarr sur le côté droit, tandis que Nicolas Jackson a remplacé Habib Diallo à la pointe. Aliou Cissé a donc maintenu son attaque à 3 et toujours son milieu à deux avec une défense à 5.
Les joueurs, eux non-plus, ne sont pas exempts de tout reproche. Même si l’approche tactique de Cissé les forçait à subir, ils n’ont pas pris les devants pour remonter le bloc ou tenter de garder le ballon le plus de temps possible pour user les Ivoiriens. La déclaration de Idrissa Gana Guèye après le match est même révélatrice : « Nous avons respecté les consignes du coach pendant les 15 premières minutes de jeu ». Pour des champions d’Afrique très expérimentés, rien ne devait les perturber de la sorte.