Après plusieurs mois d’essais statiques et l’obtention des autorisations nécessaires pour l’exploitation des infrastructures et équipements, le Bus Rapid Transit (BRT) a été officiellement mis en service pour exploitation commerciale, suivant une approche graduelle, le mercredi 15 mai 2024.
Et l’une des innovations de ce projet de transport de masse écologique, avec des bus 100% électriques, ce sont les aménagements paysagers le long du corridor du BRT. Seulement, des mois après, les fleurs, arbres et autres espaces verts aménagés dans le cadre du projet souffrent déjà d’un réel défaut d’entretien.
Des Allées du Centenaire aux Parcelles Assainies, le constat est partout le même.
Lundi après-midi à Centenaire. Ronronnements de moteurs et klaxons incessants de voitures perturbent le calme des lieux. Les magasins et commerces chinois bordant l’emprise des allées continuent de recevoir des clients.
Au milieu de ces allées, les voies dédiées aux Bus Rapid transit (BRT) dont la fréquence des rotations reste régulière. Avec de part et d’autre des fleurs, arbres et autres espaces verts aménagés conformément au projet qui se veut écologique.
Conçu pour transformer la mobilité urbaine à Dakar, le BRT est la matérialisation d’un des projets de transport de masse respectueux de l’environnement, avec des bus 100% électriques. Il intègre des aménagements paysagers, des espaces verts le long du tracé du BRT, destinés à embellir les gares, le corridor et à offrir un cadre agréable aux usagers.
Quelques mois seulement après le démarrage officiel de l’exploitation commerciale du BRT, l’état de ces aménagements paysagers laisse à désirer.
Du boulevard Général De Gaulle (ex-Centenaire) aux Parcelles Assainies, ces espaces verts sont dans un état de délabrement inquiétant, faute d’entretien.
Entre déchets qui s’accumulent, végétation fanée à cause du défaut d’arrosage qui ne se fait que de manière périodique, le constat contraste d’avec les promesses faites lors de la mise en service du BRT. Des usagers et riverais qui ne cachent plus leur désarroi alertent et appellent à une action «urgente».
FLEURS FANEES, ESPACES VERTS ENVAHIS PAR DES DECHETS : APPELS A UNE ACTION «URGENTE»
Monsieur Mbaye, agent technique de l’agriculture et de l’horticulture, trouvé assis et sirotant son «ataya» à Centenaire déplore : «nous avons un jardin tout près de nous, mais ceux censés de l’entretenir ne viennent qu’une fois tous les deux mois. Les fleurs meurent !
Nous sommes obligés de les arroser nous-mêmes.
C’est inadmissible ! ». Il rajoute : «pour ce qui est du BRT, la sécurité ici, est bien assurée. Mais, pour l’arrosage de l’espace vert, la fréquence est faible, les plantes ont besoin d’eau pour un bon développement».
Ce sentiment est partagé par Monsieur Niang, tailleur exerçant à proximité.
«Le camion passe par moment pour l’entretien, mais c’est insuffisant. C’est souvent la population qui de sa propre initiative, essaie de sauver les plantes. Voir ces espaces mourir alors qu’ils pourraient embellir notre environnement est frustrant».
Les usagers aussi s’indignent.
Monsieur Ba, étudiant, souligne l’impact du décor qu’offrent ces aménagements paysagers sur l’image du BRT. «Les déchets s’accumulent, les fleurs se fanent et cela dégrade l’expérience. Ces lieux devraient être nettoyés au moins trois fois par jour. Un cadre agréable rend le trajet paisible.»
Mademoiselle Diallo, étudiante, ajoute avec émotion : «ces espaces verts étaient censés embellir les gares. Si tout meurt, quel est l’intérêt ? Nous aimons prendre des photos en ces lieux, mais leur état actuel gâche tout.»
DES INTERROGATIONS SUR LE CHOIX DES ESPECES PLANTEES
Il n’y a pas qu’à Centenaire et environs que la dégradation du décor peu reluisant est visible. Tout le long du tracé du BRT ou presque, c’est le même constat : le problème dépasse Centenaire. Aux Parcelles Assainies, l’abandon des espaces verts est également frappant. Pour certains, le problème ne se limite pas au défaut d’entretien, il y a le choix des espèces végétales.
«Il y a trop d’espace vides entre les plantes.
En période d’hivernage, l’entretien devient inexistant. Pourquoi planter des bougainvilliers, qui demandent tant d’attention, alors que des fleurs simples auraient suffi ?», s’interroge Aziz Guèye qui met en cause les choix mêmes d’aménagement des espaces verts.
Sur le même ton, Monsieur Gning, frigoriste, rencontré devant sa boutique, déplore également l’état des lieux.
«Regardez vous-mêmes, les déchets sont partout, les plantes ne sont pas arrosées et les cocotiers ont des feuillages jaunis fanés. A mon avis, il faut mettre en place des bacs à ordures dans lesquelles les usagers pourront jeter les déchets».
Pour certains riverains, comme Fatou, cette négligence porte atteinte non seulement à l’esthétique mais aussi à la fierté nationale.
«Nous recevons souvent des visiteurs d’autres nationalités. Cet espace vert devrait refléter la beauté de notre pays ; mais, regardez dans quel état il est». Elle insiste sur l’importante de ces espaces verts pour l’image de la gare. «Les arbres sont fanés en mauvais et il manque des fleurs.
C’est une honte pour un projet si ambitieux».
Cependant, d’autres riverains comme, Monsieur Coly, s’interrogent davantage sur les responsabilités. «Est-ce à la mairie ou la société d’exploitation du BRT d’assurer l’entretien ? Quoi qu’il en soit, ils doivent agir rapidement.»
sudquotidien