Après dix ans à la tête du Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle du Sénégal (Fopica), Abdoul Aziz Cissé passe le témoin à Aliou Kéba Badiane.
Le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle (Fopica) a un nouveau Secrétaire permanent. Aliou Kéba Badiane succède à Abdoul Aziz Cissé qui dirigeait la structure depuis sa mise en place en 2013. Il passe le témoin au désormais ancien directeur du Centre culturel Blaise Senghor de Dakar.
La passation de service a eu lieu ce mercredi au siège du Fopica, à la Maison de la culture Douta Seck.
Pendant ces dix dernières années, Abdoul Aziz Cissé a tenu la barre de ce dispositif majeur du cinéma sénégalais. Au fil des ans, l’exemple sénégalais a fait des émules et plusieurs pays s’en sont inspirés pour mettre en place leur propre fonds. Un exemple à parfaire d’ailleurs puisque depuis sa mise en place, le Fopica n’a tenu que deux commissions.
La première en 2014 et la deuxième en 2016. Créé en 2013 après une participation sénégalaise faste au Fespaco, la dernière commission du Fopica a livré ses résultats en 2017 au titre de la session 2016. Au total, 921 056 580 Cfa avaient été alloués à des projets de production, de distribution et de formation. Il avait été révélé par la suite qu’une partie des fonds avait été consacrée à l’organisation d’élections.
Et depuis 2021, le fonds a été porté à 2 milliards de francs Cfa par le Président Macky Sall.
Mais la 3e commission attend encore de pouvoir livrer ses résultats après un appel à candidatures lancé au courant de l’année 2023. Entretemps, des financements ont été accordés à différents projets dont ceux de Oumar Sy (Tirailleurs), Mati Diop (Atlantique) ou Ramata-Toulaye Sy (Banel et Adama).
Parfaire le système
Aliou Kéba Badiane prend les rênes de l’institution au moment où se pose la question du remboursement des financements accordés à des projets dans le cadre de ce que les autorités qualifient «d’avance sur recettes». Si la mise en place du Fopica est un pas important franchi par le cinéma sénégalais, son architecture institutionnelle reste encore à parfaire.
En effet, le Secrétariat permanent est placé sous la tutelle du directeur de la Cinématographie et ne bénéficie pas d’une très grande marge de manœuvre, notamment sur les fonds qui sont logés au Trésor public.
A ce niveau, l’heure est sans doute venue de réfléchir à une nouvelle façon d’alimenter le fonds, dans la mesure où l’avance sur recettes reste hypothétique dans un pays où la dizaine de nouvelles salles de cinéma viennent à peine de diffuser leurs premiers films sénégalais.
À côté des recettes issues des ventes de tickets de cinéma, il faudrait sans doute réfléchir à d’autres moyens de taxation pouvant alimenter le fonds, notamment celle des Gafam, comme beaucoup de pays occidentaux l’ont fait. Par ailleurs, le projet de Centre national du cinéma, qui devait parachever la réforme du cinéma sénégalais, est encore attendu.
lequotidien