Le jury du festival du film de Berlin a récompensé samedi un documentaire abordant la douloureuse question des oeuvres d’art pillées en Afrique par les anciennes puissance coloniales.
Présidé pour la première fois par une actrice et réalisatrice noire – Lupita Nyongo est mexicano-kenyanne – le jury de la Berlinale a récompensé cette année Dahomey, un documentairequi aborde frontalement la question post-coloniale.
« En tant que Franco-Sénégalaise, cinéaste afrodescendante, j’ai choisi d’être de ceux qui refusent d’oublier, qui refusent l’amnésie comme méthode », a déclaré samedi soir la réalisatrice Mati Diop en recevant son Ours d’or.
La cinéaste en a profité pour aborder la crise politique qui secoue actuellement le Sénégal après l’annonce du report de l’élection présidentielle. « Je suis solidaire des Sénégalais qui se battent pour la démocratie et la justice », a-t-elle ajouté, avant d’afficher également sa « solidarité avec la Palestine ».
Dahomey raconte la restitution en novembre 2021 au Bénin de 26 œuvres pillées en 1892 par les troupes coloniales françaises.
Un mouvement amorcé ces cinq dernières années par les anciennes puissances occidentales, dont la France, l’Allemagne et la Belgique.
Mati Diop, fille d’un musicien sénégalais, Wasis Diop, et d’une mère travaillant dans l’art, qui est née et a grandi à Paris, a déjà remporté à Cannes en 2019 le Grand prix du festival pour son film Atlantique, la plus haute distinction après la Palme d’Or.
C’est aussi la deuxième fois que le festival de Berlin attribue la récompense suprême à un film africain (le Sud-Africain Mark Dornford-May avait été sacré en 2005 pour son film U-Carmen e-Khayelitsha.
Mati Diop succède au Français Nicolas Philibert, Ours d’or l’an dernier.
A noter qu’un autre Français s’est distingué à Berlin. Bruno Dumont a remporté le prix du jury pour _L’Empire,_sorti en salle mercredi dernier dans les salles françaises.
Notre correspondante à Berlin, Liv Stroud, a commenté la fin du festival de Berlin :
« Beaucoup ont été déçus que le film My Favorite Cake [un film dramatique iranien co-écrit et réalisé par Maryam Moqadam et Behtash Sanaeeh] et The Strangers’ Case [du réalisateur-activiste Brandt Andersen] n’aient pas reçu de prix.
L’année prochaine, nous assisterons à une réduction du nombre de films et à un nouveau festival. avec la nouvelle commissaire américaine,Tricia Tuttle, dont beaucoup espèrent qu’elle propulsera le festival du film pour rivaliser avec Cannes et Venise. »
euronews