La culture commence peu à peu à se vivifier dans la région de Matam, depuis maintenant plus de deux ans. Le directeur du centre culturel régional, Abdourahmane Diallo, a réussi, grâce à des initiatives entreprenantes, à faire du centre le point de convergence des artistes et des acteurs culturels matamois. L’art et la culture revivent.
La région de Matam a, durant plusieurs années, sombré dans l’anonymat, dans le classement des régions qui cristallisent le plus l’attention du ministère de la Culture. Dans la kyrielle de projets et de programmes de financement dudit département, les ressortissants de Matam ne postulaient quasiment jamais et, naturellement, ne captaient pas ces fonds. À force de voir des régions comme Dakar et Saint-Louis se tailler la part du lion, certains jeunes autochtones avaient commencé à dénoncer partout une discrimination. En réalité, la sous-information était leur principal obstacle.
La tendance est en train de s’inverser. Les acteurs culturels locaux connaissent désormais les procédures pour bénéficier des fonds du ministère de la Culture, ceci grâce à l’actuel directeur du centre culturel, Abdourahmane Diallo, fait savoir le rappeur Kalidou Diaw alias ‘’Kalz’’. ‘’Abdourahmane Diallo a révolutionné la culture dans la région de Matam. Il a fait revivre l’art et la culture en donnant beaucoup de confiance aux acteurs culturels. Les informations qui nous étaient inaccessibles sont désormais à portée de main’’, témoigne le jeune homme du haut de ses 20 ans.
Il y a, en effet, un regain d’intérêt pour la culture. Cette année 2022, pour la première fois, le centre culturel a abrité une exposition dans le cadre de la Biennale de l’art africain contemporain (Dak’Art).
Sept artistes de la région et trois autres invités avaient exprimé tout leur savoir-faire à travers l’exposition ‘’Yolélé’’. ‘’D’habitude, la Biennale se limitait à Dakar et à quelques régions. Cette année, nous avons voulu participer et faire participer les artistes de la région de Matam. Ceux qui ont participé sont des artistes confirmés qui travaillaient sérieusement sur le thème, sans oublier que nous avons accueilli aussi un artiste venant du pays frère de la Guinée’’, a expliqué le directeur du centre.
L’absence de visibilité dont souffrent les artistes de la région, le directeur du centre culturel en a fait un combat quasi personnel. Depuis son installation, il a pris langue avec les acteurs et il a fini de remarquer qu’ils sont pétris de talent. Il s’est ainsi engagé à mettre les bouchées doubles pour assurer leur promotion et leur donner plus de visibilité avec un focus particulièrement sur la céramique et la sculpture. Un dynamisme qui a fait renaître de gros espoirs chez les artistes.
Pour certains comme Malamine, artiste peintre, le rêve est permis. ‘’Je n’ai jamais douté de mon talent. Je sais que ceux qui sont dans les régions comme Dakar ou Saint-Louis ne sont pas plus talentueux que moi. Ils avaient juste beaucoup plus de visibilité. Ils sont soutenus par des structures comme le centre culturel. Ce qui n’a jamais été le cas pour nous, ici à Matam. À un moment, même nos proches doutaient de nous. Ils nous conseillaient d’aller faire autre chose là où d’autres se moquaient. Aujourd’hui, nous gagnons un peu de reconnaissance et moi, personnellement, je commence à croire que je peux percer grâce à mon art’’, dit-il avec beaucoup d’espoir.
La confiance est de mise auprès des artistes. Ils abordent désormais l’avenir avec plus de sérénité, avec le concours du centre culturel régional. D’ailleurs, en termes de perspectives, un appel à candidatures pour une formation d’envergure a été lancé.
En effet, la formation itinérante sur les métiers de l’audiovisuel et du cinéma (Fimac) sera accueillie dans les locaux du centre culturel du 18 au 30 juillet prochains pour initier les jeunes et les adultes aux modules de la prise de vue, le montage vidéo et l’infographie, entre autres. Ce conclave ouvert à tout Matamois de nationalité sénégalaise âgé de 18 à 40 ans. Une aubaine pour les nombreux jeunes déjà très attirés par les nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Alioune Badara Thioub, jeune étudiant en première année dans une école de formation en journalisme, compte bien prendre part à cette formation. ‘’C’est une excellente opportunité pour moi. J’ai besoin de maîtriser surtout l’infographie et le montage vidéo. Je suis toujours en train de filmer ou de prendre des images. C’est sûr qu’après cette formation, je me débrouillerai bien mieux avant de l’apprendre à l’école’’, s’enthousiasme-t-il.
Ce renouveau porté par le directeur du centre culturel de Tamba, Abdourahmane Diallo, est perçu par les plus avertis comme un signal de la nouvelle envergure de la 11e région, puisque ‘’la culture est au début et à la fin de tout développement’’.
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