« N’est-il pas temps d’amorcer une science africaine de l’Etat et des institutions publiques que l’on peut désigner par l’expression de statologie (de status, Etat et logos, science) africaine ? ».
Telle est la question que s’est posé le camerounais Bipoun-Youm durant le colloque sur la problématique de l’Etat en Afrique Noire. Une question dont la réponse a beaucoup intéressé l’homme de science Cheikh Anta Diop. Ce dernier a, dans ses différentes productions, divulguer ce qui doit être la nature d’un Etat puissant pour ce 21ème siècle.
Parce que, pour cette ère cosmique, le choix entre l’éléphant ou l’herbe s’impose.
Dans une émission à la CTV au Cameroun, Cheikh Anta Diop laissait entendre : « j’ai la conviction que nos Etats nains géographiquement et démographiquement ne sont pas capables de faire face aux nécessités de l’ère cosmique. ».
La démographie et la géographie ont un rôle géopolitique particulier à jouer pour la puissance d’un Etat au 21 e siècle.
Les faits actuels du monde le prouvent entièrement. Cheikh Anta Diop a été un avant-gardiste pour le peuple africain. Il savait que nos micro-Etat hérités de la colonisation ne pourraient en aucun cas faire face aux défis de cette ère.
Dans Nations Nègres et Culture, l’homme de science écrit :
_il devient donc clair que c’est seulement l’existence d’Etats Africains indépendants fédérés au sein d’un Gouvernement central démocratique,
_des côtes libyques de la Méditerranée au cap de l’Océan Atlantique à l’Océan Indien,
_qui permettra aux Africains de s’épanouir pleinement et de donner toute leur mesure dans les différents domaines de la création,
_de se faire respecter – voire aimer- de tuer toutes les formes de paternalisme, de faire tourner une page de la philosophie, de faire progresser l’humanité en rendant possible une fraternisation entre les peuples qui deviendra alors d’autant plus facile qu’elle s’établira entre Etats indépendants au même degré et non plus entre dominants et dominés. ».
Il est donc clair que l’homme de science avait sonné l’alarme, quant aux Etats africains lilliputiens hérités de la colonisation qui sont congénitalement fragiles, stériles et incapables de répondre aux besoins de la majorité africaine. Pour Cheikh Anta Diop, il faut donc « cesser de tromper les masses par des rafistolages mineurs » et « faire basculer définitivement l’Afrique Noire sur la pente de son destin fédéral. ».
La statologie africaine devait, à cette époque et aujourd’hui aussi, éviter le risque de sud-américaniser le continent.
Le sous-continent sud-américain, en refusant d’adopter l’approche de Simone Bolivar, a vécu une « prolifération de petits Etats dictatoriaux sans liens organiques, éphémères, affligés d’une faiblesse chronique, gouvernés par la terreur à l’aide d’une police hypertrophiée, mais sous la domination économique de l’étranger, qui tirerait ainsi les ficelles à partir d’une simple ambassade. »
Aujourd’hui, l’Afrique, tout comme l’Amérique du Sud des siècles passés, fait face à une instabilité politique chronique.
Les Etats sont fragiles, ce qui justifie le fait que ces deux parties ont connu le plus grand nombre de coups d’Etat dans le monde. Malgré les interminables ressources dont la nature a dotées ces deux territoires, les aspirations les plus légitimes des masses restent sans réponses concrètes.
L’espoir n’y demeure pratiquement plus, les jeunes empruntent souvent des issues dangereuses pour une aventure meilleure.
Pourtant les messages salvateurs de l’Amérique du Sud et de l’Afrique ont été respectivement portés par Simone de Bolivar et Cheikh Anta Diop. La chance de l’Afrique, c’est d’avoir Les fondements Economiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique Noire. « C’est tout un programme ».
L’Afrique puissante ne pourra pas se passer de cette œuvre. Loin des objectifs mineurs et des théories développementalistes qui ont été à la base des combats africains depuis les indépendances inachevées : émergence, développement, lutte contre la pauvreté et le sous-développement, etc., Cheikh Anta Diop a jeté les bases de la statologie africaine. Une science africaine de l’Etat dont la réalisation lancera le processus qui mène vers une puissance africaine.
En ce 21 e siècle, soit on est puissant, soit on est à la merci des puissances.
Pas plus que ça. Comme l’a affirmé le Pr Théophile Obenga : « Quand les éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre… Le choix de l’Afrique est simple : devenir éléphant à son tour ou rester l’herbe d’un terrain vague de l’Histoire. ».
Tellement vrai que l’actualité nous montre une Afrique qui souffre économiquement d’une guerre qui se passe dans d’autres continents.
En affirmant que « nos Etats nains démographiquement et géographiquement ne sont pas capable de faire face aux nécessités de l’ère cosmique », Cheikh Anta montre que les Etats modernes dans ce monde de géant doivent être vastes démographiquement et géographiquement.
Des Etats qui seront capables de se défendre, de tendre progressivement vers la souveraineté.
Il est certain, et comme il l’affirmait : « Au siècle de la conquête de la lune et du système solaire, un continent qui ne peut assurer sa propre sécurité militaire, qui ne contrôle pas en particulier son espace atmosphérique et cosmique, n’est pas indépendant et ne peut pas se développer. »
Les illustrations ne manquent pas. Prenons par exemple les pays les plus peuplés du monde, à savoir la Chine et l’Inde. Ils sont, avec les USA, les actuelles puissances économiques de notre planète.
En plus, la « chine à elle seule fournit plus d’ingénieurs que tout l’occident réuni » pour paraphraser le camerounais Yamb Ntimba.
Dans les deux décennies à venir, l’Inde sera un sérieux prétendant pour être le pays le plus puissant du monde. Avec leurs populations de plus d’un milliard 400 millions de personnes, ces pays sont dotés d’une capacité de production inestimable, des ingénieurs dans plusieurs domaines, d’interminables cerveaux pour réfléchir, un marché puissant, …
Les Chinois à leur tour sont en train de conquérir le monde au même titre que leurs produits.
Ce qui assure une incommensurable course de capitaux vers la Chine. L’Inde aussi n’est pas en reste. Par ailleurs, les espaces économiques chinois et américains sont plus viables vue leurs superficies importantes qui dépassent les 9 millions de km². Ce qui n’est pas le cas pour l’Inde qui a une superficie de 3 287 590 km², malgré que le pays soit présentement le plus populaire au monde.
La Russie à elle seule fait 17 075 200 km² pour une population moyennant importante.
C’est aussi le cas du Canada qui, avec une superficie qui frôle les 10 millions de km² cherche toujours sa population. Nul donc ne songe à ignorer l’importance d’une vaste démographie réunie autour d’un Etat vaste géographiquement. C’est la condition sine qua none pour exister dans ce monde géant.
Kwamé Nkrumah donne un simple exemple : « Tout le monde peut prendre modèle sur les USA, en les comparant aux républiques sud-américaines balkanisées. ». Il est donc certain, comme l’affirme mon Professeur et Maître José Do Nascimento, qu’il « n’y a aucun dessein idéologique qui traverse l’œuvre de Cheikh Anta Diop ». C’est ce terrain scientifique qui a généré son approche avant-gardiste.
Déjà, dès 1952, il préconisait le repeuplement de l’Afrique.
Il savait ce que la forte démographie pourrait représenter dans un « Etat Africain puissant qui s’étendrait sur la quasi-totalité du continent, dont les frontières iraient de la Méditerranée libyque au Cap et de l’Océan Atlantique à l’Océan Indien. ». Cet Etat là, comme il le soutient, « aura à vendre sur le marché international ses produits en excédent et à y acheter ce dont il manque le plus, tout en évitant de subir la pression d’un monstre économique quelconque.
Considérant le degré de PUISSANCE qu’atteindra un tel Etat il ne dépendrait économiquement des autres qu’autant que ces derniers dépendraient de lui. ».
Cet Etat se servira de ces huit zones naturelles à vocation industrielle et tant d’autres pour rendre effectif un « schéma général d’industrialisation ». Il résoudra définitivement le problème du sahel, du sahara, de la RDC, … Les dés sont jetés… Ainsi, les occidentaux, conscients des atouts de la forte démographe africaine en gestation, essayent d’imposer une politique de limitation des naissances souvent au niveau macro, souvent par le biais des ruses de certaines ONG.
Celles ci passent par les propositions de méthodes contraceptives pour soi-disant espacer les naissances, avec souvent la participation d’organismes communautaires de base qui ignorent profondément les enjeux.
En vérité, ces pratiques sont faites à dessein.
Pourtant, nos mamans et grand-mères savaient espacer les naissances sans pour autant faire recours à ces méthodes contraceptives. L’histoire a donné raison à celui qui affirmait à propos des naissances que : « une bouche supplémentaire, c’est aussi deux bras de plus ».
Surtout, c’est un cerveau de plus pour réfléchir. Ainsi, la thèse malthusienne est erronée et dépassée par notre monde.
Quand on vous parle de forte démographie, rappelez-les que la population chinoise de 2022 est similaire à celle de toute l’Afrique réunie, alors que le continent africain est trois fois plus grand que la Chine.
Pareillement pour l’Inde qui est neuf fois plus petit que l’Afrique.
L’enjeu de l’heure exige une formation intense et abrégée pour des raisons d’efficiences. La compréhension des urgences a poussé l’homme à insister sur la « formation des cadres techniques ». Et comme il le chantait : « l’éducation doit réveiller le bâtisseur de Nation et le Génie Créateur qui dorment dans chaque africain ».
Et cet idéal « suppose une réforme qui mette l’accent sur la rationalité, sur les facultés créatrices de l’individu et sur l’indépendance intellectuelle. ».
C’est cette élite africaine formée qui aura « le devoir impérieux, inéluctable, de doter farouchement tout le continent, sans distinction de frontières politiques, d’une technique industrielle, seule garantie de la sécurité de vivre dans le monde atomique. ».
La plus grande richesse que peut se doter un pays est l’être humain.
Le but de la renaissance africaine, que T. Obenga définit comme étant « une dynamique politique » qui doit « embrasser librement et totalement la vision et le projet de l’Etat fédéral africain », est l’épanouissement du capital humain africain dans le plus grand respect de la dignité humaine.
Jean Marc Ela n’affirmait-t-il pas que « Cheikh Anta Diop n’est tourné vers le passé que parce que l’avenir de l’homme africain est sa préoccupation profonde. ».
C’est ce qui m’amène à dire qu’en prouvant d’une part la parenté linguistique et génétique entre l’Egypte ancienne et l’Afrique subsaharienne et d’autre part la parenté des langues africaines entre elles, Cheikh Anta Diop réconcilie les civilisations africaines avec l’Histoire. Il met ainsi en évidence et de manière irréfutable le « lien conducteur ».
La propulsion de cette vérité scientifique, de cette conscience historique africaine commune est indispensable pour assurer la cohésion dans un Etat fédéral africain.
Comme il l’affirme, « sans la conscience historique, les peuples ne peuvent pas être appelés à de grandes destinées. ». Dans civilisation ou Barbarie, il écrit : « Le facteur historique est le ciment culturel qui unit les éléments disparates d’un peuple pour en faire un tout, par le biais du sentiment de continuité historique vécu par l’ensemble de la collectivité (…)
L’essentiel pour le peuple, est de retrouver le fil conducteur qui le relie à son passé ancestral le plus lointain possible. ».
Alioune Diop nous dit : « une civilisation est une âme, une conscience, une foi. C’est une longue affinité entre des communautés et un terroir, une certaine connivence personnelle avec l’histoire, une identité politique. ».
L’Afrique, reconciliée avec ses civilisations, donc son âme, doit saisir ce ciment pour bâtir une puissance africaine.
Malgré toutes les opportunités qui se présentent à l’Afrique, le continent se contente des « rafistolages mineurs ». Les gouvernants africains répondent aux sommets des prédateurs en rangs dispersés. Chacun cherche sa part du gâteau africain, rembourré par des ressources incommensurables dont la nature a doté l’Afrique. Des sommets pays-continents qui font inlassablement l’affaire des puissants.
C’est toujours « l’herbe qui en souffre ».
De l’autre côté, l’Afrique postcoloniale n’a pas pris en compte cette vérité scientifique qui est valable même pour tout le monde : « l’organisation rationnelle des économies africaines ne peut pas précéder l’organisation politique de l’Afrique ». Les tentatives de mener jusqu’ici des intégrations africaines n’ont pas donné les fruits escomptés. L’OUA, limitée a été remplacée par l’UA.
Cette dernière est même souvent attaquée par les masses africaines éprises de justice sociale.
Plus de cinquante Etats réunis, incapables de poser des jalons pour le salut de l’Afrique. En ce 21 e siècle, il est impensable que le continent africain puisse connaitre plus de 600 millions d’africains qui n’ont pas accès à l’électricité. Les autres intégrations elles aussi ne convainquent pas.
Cette thèse est aussi valable pour les autres contrées du monde, notamment l’Amérique du Sud.
En effet, la communauté ANDINE souffre d’un faible taux de commerce à l’intérieur de la zone et le MERCOSUR voit le Paraguay et l’Uruguay souffrir de la supériorité du Brésil et de l’Argentine. Ainsi, la pertinence en 2008 de procéder à la création de l’UNASUR a vu, dix ans après, la décision de la moitié des pays à suspendre leurs participations.
Les projets de marché commun, même celui de l’UMA, peinent à se concrétiser un peu partout dans le monde.
L’intégration économique ne précède pas l’intégration politique. Les organismes internationaux eux aussi ne font qu’enfoncer la situation. Ils roulent pour des fins. La prolifération actuelle de l’émigration irrégulière est l’échec de cette théorie dite de mondialisation.
Elle demeure jusque-là « un conflit d’intérêts économiques et commerciaux » pour parler comme Obenga.
Un conflit où tous les pays faibles resteraient téléspectateurs. Pour éviter ce fait, Cheikh Anta Diop disait dès 1954 que dans un monde d’interdépendance, nous devons « éviter À TOUT PRIX de dépendre des autres plus qu’ils ne dépendent de nous, car il s’ensuivrait, automatiquement, des liens unilatéraux de colonisation et d’exploitation ».
Il est donc nécessaire et urgent de faire basculer l’Afrique sur la pente de son destin fédéral comme l’a préconisé l’homme de science, l’envoyé de dieu pour porter le message salvateur au peuple africain. L’œuvre de Cheikh Anta ouvre de manière scientifique et organisée les portes de la statologie africaine. Saisissons-la !
Ce n’est pas trop tard, mais il faut faire vite.
« L’Africain qui nous a compris est celui-là qui, après la lecture de nos ouvrages, aura senti naître en lui un autre homme, animé d’une conscience historique, un vrai Créateur, un Prométhée porteur d’une nouvelle civilisation et parfaitement conscient de ce que la terre entière doit à son génie ancestral dans tous les domaines de la science, de la culture et de la religion. » a-t-il écrit dans Civilisation ou Barbarie.
Cheikh Anta s’est énormément intéressé sur l’urgence de veiller à la construction de la personnalité de l’homme africain, de sa formation et à son « assimilation à la pensée scientifique moderne » .
Tout juste après la soutenance de sa thèse, il déclare : « Je vais rentrer définitivement en Afrique Noire dès la semaine prochaine. J’essaierai de contribuer à l’impulsion de la recherche scientifique, aussi bien dans le domaine des sciences humaines que dans le domaine des sciences exactes. » L’impulsion des sciences au sein des masses africaines demeurait une profonde préoccupation pour l’homme de science.
On peut même se permettre d’affirmer que sa citation la plus utilisée est la suivante : « formez-vous, armez-vous de sciences jusqu’aux dents. ».
Evidemment, la formation est la meilleure issue pour la construction de notre personnalité. Se former maintenant pour « être à l’avant-garde de la libération du continent » et s’évertuer à le verser sur la pente de son destin fédéral. Se former de manière encyclopédique, surtout en prenant repère sur lui.
Amady Ali Dieng dit de Cheikh : « il savait que le système est un tout. Et pour l’attaquer, il fallait le faire sous tous les plans ». D’où la quintessence de chercher énormément pour venir servir le continent dans la plus grande intégrité. En chacun de nous, dort « un colosse, un bâtisseur de nation ».
Réveillons ce colosse !
Nous devons donc sortir de l’attentisme parce que « les évènements ne s’accomplissent pas par la force des choses, mais parce qu’il existe des hommes qui agissent. ». Et s’emparer de ces deux réponses à la question de savoir quelles sont nos armes ? : « Organisation, organisation et toujours, organisation, sous toutes ses formes ». L’autre réponse c’est la « Discipline ».
Cet homme africain à construire doit « aspirer au triomphe de la notion d’espèce humaine dans les esprits et dans les consciences ».
Il doit « rééduquer sa perception de l’être humain, pour qu’elle se détache de l’apparence raciale et se polarise sur l’humain débarrassé de toutes coordonnées ethniques. ». Cet africain conscient « doit se dégager de tout préjugé ethnique et acquérir une nouvelle forme de vanité ». Il doit enfin éviter « de se livrer à des critiques religieuses ».
L’immensité de l’œuvre de Cheikh Anta Diop est un fait.
Cela a une seule justification : il est venu sur cette terre pour apporter le message salvateur au peuple africain. Beaucoup prennent des repères dans cette œuvre pour valider n’importe quelle thèse qui participerait au salut de l’homme africain. Par exemple, Amady Aly Dieng soutient qu’il « partage intégralement la vision économique de Cheikh Anta Diop ».
Marcien Towa s’en est lui aussi servi pour traiter La problématique de la philosophie en Afrique.
Léandre Serge Moyen l’utilise pour développer une Lecture juridique de la pensée de Cheikh Anta Diop ; l’auteur affirme quelque part que « le caractère encyclopédique de cette œuvre devrait militer en faveur d’un examen juridique sérieux des thèmes attachés à la science du droit que l’auteur a abordés (…)
Des concepts chers à Cheikh Anta Diop tels que la souveraineté, l’égalité, la solidarité, l’unité, le fédéralisme, etc, ont recueilli les suffrages des juristes. ». Le Pr Bienvenu Romuald Gobert de Relire le Droit International économique à la lumière de la problématique diopienne du développement de l’Afrique : De l’ordre colonial à la souveraineté d’un Etat fédéral.
Jean Marc Ela parle de L’honneur de penser.
Le Pr Boubacar Camara a cité l’homme de science trois fois dans son livre qui souhaite Construire le Sénégal du futur. Pour ne citer que ceux-là. Cheikh Anta Diop a 100 ans de vie ininterrompue. D’autres 100 ans sont en gestation. L’homme a, durant son séjour terreste, vaincu la mort.
Par Mamadou Faty TOP , étudiant-chercheur
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