Encore une agression contre une femme journaliste ! Hier, c’était Absa Hann, aujourd’hui Maïmouna Ndour Faye. La patronne de 7TV a échappé à une tentative de meurtre. Il faut oser le dire. Ce qui s’est passé n’est pas une simple agression. La volonté de tuer est plus que perceptible dans la vidéo de l’attaque dont elle a fait l’objet. Elle a été largement partagée hier sur les réseaux sociaux.
On aurait pu se passer de ces images si l’on avait donné assez de crédit à ses appels. Depuis près de trois ans, elle a régulièrement dit à la télévision être victime de menaces de mort.
Peut-être qu’elle-même était habituée à toutes ces intimidations non suivies d’effets, qu’elle se disait que ce n’était que des vétilles.
Une enquête est ouverte et certains pensent qu’on ne devrait pas pointer du doigt ceux qui la menaçaient.
Oui, c’est hâtif, disent-ils ? Tout ceci pourrait être juste la résultante de la montée de l’insécurité au Sénégal, arguent-ils. Mais quand Alexeï Navalny est subitement décédé en prison, il y a quelques jours, ce n’est pas de façon ingénue que tous les regards se sont tournés vers Vladimir Poutine. Personne ne pense, à ce jour, que la mort de Navalny est naturelle.
Il était un opposant connu et qu’on a tenté d’empoisonner, il y a un plus d’un an.
MNF est une journaliste connue pour ses positions tranchées. Elle n’est pas une citoyenne ordinaire. Pour autant, on ne dit pas qu’elle ne peut pas être victime d’une simple agression. Mais à force de recevoir des menaces, il est normal que d’aucuns lient son agression à ces dernières.
À ceux qui pensent qu’en menaçant ou attaquant la presse vous arriverez à faire taire les femmes et hommes de médias, empêcher la pluralité des opinions, détrompez-vous.
Les journalistes jouent un rôle essentiel dans la démocratie en informant le public, en surveillant le pouvoir et en donnant une voix aux sans-voix. Lorsqu’ils sont intimidés, agressés ou réduits au silence, c’est la société dans son ensemble qui en pâtit.
Par conséquent, c’est à la société de se lever et de défendre la liberté de la presse.
Par ailleurs, cet attentat à la vie de MNF vient terriblement secouer les fondements de la liberté de la presse et de la démocratie au Sénégal. Il ne peut donc être vu ou simplement considéré comme un fait divers.
Il représente une attaque directe contre l’un des piliers fondamentaux de toute société démocratique : le droit à une presse libre et indépendante. Les autorités devraient être à même de créer les conditions qui permettraient aux professionnels des médias d’exercer en toute sécurité.
L’agression contre MNF doit être un catalyseur pour un engagement en faveur de la liberté de la presse et surtout de la sécurité des femmes journalistes.
Les attaques contre les femmes journalistes constituent un affront à nos valeurs les plus fondamentales de respect, d’égalité et de liberté.
En outre, ce qui arrive aux victimes ne peut être simplement considéré comme un acte isolé de violence, mais doit être compris dans le contexte plus large de la lutte pour l’égalité des genres et la reconnaissance du rôle vital des femmes dans les médias.
Nous sommes tous MNF.
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