Sixième adjoint au maire de la Ville de Pikine et ancien maire de la commune de Djeddah Thiaroye Kao, Alioune Badara Diouck, expert en décentralisation, pense qu’il faudra du temps pour que la problématique de la gestion des eaux usées domestiques soit prise en charge dans les quartiers précaires de la banlieue. Dans « Le Soleil », il indique que la cause est toute simple. Mais, elle requiert des investissements lourds.

L’État n’a pas les moyens de réaliser le tout-à-l’égout parce que cela coûte extrêmement cher. C’est l’avis de Alioune Badara Diouck, adjoint au maire de la Ville de Pikine. Selon lui, la meilleure solution, à l’heure actuelle, c’est de privilégier une meilleure éducation des populations tout en réfléchissant à un système de valorisation des eaux usées. À ce propos, il préconise de transformer en compost les déchets qui proviennent du poisson que les femmes utilisent pour préparer le célèbre « ceebu jën » (riz au poisson).

À l’en croire, même si l’État en a la volonté, la vérité est qu’il est très difficile, dans un département de Pikine où vivent cent vingt mille (120.000) ménages, de leur assurer un réseau d’égout. Il considère que le problème serait moindre s’il s’agissait des déchets solides que l’Unité de coordination des déchets (Ucg) est en train de prendre en charge. Selon l’expert en décentralisation, le département de Pikine dispose d’un territoire d’égout très faible.

« Je pense que seules trois à quatre communes ont un système d’égout. Si je prends l’exemple de la commune de Djeddah Thiaroye Kao, seuls trois quartiers présentent un réseau d’égout », souligne-t-il. Sa conviction est que le problème qui se pose avec la gestion des eaux usées domestiques, est lié à l’absence de déversoirs. Il se souvient qu’à Djeddah Thiaroye Kao, un projet de réalisation de puisards a été initié, mais la gestion de ces puisards était si catastrophique qu’ils étaient en quelque sorte devenus une bombe écologique.

« Même avec le Projet de modernisation des villes (Promovilles), poursuit-il, des puisards ont été réalisés. Malheureusement, c’est toujours l’éternel problème de gestion qui revenait ». M. Diouck est d’avis que la raison était simple : les populations déversaient n’importe comment leurs eaux usées domestiques dans les puisards qui, finalement, étaient devenus bouchés.

En terrain connu, Alioune Badara Diouck rappelle que les deux tiers de la banlieue ne sont pas urbanisés et que pour installer un réseau d’égout, il faut impérativement restructurer les zones d’habitation. « Déjà, la restructuration en tant que telle, coûte cher. Ajoutée aux investissements liés à l’aménagement d’un système d’assainissement, je ne crois pas que l’État ait les moyens de le faire. C’est pourquoi j’estime qu’il faut privilégier une meilleure éducation des ménages », conclut-il.

leral

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