Paradoxe sur la côte nord de Saint-Louis sur la plage entre Guet-Ndar et Santhiaba: là où le Premier ministre Ousmane Sonko lançait, en grande pompe, la deuxième journée de « Sétal Sunu Réew » le 6 juillet 2024, les ordures ont vite repris leurs droits.
Le contraste est saisissant. Sur le sable chaud de la plage, des jeunes tapent dans un ballon sous le regard distrait des passants. En toile de fond, un amoncellement d’ordures, mêlé de sacs plastiques, de bouteilles vides et de restes alimentaires, s’étale à perte de vue.
L’air est lourd, chargé d’une odeur nauséabonde.
« Et dire que c’est ici, sur cette même plage, au pied des maisons, que le Premier ministre Ousmane Sonko avait fait sa première sortie pour lancer la deuxième journée nationale de Sétal Sunu Réew », s’indigne Thierno Dicko, activiste bien connu à Saint-Louis.
Le 6 juillet 2024, la plage de Guet-Ndar avait été nettoyée dans un élan collectif inédit.
Le gouvernement, les forces de sécurité, les services de la SONAGED, des associations et des citoyens s’étaient donné rendez-vous pour participer à cette campagne de nettoiement à l’échelle nationale. L’événement, voulu mensuel par les nouvelles autorités, visait à impulser une culture de la propreté dans l’espace public.
Mais moins d’un an après, la désillusion est palpable.
« C’était surtout un effet d’annonce », regrette un riverain. « Depuis, plus rien n’a été fait ici. Les ordures sont revenues, comme si rien ne s’était passé », a-t-il. La plage, pourtant vitale pour les habitants de Guet-Ndar et de Santhiaba en particulier les pêcheurs est dans un état alarmant.
La mer y rejette régulièrement des déchets, mais l’absence de ramassage systématique et le manque de sensibilisation aggravent la situation.
Pour Souleymane Sall, la solution passe par une action régulière et une réelle implication communautaire. « Une journée par mois, ce n’est pas suffisant. Il faut des moyens, des suivis, des sanctions contre les dépôts sauvages. Et surtout, une vraie éducation environnementale », plaide t-il.
À Saint-Louis, ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO mais menacée par l’érosion et l’insalubrité, l’enjeu dépasse la simple propreté. Il touche à l’image du pays, à la santé publique et à la préservation d’un littoral fragile.
Entre espoirs déçus et volontés d’agir, les habitants attendent désormais des actes concrets pour que les plages ne soient plus de simples vitrines politiques, mais de véritables espaces de vie, sains et durables.
pressafrik