Dans plusieurs quartiers de Dakar, il est fréquent de voir un groupe de femmes, jeunes et moins jeunes, laver le linge, à la devanture de maisons ou dans un espace ouvert, entourées de plusieurs bassines remplies de vêtements.

Appelées lavandières ou lingères, ces femmes sont pour la plupart originaires du monde rural qu’elles quittent pour la capitale, Dakar, à la recherche d’une vie meilleure.

Elles effectuent un travail pénible, espérant, avec l’argent gagné, avoir de quoi payer le loyer d’une chambrette à Dakar et également envoyer un peu d’argent à la famille restée au village.   

Mais aujourd’hui, ces lingères font face à la concurrence de laveries automatiques ou pressings de plus en présentes dans la capitale.

Au quartier Médina, par exemple, Souleymane Faye, assisté d’un jeune garçon, tient un pressing, un magasin devenu exigu car faisant également office de multi-services.

Des vêtements propres sont ensachés et posés de part et d’autre du local, pendant que le linge sale est mis dans une machine à laver et que d’autres habits sont étalés sur le sèche-linge.

Les tarifs appliqués par Souleymane s’élèvent entre 600 et 4 000 francs CFA, selon le type d’habit (teeshirts, chemises, pantalons ou boubou) ou s’agissant d’un drap de lit ou d’une couette.

‘’Dans certains pressings, le tarif est fixé en fonction du poids du linge, mais chez nous, nos prix sont arrimés au volume de la bassine. On paye 800 francs CFA pour un pantalon, 600 francs CFA pour un tee-shirt et 700 francs CFA pour une chemise’’, explique-t-il.

Dans son pressing, Souleymane offre également un service de repassage moyennant le paiement de la somme de 4 000 francs CFA.

Selon lui, ‘’le travail se passe bien’’. D’ailleurs, espère-t-il trouver un magasin plus spacieux afin de mieux organiser son travail et faire croître son chiffre d’affaires.

Si Souleymane se frotte lais mains, il n’est pas sûr que les lavandières peuvent en dire autant.

Au quartier Médina, où il est fréquent de les voir en groupe, s’affairant sur les trottoirs, devant des bassines remplies d’eau et de linge sale, les lingères disent ressentir la concurrence des laveries automatiques, sans pour autant se plaindre outre mesure.

Les lingères font de la résistance

‘’Même si la concurrence des pressings est réelle, les clients continuent à nous solliciter, car les machines à laver ne peuvent pas enlever toutes les impuretés qu’on peut retrouver sur des habits’’, renseigne Fatou Sène, originaire de Ngoundiane, dans la région de Thiès.

Assise devant un tas de linge sale, elle indique que ses tarifs sont de loin inférieurs à ceux appliqués par les tenanciers des blanchisseries.

‘’Un pantalon est lavé et repassé moyennant 200 francs CFA, une chemise à 200 francs CFA, un tee-shirt à 200 francs CFA et un drap de lit à 500 francs CFA. Les boubous et autres habits traditionnels sont lavés à 1 500 francs CFA’’, détaille-t-elle.   

Il arrive, ajoute cette dame, que les clients se fassent rares, ‘’durant la saison des pluies, notamment, car nous travaillons à l’air libre, à même les trottoirs’’.  

Pour sécher le linge, elle est ses congénères usent du système D, accrochant le linge à des clôtures, des cordes tendues entre deux arbres.

Pis, il leur arrive, elle est ses collègues lingères, de recevoir des menaces de déguerpissement venant des autorités du quartier ou de la mairie.  

Et en l’absence de clients, ‘’nous faisons du porte-à-porte pour proposer nos services’’, ajoute Fatou Sène, qui dit toutefois compter sur certains qu’elle a réussi à fidéliser.

Accompagnées de leurs enfants qu’elles portent, pour certaines, sur le dos ou qu’elles laissent jouer sur les trottoirs, tout en frottant frénétiquement les vêtements à laver, les lavandières trouvées à la Médina sont tiraillées entre leur travail et la surveillance de leur progéniture.

Technologie et nouvelles habitudes de consommation

A quelques pâtés de maisons du lieu de travail de fortune de Fatou Sène, Aïssatou Ndione, une autre lingère, est à la tâche. Elle soutient que le développement des blanchisseries automatiques dans le quartier, a affecté son travail.

‘’Aujourd’hui, beaucoup de mes anciens clients préfèrent les machines à laver et le fer à repasser électrique.

La concurrence des laveries modernes rend désormais notre travail de moins en moins rentable’’, constate amère cette dame aux 20 ans d’expérience dans le lavage manuel.

Face à cette concurrence ‘’asymétrique’’, Aïssatou Ndione mise sur les tarifs bas qu’elle pratique, comparé aux laveries automatiques.  

Quoique flexibles, les tarifs de ses services lui permettent, tant bien que mal, de vivre à la force de ses biceps mais, précise-t-elle : ‘’Il est plus fructueux pour moi d’avoir un client avec plusieurs vêtements à laver. Dans pareil cas, le prix est fixé par cuvette, alors qu’un article unique ne me rapporte quasiment rien’’.  

Si pour une serviette, par exemple, elle demande 300 francs CFA tout au plus, ‘’je lave une cuvette remplie de linge à 3 000 francs CFA’’, dit Aïssatou Ndione.

De nos jours, la technologie a bouleversé la pratique de beaucoup de métiers et créé de nouvelles habitudes chez les gens. 

Le travail de lingère ne fait, hélas, pas exception.

Selon plusieurs d’entre-elles interrogées par l’APS, ‘’l’apparition des blanchisseries automatiques et autres machines à laver, installées un peu partout à Dakar, a fait baisser (leur) chiffre d’affaires’’.

aps

Part.
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