De nombreux secteurs sont en franche ébullition à Tivaouane, à deux semaines de la célébration du Gamou annuel qui contribue à dynamiser les activités économiques dans la capitale sénégalaise de la Tidjania, centre de toutes les attractions à l’occasion de cet évènement annuel commémorant la naissance du prophète Mouhammed (PSL).
Le Gamou, bien que considéré comme une fête essentiellement religieuse, contribue à doper l’économie locale de cette cité religieuse, point de ralliement habituel de milliers de fidèles à l’occasion de cette manifestation.
Certains acteurs économiques, de l’immobilier au transport, en passant par les multiservices, commencent déjà à se frotter les mains, avec le début des bonnes affaires dans un contexte social tendu marqué par le renchérissement du coût de la vie.
Ces catégories professionnelles se trouvent généralement au cœur des préparatifs du Gamou qui rythment leur quotidien, à l’image du secteur de l’immobilier.
Le Gamou qui draine beaucoup de monde contribue à donner un coup de fouet au secteur de l’immobilier à Tivaouane. Les nombreuses maisons en réfection témoignent de ce dynamisme.
De nombreux propriétaires profitent de cet évènement pour retaper leurs maisons avant de les louer aux fidèles venus de partout passer le Gamou dans la cité de El Hadj Malick Sy, un des propagateurs de la Tidjanya au Sénégal.
« Alhamdoulilah, je viens de louer mes deux maisons en finition », confie Saliou Cissé, visiblement soulagé de voir l’organisation du Gamou reprendre après deux ans d’interruption en raison de contraintes sanitaires liées au nouveau coronavirus.
« Je ne pouvais pas renoncer aux avances intéressantes des pèlerins », dit-il, avant de rappeler, en le regrettant presque, qu’il n’avait cédé en location qu’une partie de son immeuble en 2019, dernière édition du Gamou avant l’apparition du Covid-19.
Cheikh Kane, un riche commerçant qui a ses habitudes à Tivaouane, est un de ces fidèles qui font prospérer ce business, lui qui ne rate jamais les débuts du « Bourde » dans la cité religieuse et trouve toujours le moyen de prendre une maison en location avec sa famille pour y résider le temps qu’il faut.
« Chaque année, je loue une maison pour toute ma famille. Dieu merci, depuis 2015, je loue la même maison pour bien passer mon séjour qui démarre le jour de l’ouverture du Bourde », souligne un haut fonctionnaire dans l’administration sénégalaise.
Il laisse entendre que ce business de la location de maisons pendant la période du Gamou fait vivre essentiellement les bailleurs et participe à rendre confortable le séjour des nombreuses familles qui se déplacent à Tivaouane pour y « assister à toutes les séances de Bourde », renseigne-t-il.
Une seule contrainte avec laquelle le locataire de circonstance doit faire : il doit s’engager à payer et à réparer tout dommage (vitre cassée, lavabo bouché ou porte défoncée) durant son séjour.
La mairie de Tivaouane n’est pas en reste pour profiter de cette opportunité, l’occasion d’engranger des recettes supplémentaires avec les mototaxis communément appelés « Jakarta », dont l’activité est en hausse au cours de cette période.
Les dernières statistiques faisant état de plus de 4000 « Jakarta » opérant dans la ville sainte de Tivaouane, il n’est pas difficile d’imaginer les importantes recettes sur lesquelles peuvent tabler les services de la mairie, chaque conducteur de moto devant débourser 6000 francs CFA pour disposer d’une plaque d’immatriculation.
De fait, depuis une semaine, c’est la ruée des conducteurs de « Jakarta » vers les services du Trésor pour s’acquitter de cette formalité.
Les conducteurs ne disposant pas de cette quittance seront tout simplement obligés d’immobiliser leurs motos.
Certains d’entre eux ne cachent cependant pas qu’il leur est difficile de sortir d’un seul coup 6000 francs CFA.
« Avec l’augmentation du prix du carburant, nous peinons sérieusement à rassembler 3000F par jour’’, explique Moustapha Diop un jeune « Jakarta Man » venu d’un village environnant de Tivaouane.
Cela veut dire que « pour payer les 6000F, nous sommes obligés de rouler à nos risques, avec l’inconvénient de vivre constamment sous la menace d’une mise en fourrière de nos motos » pendant quelques jours, conclut-il.
APS