Le Hizbut Tarqiyyah se décline comme une organisation forte, bien structurée, avec des membres aux convictions profondes allant du dévouement total à l’abandon de soi, dans le seul but de rencontrer l’agrément de Dieu, son Prophète (PSL) et Serigne Touba Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké.
Ce faisant, le mouvement passe pour être le « bras technique » de chaque khalife de Touba.
Serigne Atou Diagne (1951-2021), son responsable moral pendant plusieurs années, a joué un rôle central dans la prise de conscience d’une nécessaire modernité endogène au sein des confréries.
La naissance du Hizbut Tarqiyyah remonte à 1975. « En cette période de crise de valeurs et de perte de repères caractérisant la nouvelle vague d’intellectuels du pays, des étudiants ont éprouvé le besoin de s’identifier à une autorité charismatique qui incarnerait toutes les vertus aptes à les affranchir ».
« Ainsi, le discours que tenait le khalife général des mourides, Serigne Abdoul Ahad Mbacké, qui enseignait les valeurs culturelles de base de l’Islam, réhabilitées par Cheikh Ahmadou Bamba, avait fini par conquérir cette nouvelle vague de jeunes intellectuels », selon le site du mouvement.
A ses balbutiements, le mouvement, qui a vu le jour au campus universitaire Cheikh Anta Diop, s’appelait « Dahira des étudiants mourides ». C’est en 1992 que le défunt khalife Serigne Saliou Mbacké, à l’occasion de la ziarra du 19 janvier, lui donna le nom de « Hizbut Tarqiyyah ».
En langage décodé, cela signifie « la faction des gens dont l’ascension spirituelle auprès de Dieu se fait par la grâce et directement sous les auspices de leur maître, le serviteur du Prophète Khadimou Rassoul ».
Toutefois, c’est grâce à Serigne Abdoul Ahad que le mouvement a acquis ses lettres de noblesse dans la voie du mouridisme.
C’est sous son khalifat que le Hizbut Tarqiyyah se signala à travers ses membres qui commencèrent à arborer un accoutrement fait d’amples boubous, de longues écharpes enroulées autour du cou, le tout complété par le « Mahtoumé » (grosse amulette pendant sur la poitrine) et des babouches. Cet accoutrement fut baptisé Baye Lahad du nom du khalife.
Le Hizbut Tarqiyyah qui a connu diverses fortunes dans son évolution, a commencé à se massifier en sortant du cadre de l’université. Outre les étudiants, on y trouve des cadres et d’autres corps de métier. Les membres de ce mouvement, quelquefois mal compris, se sont résolument placés sous l’autorité du khalife pour ne répondre que de lui.
Ils sont très visibles pendant les grandes cérémonies du mouridisme dont le grand Magal de Touba lors duquel ses membres s’illustrent particulièrement dans la prise en charge de ses aspects culturel et cultuel.
Ils ont également la charge de recevoir, d’héberger et de restaurer les hôtes de marque de Touba. De même, dans la vulgarisation de la philosophie du mouridisme, ils ont créé beaucoup de supports médiatiques.
Malgré la place prépondérante qu’occupe le Hizbut Tarqiyyah dans la voie du mouridisme, des périodes sombres ont entaché le mouvement. Ce fut le cas en 1997 lorsqu’un malentendu opposa le responsable moral au fils du défunt khalife.
A cette époque, le mouvement reçut un rude coup et perdit de sa superbe aux yeux de plusieurs talibés qui ne pouvaient pas comprendre qu’un mouvement, quelle que soit sa force ou sa légitimité, puisse se permettre de braver l’autorité de la famille de Serigne Touba.
Cela conduisit à la création en 1998 du Hizbut Tarqiyyah de Darou Khoudoss. Une frange importante de ce mouvement avait même cherché à faire scission sous la conduite d’un de ses fondateurs, Thierno Ndoye.
Les frondeurs reprochaient au camp originel de Serigne Atou Diagne son autorité jugée trop pesante et son manque de concertation. Malgré ces moments difficiles, ce qui est souvent le cas dans les organisations de masse de cette taille, le Hizbut Tarqiyyah est toujours debout.
Les différents khalifes qui se sont succédé semblent être conscients de l’importance du rôle prépondérant que joue le mouvement dans le mouridisme.
Le Hizbut Tarqiyyah assure la présidence du conseil d’administration de l’hôpital Matlabul Fawzaini de Touba.
Le mouvement dépasse désormais les frontières du Sénégal et de l’Afrique. Il est représenté un peu partout dans le monde et dans les grandes capitales occidentales.
Depuis 2021, il est dirigé par Serigne Youssou Diop, qui a succédé à Serigne Atou Diagne, décédé au mois de janvier de la même année.
APS