Le Poste de santé de Cayar se meurt. Un état de fait que les acteurs de la santé justifient par une simple situation : «Depuis 2022, la structure n’a pas reçu le moindre sou des fonds de dotation annuels de cinq millions F Cfa de la municipalité, bloqués par le maire de la localité pour des raisons politiques.»
Aujourd’hui, «l’établissement sanitaire du village traditionnel des pêcheurs croule sous le poids d’énormes difficultés», s’offusquent les usagers, qui ont ainsi vigoureusement décrié «la cherté de la prise en charge des soins et un mauvais accueil réservé depuis longtemps aux malades, une situation entraînée quelque part par le refus de l’édile de la ville de libérer lesdits fonds».
Pourtant, selon l’Infirmier-chef de poste (Icp), Hamady Kâ, il existe bel et bien une niche de partenaires, avec la présence massive d’usines de pêche qui peuvent, à elles seules, prendre en charge toute cette problématique.
D’ailleurs, c’est pour atténuer l’impact de ces souffrances que les populations ont pris l’initiative de collecter des fonds ayant permis la mise à disposition d’un appareil d’échographie de dernière génération. Un grand ouf du côté des usagers du poste qui, depuis déjà un bon bout de temps, n’hésitent plus à parcourir plusieurs kilomètres, à bord de «taxis-clandos», pour aller se faire soigner au poste du village voisin.
Juste pour mesurer «l’état désastreux» dans lequel se trouve la structure et «les conditions presque inhumaines» dans lesquelles travaillent les blouses blanches de Cayar.
L’obstacle majeur, note l’Icp, «c’est le manque de logement». Par conséquent, l’infirmier habite chez lui, loin du poste, tout comme la sage-femme dont le logement est d’ailleurs pris en charge par le Comité de développement sanitaire (Cds).
«Ce qui pose d’énormes problèmes de prise en charge, notamment les urgences durant la nuit.» Il s’y ajoute que «le poste ne dispose pas d’ambulance pour l’évacuation des urgences vers les structures compétentes, notamment le Centre hospitalier régional El Hadji Amadou Sakhir Ndiéguène de Thiès ou à Dakar».
Le recours, note-t-il, «est fait aux taxis clandos, avec tous les risques que cela comporte».
A ces goulots d’étranglement, s’ajoute «une des priorités, la prise en charge salariale du personnel communautaire assurée sur la base des recettes issues des tickets, un réel problème». L’Icp interpelle, de ce point de vue, l’équipe municipale qui doit faire un effort supplémentaire dans ce sens, à travers un recrutement.
L’agent de santé en chef s’offusque surtout de «la situation déplorable du personnel qui se sacrifie tous les jours, alors que son gain mensuel se situe entre 15 et 25 mille F Cfa».
Et «c’est fort de ces constats que les populations, autour d’un Comité d’initiative échographie Cayar (Iec), ont pris l’initiative de lancer un téléthon, pour l’acquisition d’un appareil échographique de dernière génération avec 3 sondes, d’un coût de 6, 5 millions de F Cfa, en plus du relèvement du plateau technique de la structure sanitaire», se réjouit l’ancien maire de Cayar, Lamine Dramé.
Jusqu’ici, les populations allaient vers d’autres structures de santé, notamment à Thiès, une ville située à plus de 60 km, à Rufisque ou même Dakar, pour bénéficier d’examens échographiques.
Des actions d’autant plus importantes que la population de Cayar est passée de 14 mille vers les années 2003-2004, à plus de 31 mille habitants aujourd’hui.
Lequotidien