Le bureau de l’Assemblée nationale sénégalaise (parlement) a annoncé avoir annulé le débat d’orientations budgétaire initialement prévu pour se tenir ce samedi en présence du ministre des Finances et du Budget Cheikh Diba, manifestant ouvertement son désaccord avec le Premier ministre, Ousmane Sonko, sur la présentation de la Déclaration de politique générale DPG devant les députés.
Cette décision a été prise lors de la réunion du bureau de l’Assemblée nationale qui clôt sa session unique 2023-2024, en présence du ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les institutions, Yankhoba Diémé, venu représenter le gouvernement, a indiqué le président du groupe parlementaire de Benno Bokk Yakaar (BBY, opposition), Abdou Mbow.
Le Bureau de l’Assemblée nationale « a décidé souverainement de sursoir aujourd’hui au débat d’orientation budgétaire (DOB).
C’est pourquoi, vous avez vu tout à l’heure, le ministre des Finances et son équipe se sont retirés », a déclaré le président du groupe parlementaire de BBY, ajoutant que la conférence des présidents a été informée de cette décision.
Selon lui, le bureau de l’Assemblée nationale qui se veut « conséquent » a refusé de recevoir le ministre des Finances et du Budget, dans la mesure où le chef du gouvernement, Ousmane Sonko, « a refusé de se présenter devant la représentation nationale pour faire sa déclaration de politique générale DPG ».
M. Mbow a notamment déploré l’attitude du Premier ministre qui, selon lui, « a (…) réduit l’Assemblée nationale à sa plus simple expression ».
A signaler que le député du groupe parlementaire Yewwi Askan wi (YAW), Guy Marius Sagna avait adressé une lettre ouverte au Premier ministre pour lui demander de ne pas venir à l’Assemblée nationale.
En réponse à cette correspondance, Ousmane Sonko a fait part de son « impatience à tenir cet exercice de présentation des grands axes des politiques publiques et de l’action du gouvernement ».
Sonko, du même camp que le président Bassirou Diomaye Faye, a conditionné hier vendredi la présentation de son programme de gouvernement devant les députés à un rétablissement dans le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale de dispositions liées à la Primature qui avaient été enlevées en 2019 avec la suppression du poste, ensuite rétabli en 2022 par l’ancien président Macky Sall (2012-2024).
Il a relevé que l’article 55 de la constitution oblige le Premier ministre à faire sa DPG devant le parlement sans préciser les délais et la procédure qui relève du règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
Or, argue-t-il, « les dispositions du règlement intérieur qui fixaient les délais et la procédure de la DPG ainsi que les références au Premier ministre ont été abrogées de la loi organique portant règlement intérieur de l’Assemblée nationale depuis 2019 », suite à la suppression du poste du Premier ministre avant son rétablissement.
Sonko a menacé de présenter son programme devant une Assemblée formée, dit-il, « du peuple souverain, de partenaires du Sénégal et d’un jury composé d’universitaires, d’intellectuels et d’acteurs citoyens politiques apolitiques » si d’ici le 15 juillet, l’institution parlementaire n’apportait pas les modifications qu’il demande.
Dans un document publié samedi et relayé par l’Agence de presse sénégalaise (APS), le bureau de l’Assemblée nationale a qualifié les propos de Sonko « d’une extrême gravité qui s’attaquent à l’esprit comme à la lettre de la Constitution de la République du Sénégal”.
Le Bureau dit avoir relevé “avec indignation les propos discourtois, les injonctions inacceptables, ainsi que les manquements de forme et de fond contenus dans ledit message, en violation des règles de fonctionnement des Institutions, de la séparation des pouvoirs et de l’élégance républicaine”, selon l’APS.
Le nouveau pouvoir au Sénégal ne contrôle pas l’Assemblée nationale (165 députés) où le camp de l’ex-président Macky Sall dispose d’une majorité relative.
La Déclaration de politique générale, prévue par l’article 55 de la Constitution, permet au Premier ministre de présenter son programme de gouvernement lors d’une plénière à l’Assemblée nationale. Les députés peuvent à cette occasion déposer une motion de censure contre le gouvernement.
medi1news