A la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières, le Vendredi 17 Mai, l’euphorie se lit sur tous les visages, la Société National des Télécommunications du Sénégal : l’opérateur historique des réseaux de notre pays va distribuer 160 milliards de dividendes sur un bénéfice net de plus de 330 milliards aux titres de l’exercice 2023.
C’est la première capitalisation boursière de la BRVM avec un chiffre d’affaires consolidé de plus de 1 600 milliards de FCFA dans les cinq pays ou l’opérateur sénégalais exerce ses activités, c’est le titre le plus actif à Abidjan.
Le Sénégal est la seconde économie de l’UEMOA avec 30 milliards de dollars US de PIB derrière la Côte d’ivoire qui approche 80 milliards de dollars, mais notre pays porte le titre phare de l’économie de notre sous-région avec l’opérateur des télécoms.
Malheureusement, c’est juste l’arbre qui cache la forêt, notre présence à la bourse d’Abidjan n’ a pas évolué depuis l’introduction en bourse de Sonatel en 1998, entre – temps il est vrai BOA Sénégal, filiale sénégalaise du groupe bancaire est aussi présent à la BRVM.
C’est le décor triste du secteur productif sénégalais sous – capitalisé, peu productif, au management tatillon – public comme prive’ – presque marginal face à la côte d’ivoire et même le Burkina Faso. Le Burkina Faso compte plus de sociétés présentes à la BRVM que le Sénégal, heureusement d’ailleurs que la BICIS à été rachetée in extremis par le groupe franco- sénégalais SUNU devant la convoitise agressive d’un tycoon burkinabé.
Un baroud d’honneur à l’actif de l’ex Président, aucune banque, aucune société d’assurance , aucune société de crédit, même Senelec, la SAR, PETROSEN n’ont osé franchir le rubicond , tant nos entreprises fonctionnement avec un logiciel d’une autre époque, et il y’a lieu de penser qu’il sera ainsi avec les premières vagues de nomination dans les entreprises publiques ou même les choix de certains directeurs généraux.
C’est vrai nous avons très peur de la transparence et de la rigueur qu’imposent la bourse et les marchés financiers.
Et pourtant c’est toute l’épargne de la sous – région qui est disponible pour permettre aux entreprises de financer leur développement et leur expansion.
Le Sénégal reste malheureusement une référence démocratique qui continue d’incuber la pauvreté avec plus de 54% de la population qui vit sous le seuil des minima sociaux selon les critères de la banque mondiale.
Notre économie ne crée ni richesse ni valeur ajoutée bien que nous sachions faire des élections et des alternances.
L’état reste le grand employeur avec plus 170 000 fonctionnaires, et après vous ne comptez aucune entreprise sénégalaise de plus de 5 000 emplois permanents même l’opérateur des télécoms avec son niveau effarant de chiffre d’affaires.
Notre structure productive est structurellement pauvre en capital humain et en capital financier, combinée au manque d’innovation et de management efficace, voici le lit de la pauvreté qui empêche l’éclosion d’une classe moyenne, c’est la quadrature du cercle.
La Caisse des Dépôts et des Consignations et le Fonds Souverain d’investissement stratégique, deux entités publiques de prise de participation dans les entreprises sénégalaises tardent jusqu’à présent à faire émerger de vrais champions nationaux d’envergure africaines comme la SIFCA ou la SMB de côte d’ivoire.
Petrosen doit être recapitalisé à hauteur des plus de 500 milliards, la SONACOS à hauteur de 100 milliards, la SAR à hauteur de 250 milliards etc.. sans oublier nos PME et PMI dont les besoins de financement annuels se chiffrent à plus de 700 milliards, malheureusement la CDC et le FONSIS fuient leur mission et responsabilités de bras techniques et financiers de l’état pour la restructuration et la recapitalisation de toutes ses entreprises du public, en lieu et place ces deux super – entités préfèrent la construction d’hôpitaux pour l’un et les programmes d’habitat pour l’autre dans un tâtonnement et une opacité totale.
C’est une confusion totale c’est tout l’ordonnancement économique de ce pays que l’ex régime a dévoyé et qui malheureusement risque de continuer voire même de perdurer pendant que 300 000 jeunes rejoignent chaque année le marché du travail dans un pays qui refuse les réformes, ou qui les repousse toujours à plus tard le cas échéant.
Notre économie ne produit ni emplois ni richesse depuis deux trois décennies, si vous y ajoutez la forte croissance démographique, c’est la fabrique de pauvreté qui s’accélère.
Où en sommes-nous avec la relance de la seule unité de fabrication de médicaments MEDIS ………… ? [1]
Même un financement correct du contenu local dans les hydrocarbures est problématique alors que nos ressources pétrolières et gazières surtout peuvent absorber annuellement 60 000 travailleurs dans la phase d’exploitation, ou encore plus durant les pics de production dans trois à cinq ans.
En attendant de connaître le contenu et les contours du nouveau schéma l’endogénéisation de l’économie promis, utilisons au moins la CDC et le FONSIS comme les fers de lance au profit des entreprises du secteur privé et public du Sénégal, en Côte d’Ivoire ivoire les entreprises privées génèrent 70% du PIB, ici chez nous c’est l’état et la dépense publique qui en génèrent 60% avec les grands travaux exécutés par les entreprises étrangères, en même temps la cause de notre surendettement.
Les importations de tout et en tout on remplace’ le tissu productif sénégalais, même le sucre s’importe en partie.
SI VOUS JOUEZ AVEC LE TRAVAIL, LA PAUVRETÉ JOUERA AVEC VOUS dixit Tchitembo Tchissafou , voici le vrai débat qui vaille…
MOUSTAPHA
DIAKHATE
Expert
Infrastructure et Politique Énergie
Actu-Economie