Un bâtiment flambant neuf attire les regards dans un quartier calme à Hann Maristes. Face à la recherche effrénée de logements, les sollicitations sont nombreuses. Le vigile les arrête tout de suite. « Le propriétaire n’a pas prévu de louer les appartements », dit-il, aux nombreux intéressés.
Alors que les travaux sont finis, des meubles installés, toujours pas l’ombre d’une famille. Ce n’est que des mois plus tard que le voile tombera. Il s’agit d’un immeuble R+3, répartis en chambres single et studios de différents modèles.
« Nous ne louons pas a des familles. C’est une sorte de résidence hôtelière », nous dit-il, sans donner plus de détails. C’est un courtier du coin qui nous en donne plus. Ablaye, nom d’emprunt, est actif dans le business depuis plus de dix ans. Selon lui, les habitudes ont changé. Les bailleurs ont trouvé une nouvelle formule qui rapporte beaucoup plus. « Imaginez une chambre climatisée avec salle de bain qu’on loue à 15 mille FCfa les deux heures ? C’est énormément d’argent. Les studios simples sont loués à 30 mille la journée. En une semaine, ils peuvent avoir trois fois plus que ce qu’ils pouvaient gagner en louant les appartements », explique-t-il.
Aujourd’hui, la rentabilité est telle que certains n’hésitent pas à s’y investir entièrement. Ass Djiby vit en Italie, après avoir acheté une maison qu’il a réfectionnée à la Cité Fadia, il l’avait d’abord louée à une famille. Mais, entre un très mauvais entretien, des problèmes de paiement, il a décidé de reprendre son bien et de le retaper. « Un ami m’a suggéré de la transformer en studio et de créer des salles de bains dans toutes les chambres. Au début, j’étais réticent, mais j’ai fini par me lancer. Non seulement je gagne trois ou quatre fois plus que ce que je gagnais, mais la maison est bien entretenue », dit celui, qui envisage d’étendre le business dans d’autres quartiers.
Aujourd’hui, pour se faire une idée de l’ampleur du business, il faut faire le tour des réseaux sociaux. Des annonces de chambres meublées y pullulent. Le tout dans la plus grande illégalité. En effet, les chambres meublés sont regis par l’article premier du décret de mars 2005, qui considère comme établissement d’hébergement touristique, les hôtels, les motels, les villages de vacance, les auberges, les campements villageois, les résidences hôtelières et les appartements meublés, malgré la plupart d’entre eux préfèrent se morfondre dans l’informel.
De hauts bonnets dans le créneau
A Hann Maristes, non loin de la Gendarmerie, deux grands immeubles surplombent le terrain de football. L’un est composé de chambres et d’appartements meublés. Même si le lieu est connu de tous, il n’obéit à aucune règle régissant le secteur. Il n’y a ni fiches pour identifier les clients encore moins de normes d’hygiène.
Là-bas, le chiffre d’affaires journalier peut rapidement atteindre 200 mille. En week-end, c’est tout le temps, nous confie un ancien gérant sous le couvert de l’anonymat. « C’est la propriété d’une grande autorité de ce pays. Je me rappelle un jour, la Police a débarqué nuitamment. Je l’ai appelé. En moins de dix minutes, les policiers ont reçu l’ordre de se replier. Depuis, je n’ai plus vu de trace de contrôleur. Il a même un autre immeuble dans le quartier », révèle-t-il. A la cité Fadia, deux immeubles font face au terrain basket.
Selon une source habitant le quartier, depuis plus d’un an, tous les locataires ont été priés de quitter les locaux. Le prétexte, c’était la réfection des bâtiments, dit-il. A la fin des travaux, il a changé de fusil d’épaule. « Il en a fait des chambres de passe et des appartements meublés. Au début, les résidents s’étaient mobilisés pour dénoncer cela. Parce que c’était devenu trop pervers. C’était trop flagrant. Quand nous sommes allés à la Police, on s’est tout de suite rendu compte que c’était un homme puissant qui était derrière. On se plaint mais on n’y peut rien », se désole-t-il.
leral
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