Dans cet entretien , il revient sur cette mésaventure avec le producteur,  il fait un focus sur le  tournage du film et sur sa carrière.
Cheikh Ahmed Tidiane Sy, vous êtes le réalisateur du film ‘’Les Murs du Savoir’’. Nous avons entendu que vous aviez eu des problèmes avec l’un des  producteurs. Que s’est-il passé ?
 
Il s’est barré avec les sous tout simplement ! Je dirais que c’est le plus grand problème que j’ai eu à rencontrer jusqu’à présent. A la base, ça devait être une co-production France-Sénégal. Moi j’étais plus focus sur la réalisation avec un droit de regard sur les dépenses et les financements qui devaient m’aider à concrétiser le projet. Quand j’ai commencé à relever des incohérences par rapport à ce que  me disait le producteur qui est basé  au Sénégal, j’ai voulu avoir des réponses. Mais le producteur a coupé tout contact. Le pire, il est allé remettre le tout premier draft à un des partenaires. Il a présenté ce draft comme étant le film final. Et, ce partenaire a mis ce draft sur sa plateforme de diffusion de contenus. Maintenant, mes conseillers juridiques gèrent ce volet-là parce que pour moi, le plus important était de faire et terminer le film. Mais, puisque je suis devenu le seul producteur, j’ai dû tout payer de ma propre poche, parfois avec l’aide d’ amis. Pour y arriver, j’ai dû aller chercher du financement. C’est ainsi que le Fopica m’a subventionné et c’est grâce à ces fonds que le film a pu voir le jour. Pour cette raison, je remercie le Ministère de la Culture, Direction de la Cinématographie et le Fopica.
 
‘’Les Murs du Savoir’’  parlent des conditions difficiles des étudiants de l’Ucad. Qu’est-ce qui vous a poussé à faire ce film ?
 
J’ai été étudiant à l’UCAD (Université Cheikh Anta Diop de Dakar) tout d’abord, puis avec mon travail de vidéo-journaliste, j’ai pu visiter pas mal de pays en Afrique et surtout les campus pédagogiques et sociaux. C’est ainsi qu’est née l’idée de faire ce film. J’ai voulu raconter l’histoire de différents profils d’étudiants pour voir comment ils s’adaptent et vivent dans cette ‘’ville’’. 
 
Nous y voyons des profils différents. Sur quelle base avez-vous choisi vos personnages ?  
 
J’ai fait un casting à l’aveuglette. Pendant presque trois années, j’allais dans un pavillon et je choisissais une chambre au hasard, je sympathisais avec les occupants en prenant le thé. Les étudiants m’offraient l’opportunité de parler de mon projet de film et j’étais ouvert à toutes les questions. C’est comme ça que certains profils ont attiré mon attention. Il s’agit des quatre principaux personnages du film.
 
Comment avez-vous réussi à entrer dans l’intimité des étudiants ?
 
C’est la relation de confiance. D’une manière naturelle, des relations particulières se sont tissées. C’est d’ailleurs l’une des principales raisons pour lesquelles,  je n’ai pas filmé certaines scènes, comme par exemple, quand il y a eu des jets de pierres lors de la visite du Président de la République.
 
Est-ce que ça a été facile d’avoir l’aval des autorités pour filmer ?
 
L’obtention des autorisations n’a pas été trop difficile sincèrement. Il  a fallu quand même expliquer clairement la démarche et les objectifs. Le fait que le producteur avec qui j’avais démarré, le projet enseignait à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis a joué en ma faveur. Je remercie vraiment les autorités universitaires, le service culturel et surtout la sécurité du COUD avec qui des relations de fraternité se sont tissées.
 
Vous avez capté des images d’échauffourées entre grévistes et policiers. Est-ce par hasard ou vous aviez tout planifié pour ne pas rater un éventuel évènement ?  
 
Le tournage ne s’est pas fait d’un seul coup donc le chef opérateur caméra avait deux assistants qui devaient filmer certaines scènes si toutefois il avait un empêchement. Nous avons aussi sollicité des amis qui ont pris certaines images avec leurs cellulaires pour intégrer tout cela dans la narration.
 
Vous avez suivi vos personnages après la production du film. Aujourd’hui, qu’est-ce qu’ils sont devenus ?  
 
Les quatre personnages ont connu des fortunes diverses. L’une des jeunes femmes est aujourd’hui professeur d’EPS et elle s’est mariée. La seconde est en master 2 en économie. Le jeune étudiant rappeur a finalement abandonné l’université et vit de petits boulots. De son côté, l’étudiant photographe est devenu un photographe professionnel et il arrive qu’il travaille avec moi sur certains projets, mais le plus intéressant est qu’il va certainement soutenir sa thèse en anglais avant fin 2022 si tout se passe bien. Nous sommes devenus très proches à la fin du tournage : c’est une vraie famille.
 
Qu’est-ce qui vous a amené dans le cinéma ?
 
Je suis venu au cinéma par pure passion. Cette passion est née quand dans ma tendre jeunesse, je passais la plupart de mon temps à visionner des films. J’alternais entre l’école classique « française » et le daara ainsi avec mes amis talibés, on aimait se raconter les films que nous avions visionnés la veille dans certaines concessions du quartier. C’est ainsi que le désir de raconter des histoires à travers des films s’est installé dans ma tête jusqu’au jour d’aujourd’hui.
 
Parlez-nous de votre filmographie ?
 
Le premier film que j’ai réalisé est un court documentaire. C’était mon film de fin formation au Media Centre de Dakar. Il s’intitule ‘’Silence, on arrive’’, en 2005. Il traite du sort des réfugiés mauritaniens dans la vallée du fleuve Sénégal. Sorti en 2008, le second parle des lamantins du marigot Nawel, à Matam. Par la suite, j’ai réalisé ‘’Mbeubeuss, la ruée vers l’or’’ en 2011 qui parle de personnes qui vivent de l’économie des déchets à la décharge de Mbeubeuss. En 2020, j’ai fait le long métrage documentaire ‘’Les murs du savoir’’ tourné sur 4 années avec quatre portraits croisés d’étudiants de l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar.
 
seneweb
Part.

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