L’incidence de la pauvreté a stagné au Sénégal entre 2018/2019 et 2021/2022, mais le nombre de pauvres a augmenté, reflétant le fait que la croissance n’a pas nécessairement atteint les pauvres.
Selon le rapport 2024 de la Banque mondiale sur la situation économique du Sénégal, les inégalités ont diminué en raison de la baisse de la consommation des ménages, tandis que le rythme de la réduction de la pauvreté est inférieur à celui des autres pays de la sous-région.
D’après la Banque mondiale, les régions de Diourbel, Kaolack et Thiès, dans le bassin arachidier, abritent près d’un tiers des pauvres du pays.
« Les Sénégalais pauvres restent concentrés dans les zones rurales et plus fortement dans le bassin arachidier. Le Sénégal comptait 17,4 millions d’habitants en 2021/2022, dont 6,5 millions vivant en dessous du seuil de pauvreté. Les trois quarts des pauvres vivent toujours en milieu rural, tout comme en 2018.
Combinant une forte population et un taux de pauvreté moyen élevé, les régions de Diourbel, Kaolack et Thiès, dans le bassin arachidier, abritent près d’un tiers des pauvres du pays », lit-on dans le rapport de la Banque mondiale.
En revanche, malgré les taux de pauvreté très élevés qui les caractérisent, « les régions de Tambacounda et Kédougou, à l’est du pays, comptent respectivement 9 % et 2 % de pauvres », relève-t-on.
En effet, à « l’exception de Kédougou (en raison de sa faible population), chaque région, abrite au moins 5 % de pauvres », souligne la Banque mondiale.
Par conséquent, si l’objectif des politiques est de réduire le nombre des pauvres, le rapport indique les programmes de lutte contre la pauvreté doivent cibler toutes les régions, Dakar compris.
La baisse observée de la consommation par habitant a été surtout ressentie par les ménages plus aisés.
« Entre 2018/2019 et 2021/2022, la consommation moyenne par habitant a diminué de 1,6 % par an, alors qu’elle a légèrement augmenté pour les 40 % les plus pauvres de la population, avec un taux de croissance annuel de 0,11 % », estime la Banque mondiale.
Diminution des inégalités
D’après le document, il en résulte un gain de prospérité partagée de près de 1,3 %, ce qui signifie que la consommation moyenne des 40 % les plus pauvres de la population s’est rapprochée de celle de l’ensemble de la population de 1,3 % par an en moyenne.
« Il est toutefois important de noter que cette augmentation de la prospérité partagée résulte d’une baisse de la consommation des ménages plus aisés plutôt que d’un gain réel de consommation pour les plus pauvres », lit-on.
En fait, les ménages faisant partie des 10 % inférieurs de la distribution, y compris dans les zones rurales, ont vu baisser leur consommation.
« Le taux de croissance moyen des plus pauvres a été moins négatif que celui des plus aisés, ce qui a entraîné une diminution des inégalités aux niveaux aussi bien national qu’urbain et rural », précise-t-on.
Au niveau national, le coefficient de Gini, l’un des indicateurs d’inégalité les plus connus, a diminué de 1,7 point, passant de 35,1 en 2018/2019 à 33,4 en 2021/2022.
Alors que la consommation moyenne par habitant des 20 % les plus riches représentait 5,5 fois celle des 20 % les plus pauvres en 2018/2019, ce ratio est tombé à 5,2 en 2021/2022.
Cette baisse reflète toutefois une perte de consommation (en termes réels) des ménages plus aisés, principalement des zones urbaines, plutôt qu’une augmentation de la consommation des plus pauvres. Les inégalités ont diminué dans les zones urbaines et rurales.
Stabilité de la pauvreté
Selon la Banque mondiale, le Sénégal a relativement bien résisté aux multiples chocs, l’incidence de la pauvreté restant relativement inchangée à 37,5 % en 2021/2022 contre 37,8 % en 2018/2019, malgré la pandémie.
« L’incidence de la pauvreté (en utilisant le seuil national de pauvreté) est stable dans les zones urbaines et rurales, mais avec des tendances régionales contrastées. On observe une baisse sensible de la pauvreté dans la vallée du fleuve Sénégal (centre) et au Sénégal oriental limitrophe du Mali, contre une légère augmentation dans le sud en Casamance.
Les tranches de revenus intermédiaires ont connu une augmentation de la consommation réelle par habitant, tandis que les plus pauvres et les plus aisés enregistraient », peut-on lire.
pressafrik
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