Après la publication, le 6 mai dernier, de la liste des bateaux autorisés à pêcher dans les eaux sous juridiction sénégalaise par Dr Fatou Diouf, ministre des Pêches, des infrastructures maritimes et portuaires, l’Association pour la promotion et la responsabilisation des acteurs de la pêche artisanale maritime du Sénégal (Aprapam) applaudit des deux mains.
Elle demande toutefois aux autorités de faire toute la lumière sur les sociétés mixtes et s’assurer qu’elles opèrent de façon légale, transparente.
Les membres de l’Association pour la promotion et la responsabilisation des acteurs de la pêche artisanale maritime du Sénégal (Aprapam) souhaitent que la ministre des Pêches, des infrastructures maritimes et portuaires ne se limite pas à la publication des listes des navires autorisés à pêcher dans les eaux sénégalaises.
Ces acteurs de la pêche veulent que toute la lumière soit aussi faite sur les sociétés mixtes.
«Le combat pour la transparence dans la pêche ne fait que commencer. La ministre et son administration doivent faire toute la lumière sur les sociétés mixtes et s’assurer qu’elles opèrent de façon légale, transparente, qu’elles contribuent à l’économie du pays et ne portent pas préjudice à la pêche artisanale du Sénégal et des autres pays de la région dans lesquels ces bateaux opèrent», a déclaré le président de l’association.
Gaoussou Guèye craint que la pêche industrielle sénégalaise ne tombe entre les mains d’intérêts étrangers.
«Sur la liste publiée le 6 mai 2024, on voit que la plupart de ces bateaux ont, depuis 2020, bel et bien été immatriculés Sénégal. Le partenaire sénégalais a-t-il aujourd’hui plus de contrôle sur ces bateaux étrangers qu’il n’en avait en 2020 ? C’est peut-être probable.
Sous le couvert de ces sociétés mixtes, la pêche industrielle sénégalaise est entre les mains d’étrangers qui ne respectent pas nos réglementations.
Ainsi, la législation sénégalaise oblige tout bateau industriel sénégalais à embarquer un observateur à bord. Dans la plupart des cas, cette obligation est ignorée par ces bateaux.
Certains de ces chalutiers n’hésitent pas également à se cacher derrière le pavillon sénégalais pour profiter des protocoles de pêche négociés par le Sénégal avec notamment la Guinée-Bissau et le Liberia.
Ils profitent ainsi des ressources de pêche de ces pays, souvent en ne respectant pas non plus la législation en vigueur, au risque d’entacher les relations entre le Sénégal et ces voisins», s’offusque M. Guèye.
C’est pourquoi il encourage la ministre à recueillir, mais aussi à divulguer les informations sur les bénéficiaires effectifs.
«Ceux qui tirent les ficelles des sociétés mixtes sous lesquelles opèrent ces bateaux d’origine étrangère, ce sont les bénéficiaires effectifs, des entreprises et citoyens d’autres nationalités établis dans un pays étranger. En 2022, lors de la Conférence des ministres des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, un engagement a été pris par tous les pays présents dont le Sénégal.
Cet engagement stipule : «Prendre des mesures, en tant qu’Etat du pavillon ou Etat côtier, pour actualiser et mettre en œuvre la législation nationale afin d’exiger la déclaration des bénéficiaires effectifs ultimes des navires de pêche et des sociétés lors de l’attribution du pavillon ou de l’autorisation de pêcher, et la tenue d’un registre des propriétaires réels des navires de pêche au niveau national».»
Aujourd’hui, l’Aprapam insiste pour que l’audit de la flotte sénégalaise, promis depuis vingt ans, soit mené, et les résultats publiés.
A en croire Gaoussou Guèye, les données publiées montrent que ce problème existe aussi bien dans la pêche industrielle que dans la pêche artisanale, avec 17 449 permis de pêche délivrés à des pirogues.
lequotidien