La 2e édition du Festival Ouaga côté court vient de s’achever dans la capitale du Burkina Faso. La réalisatrice sénégalaise, Mamyto Nakamura, a présenté son court métrage «Au nom du sang», un film sur le viol.
Au nom du sang, le film de la sénégalaise Mamyto Nakamura a été projeté hors compétition à la deuxième édition du festival de court métrage Ouaga côté court qui s’est tenu du 18 au 25 novembre 2023 dans la capitale du Burkina Faso. La projection a été accueillie par le Centre pour le développement de la chorégraphie. Dans une salle qui a refusé du monde, le public, composé majoritairement de femmes, est resté pour participer au débat après la projection.
Le film tiré d’une histoire réelle, vécue par la réalisatrice dans sa propre famille, raconte le drame du viol dans une famille polygame où la victime est violée par son oncle à l’âge de 14 ans, le jour de la tabaski.
Même si dans la réalité cet oncle est toujours vivant, dans le film, il est assassiné par la maman de la victime alors même que l’ambulance emporte le corps de la petite sœur qui s’est suicidée durant la nuit dans la maison. Pour avoir aussi été victime d’un viol de la part de ce même oncle. Un personnage incarné par le très talentueux Matar Diouf. Lors des échanges avec la réalisatrice, des larmes ont abondamment coulé.
Des larmes versées par des femmes d’âges différents. Certaines, victimes de viol, d’autres parce qu’elles ont reçu des confidences de proches parents ou amies, devenues aujourd’hui des personnalités de l’espace public ou tout simplement des célébrités nationales burkinabè. C’est la raison pour la quelle aucun nom n’a été dévoilé. «Je camoufle cette souffrance au fond de moi depuis 20 ans», déclare une jeune fille victime de viol.
Si certaines ont pris leur courage a deux mains pour parler, d’autres sont restées sur place pour pleurer en tenant très fort la main de proches assis à leurs côtés.
D’autres par contre ont fui les débats pour s’asseoir à l’ombre des arbres et éviter ainsi de revivre ce traumatisme. D’ailleurs, des hommes mal à l’aise, se sentant même coupables de crimes qu’ils n’ont pas commis, ont rejoint ces dames dans le silence. Mireille, membre du jury du festival, a salué la présence de ces hommes, avant de demander leur implication dans la recherche de solutions définitives.
S’adressant à l’assistance masculine de la rencontre, Henry Guillabert du groupe Xalam a demandé que les hommes restent assez forts pour résister à la tentation et aux vices. «Nous avons nos vertus et nos valeurs humaines et culturelles à préserver», dit-il.
Quant à la présidente du jury du festival, la Béninoise, Carole Lokossou, elle a expliqué comment les associations féminines béninoises ont mené le combat pour obtenir une oreille attentive des autorités étatiques.
Aujourd’hui, grâce à des textes réglementaires, un homme dont le nom est cité dans une histoire de viol, peut se retrouver en prison au Benin, selon elle. Dans ses différentes prises de parole, la réalisatrice Mamyto Nakamura a largement expliqué le travail colossal d’assistance aux femmes que mène l’Association des juristes du Sénégal (Ajs).
lequotidien