Déjà en 2023 nous pleurions l’OPA du fonds d’investissement marocain Al Mada sur le groupe PATISEN, un fleuron de l’agroalimentaire en Afrique de l’Ouest avec des racines et ancrage sénégalais. Voilà qu’une autre pépite, et non des moindres, Avisen qui tombe dans l’escarcelle du géant asiatique OLAM.
Olam un conglomérat singapourien, champion du négoce des matières premières, qui se targue d’être « le plus grand agriculteur » au monde est très actif en Afrique au Sud du Sahara.
Avisen est une entreprise sénégalaise performante, fondée vers les années 2000, spécialisée dans la production et distribution d’aliments pour l’aviculture, c’est un pilier de la chaîne de valeur avicole et un catalyseur d’innovations pour les éleveurs de la filière.
Avec l’envolée des prix des matières premières et les ruptures dans les chaînes d’approvisionnement mondiales depuis la covid – 19 beaucoup d’entreprises dans l’agro – industrie sont forcées aux alliances avec les gros négociants si elles ne veulent pas passer sous la coupe de ces derniers ou des fonds d’investissements transcontinentaux.
Malheureusement pour l’industrie du poulet au Sénégal, nous n’avons aucune politique d’incubation et d’accompagnement de nos pépites et fleurons au moment où l’Afrique prépare les grandes chaînes de valeur continentale pour la transformation économique avec la ZLECAF.
Pendant que nos énergies et attentions sont focalisées sur un agenda politicien et électoral, marocains, turques, et même Singapouriens s’arroge des pans entiers de nos économies dans un pays où le taux de chômage est parmi les plus élevés au monde.
Le Fonsis, la CDC et nos administrations doivent davantage protéger l’entreprise et le made in Senegal.
Olam a acheté Avisen pour un peu de dix milliards de Fcfa, pendant que la CDC investit 33 milliards dans un immeuble prétendument à usage de bureau…Ou se trouve nos priorités et quelles sont les grandes orientations sur l’investissement des sénégalais et les secteurs- cibles.
La razzia sur nos pépites comme cette acquisition d’Avisen par l’étranger doit servir d’électrochoc.
La razzia sur nos rares success – story industriels doit arrêter et l’état via son portefeuille d’actifs stratégique doit y contribuer avec des prises de participation ciblée.
Ce qui nous arrive avec la banque et l’assurance dominées par les marocains risque de se reproduire avec nos rares entreprises performantes dans l’agro-industrie convoitées et rétrocédées aux étrangers.
Moustapha Diakhate, Ex CS Primature et Expert Infrastructure
Maderpost