La Cour des comptes a décelé des dépassements considérables sur les salaires, les frais de mission accordés au personnel du Programme d’urgence de modernisation des axes et territoires frontaliers (Puma) dans la période 2019-2021.
Dans la période 2019-2021, les ressources financières du Programme d’urgence de modernisation des axes et territoires frontaliers (Puma) n’ont pas été gérées selon les principes d’économie, d’efficience et d’efficacité. Pour preuve, la Cour des comptes, dans son rapport d’audit 2019-2021, relève une gestion pas du tout orthodoxe.
En guise d’exemple, les vérificateurs ont détecté «des dépassements considérables sur les salaires du personnel».
«Le montant des salaires du personnel est ainsi fixé : 444 millions 148 mille 097 francs Cfa en 2019, 491 millions 294 mille 628 francs Cfa en 2020 et 504 millions 600 mille 184 francs Cfa en 2021.»
Au cours de la période sous revue, les montants des salaires payés aux personnels sont supérieurs aux autorisations budgétaires.
L’excédent des réalisations sur les prévisions se monte à 203 millions 373 mille 737 francs Cfa en 2021 en valeur absolue, soit 42% en valeur relative. Comparé à celui de l’année 2020, le dépassement sur les salaires a augmenté de 15 points, selon les contrôleurs.
Le Coordonnateur national estime que les montants des salaires payés au personnel sont alourdis par les impôts et les cotisations sociales, lesquels sont budgétisés sur des lignes différentes.
Mais pour la Cour, ces arguments ne sont pas recevables dans la mesure où les salaires autorisés par le comité de pilotage ne concernent que les gains composés des salaires de base, sursalaires, primes et indemnités.
Les prélèvements opérés sur les salaires bruts au titre de l’impôt (Ir et Trimf) et de cotisations pour la retraite (Fnr et Ipres) sont à la charge des salariés et non du Puma.
Des dépassements sur les frais de mission
Au titre des budgets révisés du Puma pour les années sous revues, le comité de pilotage a fixé les frais de mission respectivement à 82 millions de francs Cfa, 77 millions et 83 millions 019 mille 100 francs Cfa.
Toutefois, il ressort des balances générales que les crédits consommés sur la ligne «Frais de mission» se montent à 155 millions 009 mille 525 francs Cfa en 2021 contre 116 millions 106 mille 486 francs Cfa en 2019.
Les dépassements se chiffrent ainsi à 71 millions 990 mille 425 francs en 2021 contre 34 millions 100 mille 486 francs Cfa en 2019.
En valeur relative, l’excédent des réalisations sur les prévisions est de 86, 71% en 2021 contre 41, 59% en 2019.
Au regard des documents récapitulatifs fournis par le département administration et finances, les montants payés au titre des frais de mission ont essentiellement pour objet les cérémonies d’inauguration d’infrastructures ou de livraison d’équipements.
Le Coordonnateur national relève que les cérémonies d’inauguration procèdent des instructions des autorités supérieures en vue de la vulgarisation des actions du Puma pour susciter une appropriation de la politique du chef de l’Etat par les populations.
Il explique les dépassements observés sur les frais de mission par la prévision insuffisante de ressources et soutient que la ligne «frais de mission à l’intérieur du pays» ne présente pas de dépassement budgétaire sur la période sous revue.
Les «dépassements» notés découlent d’erreurs d’imputation comptable et non d’excédents des réalisations sur les prévisions.
Aucun chiffre n’ayant été produit par le Puma pour étayer l’argument de non-dépassement sur les frais de mission, la Cour estime que l’exécution des dépenses liées aux frais de mission au-delà des autorisations du comité de pilotage ne participe pas d’une gestion économique et efficiente des ressources financières.
lequotidien