De 1985, quand Youssou Ndour assurait la première partie du chanteur français Jacques Higelain, à la dernière édition du grand bal de Bercy en 2017, Cheikh Faye, un inconditionnel du roi du Mbalax, était régulièrement aux premières loges. L’Observateur a rencontré cet hôtelier de 57 ans qui croque la vie à belles dents.
« J’ai connu Youssou Ndour lorsqu’il faisait un clip dans ma boîte de nuit, le Nianing, qui était d’abord un restaurant. Je suis un super fan du roi du Mbalax. Même si, en tant que promoteur de spectacles, j’ai travaillé pratiquement avec tous les artistes sénégalais. Je peux citer, entre autres, Mapenda Seck dont je fus le manager. Sans parler de Coumba Gawlo Seck et de Zoula Mbengue, aujourd’hui décédé, dont j’ai aussi été le manager », campe, d’entrée de jeu, Cheikh Faye.
Celui qui a fait des études d’hôtellerie en France, avant de rentrer au Sénégal vers les années 90, de lever un coin du voile sur sa trajectoire : « Comme je gérais un restaurant, j’ai eu la chance de connaître le président de l’Assemblée nationale de l’époque, Abdou Khadre Cissokho, qui faisait partie de mes plus fidèles clients. Voyant mon travail acharné, il m’avait confié la restauration des députés. Lors de l’alternance en 2000, il y a eu une nouvelle et mon contrat a été résilié ».
Revenant sur la saga des grands bals de Bercy, Cheikh Faye se remémore de celui de 1985 quand Youssou Ndour était un invité, en Play Back, du chanteur français Jacques Higelain. « C’était en compagnie de Mory Kanté. À l’époque, je n’écoutais pas Youssou Ndour, encore moins le Mbalax. Disons que j’étais plutôt reggae. J’avais un professeur qui aimait bien Higelain et c’est lui qui m’a invité. D’ailleurs, les spectateurs étaient, pour l’essentiel, des Européens ».
Et d’enchaîner : « Quinze ans après ce show, en 2000, Youssou Ndour était revenu à Bercy en organisant lui-même le concert. Car, entre-temps, il a eu de l’expérience. Bien qu’étant de retour à Dakar, j’avais jugé nécessaire de faire le déplacement parce que son concert de 1985 m’avait vraiment impressionné. En ce moment, la fosse coûtait entre 25 et 30 euros. Par contre, on achetait les billets à Fnac et il n’y avait pas beaucoup de trafic ».
Un brin nostalgique, il évoque les particularités des différents grands bals de Bercy. Des prestations de Michael Soumah et Dj Boub’s, à celles de Gallo Thiello au sommet de son art, en passant par Fatou Laobé, Pape et Cheikh, Kiné Lam, Viviane… Quid des castings de Mbaye Dièye Faye au Thiossane qui ont permis de dénicher de talentueuses danseuses â l’image de la célèbre Ndèye Guèye ?
Cheikh Faye d’y aller d’un rappel historique qui vaut son pesant de décibels : « Ce qui m’a le plus marqué, c’est la façon dont Youssou Ndour arrivait à faire déplacer toute la crème musicale sénégalaise en France. Le premier Bercy était extraordinaire, car c’était une première en France de voir les Africains, notamment les Sénégalais qui étaient surtout habitués aux soirées, se retrouver dans un concert. La première fois qu’il avait chanté le morceau Immigré, nos compatriotes s’étaient lâchés comme pas possible ».
À propos de l’édition 2022 du grand bal de Bercy, Faye invite les organisateurs à convoyer à Paris -en lieu et place de la ribambelle de communicateurs traditionnels, à l’exception d’El Hadji Mansour Mbaye, « qui n’ont rien à faire là-bas, les danseurs qui portent les masques des Lions. « Je sais qu’ils ne vont pas aimer ma pensée, mais Youssou Ndour doit mettre les moyens pour un spectacle digne de son rang. Il doit également apporter de sérieuses corrections dans sa communication », tranche Cheikh Faye.
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